PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Les rapports se multiplient ; le constat demeure. L’école française reste fortement inégalitaire. Un récent rapport de la Fondation allemande Bertelsmann vient encore illustrer cette situation : la France se classe dans les toutes dernières positions concernant l’influence de l’origine sociale sur la réussite scolaire. Comment gérer l’hétérogénéité des élèves, que ce soit entre les établissements et au sein même des établissements ? A travers cette note, Terra Nova poursuit ses réflexions sur un système éducatif enfin apte à lutter contre l’échec scolaire.

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Synthèse

L’école française, derrière des résultats d’ensemble assez moyens, se révèle parmi les plus inégalitaires des pays développés, celle où l’origine sociale des élèves influe le plus sur leurs résultats scolaires. Elle produit un nombre important d’élèves en grand échec scolaire et, alors que son fonctionnement est élitiste, s’avère incapable de former une élite suffisamment fournie. La France a certes réussi en plus d’un siècle à massifier l’accès à l’école mais elle peine à répondre au défi de la démocratisation, qui consisterait à donner un égal accès à tous à la réussite scolaire.

Pourtant, des pays économiquement comparables au nôtre y parviennent. Ils forment une élite plus large tout en réduisant fortement le nombre de leurs élèves en grand échec scolaire. Ils diminuent aussi la corrélation entre origine sociale et réussite scolaire. Or les études comparatives établissent que la justice d’un système est la condition de sa performance, et ceci à tous les niveaux. De même, la mixité sociale de ses établissements et de ses classes est, avec la continuité du parcours scolaire, une condition essentielle de cette justice.
Une précédente note de Terra Nova sur l’école commune s’étant penchée sur la question de la continuité du parcours du CP à la Troisième, ce travail se propose d’étudier la question de la gestion de l’hétérogénéité des élèves dans les établissements et les classes, dans la perspective de leur meilleure réussite. Là est en effet le point faible de notre système éducatif. Comment faire réussir le plus grand nombre et réduire l’échec scolaire tout en permettant l’émergence d’une élite conséquente ? Ce sont les questions que se posent au quotidien tous les acteurs de l’éducation, professeurs, assistants d’éducation, assistants pédagogiques, chefs d’établissements, directeurs d’école, inspecteurs, recteurs. Il est urgent d’y répondre. Dans le cas contraire, nous laisserions s’installer un déterminisme insidieux ainsi que l’idée, parfois partagée mais inexacte, que tout a été fait ou expérimenté.
Il existe d’autres alternatives que le retour à l’école d’un passé fantasmé. Loin de solutions simplistes, comme une orientation précoce par exemple à la fin de la 5ème, la gestion de l’hétérogénéité est un sujet complexe qui gagnerait à être démocratisé. L’opinion doit s’en saisir. Il en va de l’avenir de nos enfants.

Cette note n’abordera pas la question des programmes, de la formation des enseignants et des cadres, du partage des tâches entre école et familles et de l’orientation. L’analyse et les propositions qui suivent sont développées en trois parties : tout d’abord, une étude comparative des différents modèles existants de gestion de l’hétérogénéité des élèves entre les établissements scolaires et au sein même des établissements ; ensuite, une approche des modes de gestion internes aux classes et aux établissements en France qui se penche sur la pédagogie, la psycho-cognition et la corrélation entre bien-être à l’école et réussite scolaire ; et enfin un regard sur le pilotage de réformes appropriées dans ces différents domaines.

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