PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Savoirs – Numéro 34 – Note de synthèse – 2014 :

Accéder au site source de notre article.


revue Savoirs couverture n34

Table des matières

Éditorial – Pierre Caspar
Note de synthèse
Jean-Pierre Bouchez, Autour de « L’économie du savoir » : ses composantes, ses dynamiques et ses enjeux
Articles de recherche
• Corinne Baujard, Savoir(s) et apprentissage : comment apprécier l’intelligence organisationnelle ?
• Claire Duchesne et Nathalie Gagnon, Des stratégies pour le développement et le maintien du sentiment d’efficacité personnelle en tant que formateurs d’adultes
Notes de lecture

– Claude Dubar (en collaboration avec Vanilda Paiva et Alvino Andrade Macuxi) (2012). Le secret d’Alvino : récits de vie d’un Indien du Brésil
– OCDE (2010). Comment apprend-on ? La recherche au service de la pratique
– Véronique Bedin et Laurent Talbot (dir.) (2012). Les points aveugles dans l’évaluation des dispositifs d’éducation ou de formation
– Dominique Kern (dir.) (2013). Formation et vieillissement. Apprendre à se former après 50 ans : quels enjeux et quelles pertinences ?
Vie de la recherche
Les thèses en formation d’adultes

Auteurs dans ce numéro : Jean-Pierre BOUCHEZ, Corinne BAUJARD, Claire DUCHESNE, Nathalie GAGNON

Éditorial

Times are changing…
Au commencement, nous avons pris conscience du développement d’une nouvelle culture susceptible de changer profondément nos façons de penser, de travailler et de vivre. « Une société de l’information » en est née. Nous avons ensuite vécu l’émergence d’une « société cognitive », considérée par l’Union Européenne comme une façon de faire face à la mondialisation, à l’accélération foudroyante des apports des sciences et des technologies, à la multiplication des réseaux et à l’apparition d’apprentissages autonomes. Nos propres rapports avec les savoirs, leur création et leurs usages ont changé au point d’imaginer une nouvelle société, la « société de la connaissance ». C’est une généreuse utopie européenne, une société « ouverte en permanence et en tous lieux, à tous et à tous les savoirs » ; y compris « les savoirs en miettes » que la rapidité du numérique nous laissait croire en faire partie. Une utopie aide à vivre. Celle-ci a joué au sein de l’Union un grand rôle, souvent sous- estimé. Mais les objectifs et les valeurs ont beaucoup changé lorsque cette société a été transformée entre « une économie de la connaissance » voulue la « plus compétitive au monde ». Il suffirait d’y ajouter la financiarisation à tous niveaux pour construire et devenir une « économie du savoir », voire une « économie fondée sur le savoir ».

Le savoir à portée de la main ? À maints égards nous y sommes, comme nous ne l’avons jamais été. Mais aujourd’hui les mains sont pleines de bien d’autres éléments, de bien d’autres visions que nous allons retrouver dans ce numéro 34.
Il n’est bien sûr pas question de tenter ici une synthèse de la « note de synthèse » et des textes qui la suivent. Nous allons très vite étudier et com- prendre les composantes de l’économie du savoir (savoir, finances, techno- logie de l’intellect et territoire). Puis leurs liaisons interactives qui constituent la dynamique du système.
En revanche face à l’amplitude et à la complexité de cette analyse, nous pouvons nous demander ce qui peut avoir un impact direct sur nous ; en particulier lorsque ‘on exerce les « métiers du savoir » chers à Jean Pierre Bouchez. En voici simplement trois exemples :

  • – Comme il est dit dans la note, la marchandisation et la privation du savoir qui vont croissant et tous les gains ou appropriations que l’on 7peut faire en retour, constituent aujourd’hui le plus grand des « risques associés ». L’acquisition financière, officielle ou occulte, de brevets ou de droits de propriété, la valorisation des actifs incorporels, ou encore leur mise sous monopole en font partie aux fins de ce qui devient une économie de marché. Sur un autre plan, la quête ou le rapt des savoirs et de celles et ceux qui le détiennent, peuvent conduire à des profits beau- coup plus rapides et beaucoup plus conséquents que ceux qu’apportent les organismes de recherche. Les savoirs stratégiques et les personnes qui les portent, se vendent, s’échangent et s’achètent. Parfois tous les moyens sont bons.
  • – L’accès aux savoirs, la capacité de les construire et d’en faire usage soulèvent un lourd problème, de l’ordre de l’équité et des rapports de pouvoir. Les ressources énergétiques, financières et logistiques, le degré d’éducation n’en sont pas les seules variables ; des choix politiques délibérés peuvent jouer un rôle de restriction au niveau de tout un pays.
  • – Reste à vérifier ce que l’on met réellement dans un « savoir ». Car la majorité des éléments obtenus sur le web sont des données ou des informations ; ou un fatras de références quasiment inexploitables faute de savoir les mettre en ordre, les structurer, les prioriser pour leur donner du sens face à ce que l’on recherche et à ce que l’on est. Dans l’esprit des externalités de connaissances évoquées par JP Bouchez, il y a une extériorité du savoir. C’est une extraction d’un gisement d’informations. C’est aussi le temps passé à la cerner, à l’analyser, à la construire. Le savoir n’est pas le résultat d’un clic, c’est avant tout une pensée.

C’est aussi dans cette partie invisible de l’économie du savoir, dans cette société de l’immédiateté et des rapports constants entre savoirs et pouvoir que nous vivons. Il nous reste souvent à apprendre à y naviguer et à s’y protéger.

Print Friendly

Répondre