PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Terme relativement récent appartenant plutôt au vocabulaire de la psychologie, et plus précisément de la psychopathologie et qui fait depuis peu l’objet d’une attention particulière dans la recherche en éducation, P. Boumard, 1999.

Choisit-on de devenir délinquant? Peut-on y faire « carrière» et passer sa vie entière dans la délinquance? « La conception normative de la déviance postule l’existence d’un consensus social minimal autour d’un système de règles reconnues comme légitimes … Aucune conduite n’est déviante en soi, c’est la signification qu’on lui prête en fonction de critères normatifs individuels et sociaux qui lui confère ce caractère. Par les réactions qu’elle suscite, la déviance est source d’ajustements et de changements psychosociaux », J. Selosse, 1998. Pour G. Lapassade, 1996, la déviance se situe dans le cadre d’une microsociologie de l’école. C.Andréo, 2005, rapporte le problème de la déviance scolaire à celui du contrôle social et du maintien de l’ordre scolaire.

Selon l’approche interactionniste, en particulier celle de H.S. Becker, 1963, est socialement déviant, celui qui est catégorisé comme tel par rapport aux normes en vigueur. Or au sein d’une même société, plusieurs systèmes de normes explicites et implicites peuvent coexister. La déviance est alors considérée comme « le produit d’une transaction effectuée entre un groupe social et un individu qui, aux yeux du groupe, a transgressé une norme». De ce point de vue, on peut envisager quatre types de positionnements possibles pour un individu sur la scène sociale: le conforme, le pleinement déviant, l’accusé à tort, et, enfin le secrètement déviant. La déviance est solidaire de la norme comme de la visibilité. La visibilité sociale, terme employé par J.M. Monteil, 1990, est une quête partagée par chacun de nous pour exister aux yeux des autres. Exister, c’est aussi s’écarter de la norme, peu importe le sens de l’écart. La différenciation prend alors des formes positives ou négatives.

Être désigné(e) comme déviant(e) entraîne une modification du comportement de la personne étiquetée et pour elle, le respect de certaines normes peut devenir difficile. Si l’on admet que la déviance est une construction sociale, alors on s’attachera à préciser les conditions qui concourent à produire le phénomène. Plusieurs paramètres interviennent: le degré d’intégration, les rapports de force, les dispositions statutaires, le contexte spatio-temporel, la prégnance des médias, la présence ou non des conflits de culture … Dans le cas de la délinquance en particulier, F. Digneffe, 1989 considère la délinquance comme un mode de gestion de sa vie. Le criminologue canadien, M. Cusson,2006, va plus loin et avance l’hypothèse selon laquelle la délinquance doit être vue comme un choix de vie, car le délinquant adopte le raisonnement selon lequel violer la loi lui apporte plus d’avantages que d’inconvénients. Avec l’âge, le calcul coût/bénéfice s’inverse …

En quoi les institutions scolaires sont-elles productrices de la déviance? L’analyse du fonctionnement du conseil de classe par exemple, P. Boumard, 1997, nous amène à percevoir la réalité sous l’angle des interactions sociales, et à déconstruire une conception normative de l’ordre social, ou tout au moins des systèmes normés, comme l’école. Dans son étude sociologique de la déviance des jeunes des classes populaires, G. Mauger, 2007, distingue les « loubards» des années 1970, qui se définissaient euxmêmes par leur appartenance aux classes populaires et accédaient sans trop de difficultés au marché du travail (ils étaient apprentis ou ouvriers, quelquefois employés, rarement chômeurs), des jeunes des cités, d’abord identifiés par leurs origines « ethnico- religieuses», relégués dans des « quartiers sensibles» et plus ou moins investis dans l’économie souterraine. On observe depuis une génération, des mutations de la « culture de la rue» même si la fraction la plus démunie des jeunes des cités entretient, comme les loubards, le culte de la virilité». L’orientation et l’autoélimination scolaires précoces des loubards ont fait place à la disqualification, aux violences scolaires, à la déscolarisation des jeunes des cités ». La disqualification scolaire, professionnelle est aussi symbolique (juridique, morale, culturelle et « ethnico-religieuse »). L’extension de la délinquance (les émeutes de novembre 2005) liée à une forme de « précariat» renvoie à la « nouvelle question sociale ».

 

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