PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Si la ségrégation sociale est plus forte dans les zones urbaines que dans les zones rurales, c’est essentiellement dans la constitution des classes au sein de chaque établissement que se construit la ségrégation scolaire.

On a entendu samedi dernier un ancien président de la République, opposer « l’école médiocre » que va devenir le collège en 2016 après l’actuelle « réforme désastreuse, peut-être irréversible, pour la République », à « l’école exigeante » dans laquelle se reconnaissent les républicains. Il a accusé l’actuelle majorité d’avoir « construit l’école de l’injustice au nom de l’égalitarisme».

Dans la même semaine, M. Sarkozy avait pu prendre connaissance des résultats préliminaires d’une étude que publiera dans son rapport le conseil national d’évaluation du système scolaire (CNESCO), étude portant sur « mixité sociale et scolaire, ségrégation inter et intra établissement dans les collèges et lycées français».

« L’école de l’injustice » n’a certainement pas attendu l’actuel quinquennat pour s’installer dans le paysage français. L’étude constate en effet qu’«en France, les collégiens et lycéens d’origine aisée comptent en moyenne dans leur classe deux fois plus de camarades également d’origine aisée que les élèves des classes moyennes et populaires. De même, les meilleurs élèves comptent en moyenne deux fois plus de camarades d’un niveau équivalent au leur que les autres élèves ». Et elle pointe l’enjeu politique de cet état de fait : «Ces chiffres, qui résument la situation de ségrégation sociale et scolaire de l’enseignement secondaire français, sont inquiétants à deux titres : les différences d’environnements en fonction de l’origine sociale ou du niveau scolaire sont susceptibles d’aggraver les inégalités scolaires ; de plus, cet «entre-soi» est un obstacle à l’apprentissage de la citoyenneté et du vivre-ensemble».

L’intérêt de cette étude est multiple.

D’une part, elle porte sur l’ensemble du territoire français et sur l’ensemble du second degré de l’enseignement scolaire. D’autre part, elle permet de mesurer à la fois la ségrégation sociale, à partir de la catégorie socio-professionnelle (CSP) des parents, et la ségrégation scolaire, à partir des résultats obtenus au diplôme national du brevet. Enfin, elle met à jour la manière dont cette double ségrégation s’exerce entre les établissements et en leur sein même. Si la ségrégation scolaire est faible entre les collèges, elle est forte entre les lycées. Si la ségrégation sociale est plus forte dans les zones urbaines que dans les zones rurales, c’est essentiellement dans la constitution des classes au sein de chaque établissement que se construit la ségrégation scolaire.

Il est donc clair que « l’école de l’injustice » est une réalité depuis bien longtemps, et que le « désastre irrémédiable » n’est pas devant nous mais s’accomplit à bas bruit depuis des décennies. Lorsque l’ancien président se présente en rempart de l’école de la République, est-ce ce type d’école qu’il voudrait à tout prix maintenir et promouvoir avec son nouveau parti ? Dans ce cas, Les Républicains qu’il dirige rendraient un mauvais service à la République.

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