PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

En région parisienne, « l’embourgeoisement » de certains quartiers conduit des collèges à sortir de ZEP, comme à Montreuil (Seine-Saint-Denis), au grand dam des parents d’élèves pour qui la perte des avantages liés au dispositif risque d’encourager la fuite vers le privé des enfants les plus favorisés.

Qui sortira de ZEP ? La ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem rend mercredi sa copie alors que la contestation de la réforme de l’éducation prioritaire est vive depuis trois semaines, notamment en Seine-Saint-Denis.

A en croire les derniers arbitrages, 18 collèges devraient rentrer et cinq sortir du dispositif dans ce département en lutte sur tous les fronts depuis la rentrée scolaire pour obtenir plus de moyens éducatifs. Un « rééquilibrage utile », selon Béatrice Gille, rectrice de l’académie de Créteil, qui regroupe Val-de-Marne, Seine-et-Marne et Seine-Saint-Denis.

« Le 93 a bénéficié d’une attention particulière, avec un solde positif de plus 13 réseaux » (collèges et écoles de leur secteur), plaide-t-elle. Pour expliquer les sorties, elle met en avant « la mobilité sociale » en petite couronne qui a entraîné « plus de mixité » au bénéfice des élèves.

A Montreuil, où un réseau entier est menacé, les parents d’élèves ne le voient pas de cet oeil-là. Refusant d’être considérés comme des « privilégiés », ils dénoncent une « logique comptable » qui ne tient pas compte de la réalité du terrain.

« C’est vrai que la sociologie du quartier a changé. En 1998, Voltaire était une des écoles les plus dures de Montreuil, et autour, il n’y avait que des squats », témoigne Jean-Pierre Batéjat, qui dirige depuis 19 ans l’école, rattachée au collège Paul-Eluard.

« L’embourgeoisement dans le Bas-Montreuil n’est pas contestable au regard des dernières statistiques disponibles: la part des +cadres et professions intellectuelles supérieures+ est de 31%, un pourcentage équivalent à celui du XXe arrondissement de Paris. Dans le reste de Montreuil, cette part tombe à 20% », souligne la sociologue Anaïs Collet.

Surnommé le « XXIe arrondissement de Paris », le Bas-Montreuil a vu s’installer depuis une dizaine d’années de nombreux intermittents du spectacle. Problème: ils sont traités par les statistiques scolaires comme des CSP+. Du coup, le collège du quartier ne répond plus aux critères requis pour être classé REP (Réseau d’éducation prioritaire, nouveau nom des ZEP).

« La fin de la mixité »

Pourtant, le revenu médian par famille reste modeste : 16.888 euros par an, soit 1.400 euros par mois. Et les prix de l’immobilier ont flambé pour atteindre 6.000 euros le m2.

« La mixité s’est étendue par les extrêmes, avec des familles qui ont de l’argent et d’autres qui sont en grande difficulté: des intermittents qui galèrent, des familles roumaines », constate Lionel Macé, un autre directeur d’école.

Une mixité sociale et culturelle dont l’école publique est à la fois le reflet et le garant. A Voltaire, un quart des élèves ne parlent pas français à la maison et 25 nationalités sont représentées.

Pour Sophie Decaudin, représentante des parents d’élèves, « si on sort de ZEP, ce sera la fin de la mixité ». « On va faire fuir les parents » des classes moyennes vers le privé, regrette cette élue FCPE.

Ce qui les attire à Paul-Eluard ? Le latin, le grec, les classes à horaires aménagés de musique (CHAM) ou bi-langue. Des options désormais en sursis.

Longtemps synonymes d’échec scolaire, les collèges classés ZEP sont aujourd’hui prisés pour leurs classes à effectifs allégés et leurs équipes stables.

« On a des gamins en décrochage scolaire, issus de familles débordées par les difficultés. Deux par classe, c’est gérable. Au-delà, non », témoigne Richard Galéra, prof d’histoire, qui craint un retour aux classes à 30.

Pour limiter les effets de seuil, le gouvernement a promis que les sortants seraient « accompagnés » pendant trois ans. Les moyens affectés seront maintenus, en particulier la prime que touchent les enseignants, assure la rectrice.

« Des soins palliatifs » pour les parents en colère, qui n’ont pas dit leur dernier mot. A l’appel de la FSU, principale fédération de l’éducation, des rassemblements sont prévus à Paris et partout en France.

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