PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Terra Nova – le 12 juin 2013 :

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Le diagnostic porté par le récent rapport de la Cour des comptes sur la gestion des enseignants est sévère, mais frappe juste, malgré une approche parfois trop gestionnaire. Les questions qu’il pose appellent un débat approfondi, que cette note de Jean-Louis Auduc entend éclairer : nécessité d’une redéfinition du métier enseignant, prise en compte de sa dimension collective, relance de l’attractivité de ce métier, avec pour objectif une meilleure valorisation des ressources humaines, pour que l’école soit un lieu d’épanouissement des élèves et de tous les personnels qui y oeuvrent.

Synthèse

Le sévère diagnostic porté par le récent rapport de la Cour des comptes sur la gestion des enseignants est juste : la France consacre à son système éducatif des moyens comparables, voire supérieurs, à des pays qui assurent mieux la réussite de leurs élèves.
 
A travers 19 recommandations, le rapport propose de modifier les modalités du recrutement, d’assouplir les obligations règlementaires et de réfléchir en termes de besoins et d’optimisation des ressources humaines, en valorisant davantage les motivations des enseignants que leur ancienneté. Si ses analyses et propositions s’avèrent intéressantes et bien souvent pertinentes, elles relèvent d’une approche trop exclusivement gestionnaire, et négligent le lien avec les dimensions pédagogiques et éducatives. La présente note corrige certaines analyses, et formule quelques pistes d’actions, en cohérence avec les recommandations du rapport de la Cour.
 
Il apparaît certes nécessaire de redéfinir clairement le métier enseignant, et plus globalement les exigences de la société vis-à-vis de l’école : au-delà des heures de cours à proprement parler, l’enseignant assure des missions d’ordre individuel et collectif qui ne sont pas identifiées dans son temps de service. Or ce sont ces missions qui, dans une logique d’enseignement et d’aide à l’apprentissage, assurent la transmission des savoirs et des compétences pour tous. L’enseignant doit se voir reconnaître son implication dans des projets pédagogiques, et être responsable de projets liés à la dynamique de l’établissement. La diversité de ces missions, pour être reconnue, pourrait se retranscrire dans certaines modifications du service des enseignants du second degré.
 
La Cour des comptes insiste à juste titre sur la nécessité d’embrasser la dimension collective du métier d’enseignant, dimension déjà mise en exergue dans le rapport de Terra Nova « Ecole 2012 : faire réussir tous les élèves ». La construction d’une véritable communauté éducative implique de prendre en compte l’ensemble des personnels travaillant dans un collège ou un lycée – et non pas seulement les enseignants – et de mettre en cohérence discours et travail quotidien, règles à appliquer et seuils de tolérance.
 
La solution proposée d’affecter les enseignants en fonction de la réalité des postes et des projets d’établissement, sur le modèle du recrutement académique existant pour les professeurs des écoles, se heurte à l’analyse des différences entre les académies : l’organisation des concours, pour tous les niveaux d’enseignement, pourrait se faire de manière plus opérante à l’échelle interrégionale. De fait, comme le rappelle le rapport, une autonomie et une gestion locale trop poussée peuvent accroître les rigidités.
 
Afin de stabiliser enseignants et équipes de direction dans les établissements en zone d’éducation prioritaire, on pourrait envisager de favoriser les services partagés dans ces établissements, afin d’y retenir les enseignants reconnus compétents.
 
Enfin, au préalable de tout accroissement des recrutements dans l’Education nationale, l’attractivité du métier enseignant doit être relancée, notamment en intégrant dans le salaire de base les primes et indemnités correspondant aux tâches effectuées dans l’établissement, en assurant une véritable formation initiale et continue, en donnant aux enseignants les moyens d’accomplir toutes leurs missions (construction de bureaux et de salles, équipement en ordinateurs personnels…), et en leur proposant des responsabilités dans l’établissement.

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