PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Dossier : Liaisons – Accompagner les Passe-Ages

"Les ruptures sont nécessaires et même "assez normatives""

Faire circuler les principes éducatifs

Tirer les leçons du passé

Dossier : De la Famille à l’Ecole – Une passerelle sécurisante

Des rentrées progressives

Un bilan unanime

"Des partenaires pour la maternelle"Françoise CARRAUD, maître de conférence en sciences de l’éducation Université Lumière Lyon 2

Pour les enseignants de maternelle, que veut dire "travailler avec les parents ?"

Et avec d’autres partenaires ?

Que peut-on mettre en place pour rendre cette coopération efficace ?

CM2-6ème : Des Expériences Multiformes

Se connaître… et travailler ensemble ?

Dossier : De la maternelle au CP – GS : Une erreur d’aiguillage ?

"Un cadre et des ressources pour oser changer" Tania Zittoun, professeure de psychologie

Comment définir les transitions ?

Les transitions scolaires sont-elles spécifiques ?

Vous évoquez dans votre article trois dynamiques de transition. Pouvez-vous les préciser et les illustrer ?

Comment peut-on faciliter les transitions pour les élèves les plus fragiles : viser la continuité ou accompagner la rupture ?

En quoi les personnes et les objets peuvent-ils être des ressources ?

 

"UN CADRE ET DES RESSOURCES POUR OSER CHANGER " – Tania Zittoun, professeure de psychologie

Comment définir les transitions ?
 
D’un point de vue extérieur, ce sont des phénomènes objectifs de changement, de passage d’une institution à une autre par exemple. Mais si on se place du point de vue des personnes, la question est à quel moment vivent-elles des changements importants ? Parfois les choses varient de manière acceptable. Mais d’autres fois, les personnes constatent que des changements remettent en question ce qui allait de soi et appellent de nouvelles manières de faire et d’agir. La transition c’est le processus de changement qui suit cette rupture jusqu’à la construction d’un nouvel équilibre.
 
Les transitions scolaires sont-elles spécifiques ?
 
Elles sont assez normatives parce que du point de vue social, il est attendu qu’on les traverse à un moment ou à un autre. Elles demandent d’entrer dans un cadre social spécifique avec des règles et des modes de fonctionnement définis. Elles sont  souvent les premières grosses expériences de rupture vécues par les enfants. Enfin, l’environnement de l’enfant leur accorde une grande importance et en fait un enjeu particulier car les premières transitions peuvent conditionner les suivantes.
 
Vous évoquez dans votre article trois dynamiques de transition. Pouvez-vous les préciser et les illustrer ?
 
Nous avons identifié trois types de processus de changement qui sont dépendants l’un de l’autre. Ce sont les enjeux identitaires, ceux liés à l’apprentissage et ceux liés à la construction de sens. L’identité, c’est qui on est et comment on est perçu par les autres dans une sphère d’expérience donnée. L’entrée à l’école va demander aux enfants de manifester qu’ils ont bien une identité d’élève dans la classe et pour l’enseignant. Cela exige une transformation pour eux qui sont souvent reconnus pour d’autres raisons dans un autre milieu, par exemple le «roi» de la classe, bon en football en primaire qui va perdre cette reconnaissance au collège.
D’autre part, le changement est lié aux compétences demandées par le nouvel espace dans lequel l’enfant arrive : les connaissances scolaires, mais aussi les savoir-être, ce que je peux dire et faire dans ce nouveau lieu. Ces deux aspects sont très liés à l’école car si on ne maitrise pas certaines compétences on est très vite déconsidéré comme personne et inversement. Enfin le troisième aspect, c’est la question du sens que prennent les activités et les changements dans la trajectoire de la personne. Donner sens, c’est pouvoir lier l’expérience nouvelle et les sentiments qu’elle génère (la joie ou l’anxiété d’aller à l’école) avec ce qu’on faisait avant. Chez les plus grands c’est l’inscrire dans un projet, dans une temporalité.
 
Comment peut-on faciliter les transitions pour les élèves les plus fragiles : viser la continuité ou accompagner la rupture ?
 
L’équilibre est très fin à trouver car en effet, il faut maintenir une forme de continuité sur un des aspects du processus.
Il faut trouver le fil qui ne change pas car si les trois aspects sont remis en question c’est très difficile. Mais il faut aussi que l’enfant développe de nouvelles manières de faire et de penser. Pour que ce changement soit possible, il faut un minimum de confiance et de sécurité. Il faut qu’on ose changer. Ce qui semble favoriser cela, c’est un cadre sécurisant : l’aménagement du temps, de l’espace, des relations. Cela peut être le rôle des dispositifs passerelle.
 
En quoi les personnes et les objets peuvent-ils être des ressources ?
 
Le cadre ne suffit pas. Les personnes doivent accompagner le changement. Les enseignants vont bien sûr le faire au niveau des apprentissages mais également dans les autres domaines, les personnels de l’éducation spécialisée aussi.
Amener les parents à l’école pour participer aux transformations que vont vivre leurs enfants me semble également positif.
Le travail d’équipe des différents partenaires est très important. Cette équipe médiatrice peut construire une vison plus complète des élèves, relier les différentes sphères d’expérience, anticiper les transitions à venir en donnant aux enfants une idée du futur. Enfin les objets matériels (le doudou) ou symboliques (un livre, un film, une chanson) ont aussi un rôle à jouer.

 

 

Print Friendly

Répondre