PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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LE PLUS. Avec le gouvernement, Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, veut rendre l’éducation prioritaire plus attractive pour les enseignants et plus efficace. Dès la rentrée 2014, des mesures seront expérimentées. Pour notre contributeur, Olivier Caremelle, élu PS, c’est enfin une bonne nouvelle.

                                                                                                                                                                      150.000 élèves sortent chaque année du système scolaire

Plus de 30 ans après sa création en 1981 par François Mitterrand, l’éducation prioritaire a subi bien des intempéries au gré des changements de caps et des alternances politiques.

 D’Alain Savary à Luc Chatel, l’éducation prioritaire a, pendant longtemps, été un objet non identifié obtenant peu de moyens véritables pour espérer lutter efficacement contre l’échec scolaire et sa concentration dans des territoires ségrégués.

 Ainsi plus de 2.000 écoles et près de 300 collèges étaient inscrits à la rentrée 2013 au programme Éclair et plus de 4.500 écoles et 780 collèges dans les réseaux de réussite éducative soit au total 18% des écoliers et 20% des collégiens.

 Si les zones d’éducation prioritaire devaient donner « plus à ceux qui avaient le moins« , les ZEP sont devenues, lentement et sûrement, des zones d’exclusion programmée dans lesquelles se mêlent les inégalités scolaires et sociales, amplifiées comme le démontrent toutes les enquêtes.

 150.000 élèves sortent de nos jours du système éducatif sans qualification et diplôme formant les premiers bataillons des jeunes exclus du travail et subissant sur le long terme la sanction de leur échec à l’école.

 Les exclus de l’intérieur

 Cet échec individuel est pourtant aussi celui du système éducatif qui n’a pu prendre en compte la situation personnelle des jeunes, laissant peu à peu se reproduire et s’amplifier les inégalités à l’intérieur de l’école. Cet échec est aussi celui de notre école fabriquant « les exclus de l’intérieur ».

 La volonté aujourd’hui de Vincent Peillon et du gouvernement de relancer, sur le long terme, l’éducation prioritaire est assurément une bonne nouvelle alors que le creusement des inégalités scolaires sur nos territoires s’est accentué depuis 10 ans notamment dans les zones très urbaines.

 L’enquête PISA publiée en décembre 2013 rappelait sans ambages la réalité de notre système éducatif : les élèves de l’éducation prioritaire, fruit du déterminisme, obtiennent de moins bons résultats que les autres et cette inégalité a eu tendance à s’aggraver.

 Ramener à 10% les écarts de réussite scolaire

 Expérimentée dès la rentrée 2014 sur une centaine de réseaux (REP+), la réforme de l’éducation prioritaire se déploiera à la rentrée 2015 dans un millier de réseaux dont 350 regrouperont les situations les plus difficiles.

 L’objectif essentiel contenu dans la loi, portant la refondation de l’école, est ainsi rappelé : ramener à 10% les écarts de réussite scolaire entre les élèves de l’éducation prioritaire et les autres.

 Au menu, diverses mesures, concrètes et de nature pédagogique, permettant aux équipes d’amplifier leur travail avec les élèves et leurs collègues pour construire la double réussite, scolaire et éducative.

 1. Scolarisation des moins de 3 ans

 D’abord, le retour attendu de la scolarisation des moins de 3 ans, littéralement éradiquée, dans chaque réseau. La part des moins de 3 ans dans l’Académie du Nord, par exemple, a subi des coupes sévères passant d’un taux de scolarisation de 63% à 41% entre 2001 et 2011.

 En parallèle, le dispositif « Plus de maîtres que de classes » favorisera le travail collectif des enseignants pour accompagner les élèves dans leurs apprentissages.

 2. La fin du bénévolat actif des enseignants

 Les enseignants des collèges concernés, bénéficieront également d’une heure trente de décharge (9 jours par an pour les enseignants du primaire) pour se former, travailler en équipe et développer ou amplifier les relations avec l’élève et sa famille. C’est à la fois une juste reconnaissance du travail et des tâches des personnels d’éducation travaillant dans les établissements les plus sensibles et la fin du bénévolat actif des enseignants.

 La parentalité sera elle aussi valorisée afin de permettre aux parents de prendre toute leur place dans la réussite éducative de leur enfant.

Englobé dans la loi portant la refondation de l’école, le plan d’actions en faveur de l’éducation prioritaire bénéficie, on le voit, de moyens relativement conséquents même si quelques interrogations demeurent.

 3. Une nouvelle carte scolaire

 La question de la carte de l’éducation prioritaire est ainsi posée pour éviter à la fois la dilution des moyens sur un périmètre trop large et la concentration de ceux-ci provoquant l’éviction d’établissements des dispositifs.

 La production de la nouvelle carte est donc largement attendue afin de garantir les moyens aux établissements et aux équipes pédagogiques afin d’être efficace contre l’échec scolaire sur nos territoires.

 S’il n’est pas choquant de resserrer dans un premier cercle les établissements exigeant de sérieux moyens, il faudra continuer de traiter aussi ceux dont la situation est moins dramatique en créant un sas évitant l’effet de rupture.

 Dans ce contexte positif, le Collectif d’élus en faveur du service public d’éducation (CEDRE auquel j’appartiens) continue de militer pour une meilleure répartition des moyens entre les académies comme le signalait déjà la Cour des comptes dans le référé sur « l’égalité des chances et la répartition des moyens dans l’enseignement scolaire« .

 Nous souhaitons également un regard bienveillant sur la future carte de la géographie prioritaire considérant que les établissements labellisés REP+ soit demain, en 2015, rejoint par d’autres établissements sur les territoires ségrégués.

 C‘est en valorisant ce plan d’actions gouvernemental en lien avec d’autres politiques, de la ville, de la culture, de la solidarité que nous pourrons efficacement lutter contre l’échec scolaire et sa prolifération.

 

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