PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Veille et Analyse TICE – le 31 août 2013 :

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En 1985, France Henri et Anthony Kaye (et coll.) publient « le savoir à domicile » aux Presses de l’université du Québec pour la Télé-université. En 1989 Pierre Caspar (et coll) publie : « le savoir à portée de la main », aux Editions d’Organisations. Ces deux ouvrage sont hautement symboliques d’abord et ô combien utile à la réflexion pour tous ceux qui prétendent parler des MOOC et autres classes inversées ou encore innovations avec les TIC en enseignement. On ajoutera à ces deux ouvrages celui de Jean Marie Albertini « La pédagogie n’est plus ce qu’elle sera », Seuil 1992, ou encore celui de Goerie Delacote, « Savoir apprendre, les nouvelles méthodes », Odile Jacob 1996. Cet ensemble d’auteurs: ouvrages, parmi d’autres semble intéressant à convoquer, tant l’amnésie « pédagotic » se repend dans notre milieu des plus jeunes (mais on les comprend de ne pas avoir eu le temps de faire un arrêt sur image) mais aussi des plus anciens (on les comprend si tant est qu’ils ne veulent pas vieillir ou tout au moins l’assumer). Il est plus facile de balayer le passer que de réfléchir à l’avenir. Or nos amis historiens nous ont appris depuis longtemps que l’histoire est un terreau pour comprendre le présent, mais aussi envisager l’avenir, à condition de ne pas se limiter à une pensée linéaire et statistique. Au moment de la rédaction de ce texte, même Philippe Meirieu publie un livre pour rappeler l’histoire de la pédagogie et son importance (ce serait l’occasion de rappeler le travail d’un des ses prédécesseurs, Jean Houssaye, qui avait fait un travail proche il y a plusieurs années).

Eduquer aux TIC/numérique c’est donc aussi regarder ce qui vient de se passer en plus de 50 ans au cours desquels l’informatique puis les TIC et désormais le numérique sont passés de salles climatisées secrètes à la poche de nos vêtements et probablement bientôt non loin de nos épidermes. Or quelques éclairages anciens nous montrent que certaines questions sont récurrentes ou en d’autres termes qu’on se pose aujourd’hui les mêmes questions qu’hier et qu’on prétend, aujourd’hui comme hier, parvenir à y répondre, tout au moins dans le discours de certains zélateurs de la nouveauté, technologique en particulier. On peut commencer par s’étonner de voir se multiplier à nouveaux les produits d’EAO basés sur l’alternance exposé/exercice. Si dans les premiers temps on partait de l’exposé pour aller vers l’exercice, on en vient souvent à inverser l’ordre ou à permettre les deux : une véritable révolution pédagogique ! Quand on regarde ces logiciels de Piste et autres langages auteurs à Ibooks Author et autres produits proches (etigliss, voir itooch), hormis la facilité de mise en oeuvre et l’intégration médias, le moteur reste le même. Dans le monde scolaire, l’offre dans le domaine s’est peu étoffée et nombre de jeux sérieux ne sont guère plus qu’un habile habillage comme le produit Galswin avait si bien su le faire il y a de nombreuses années. Et pourtant on a oublié l’oncle Ernest, Teddy Bear et autres produits totalement différents qui n’avaient aucune prétention autre que de fournir un environnement qui incitait à l’apprentissage par découverte.

Revenons à nos auteurs et rappelons ici que s’ils ne sont pas strictement tous des gens issus des sciences de l’éducation (Albertini est économiste, Delacôte Physicien etc…), mais ils se sont intéressés à cette question de l’enseignement et de l’apprentissage à partir de prismes ou de points de vue qui évidemment sont en décalage. France Henri est partie de la formation à distance pour interroger le rapport au savoir. Pierre Caspar est parti lui de la formation des adultes en milieu professionnel. Jean Marie Albertini vient de la formation par les jeux (sérieux…) à l’économie. Goérie Delacôte par la muséologie scientifique et technique. On s’aperçoit alors que ces regards décalés ont pour constante de ne pas considérer l’institution scolaire comme un allant de soi, de penser l’apprentissage comme essentiel dans la société et de réfléchir à la manière de « rendre possible » les apprentissages quelque soit le contexte de vie et de travail. C’est intéressant de constater que Sugata Mitra a récemment apporté un regard de la même manière, son approche est la rue. Alors que Salman Kahn bien au contraire semble ignorer totalement les acquis antérieurs tels que G Jacquinot le rappelle dans le chapitre qu’elle a écrit dans le livre de France Henri et Anthony Kaye. Je ne résiste évidemment pas à citer un large passage de son texte (elle me pardonnera, cet emprunt large) :
« L’histoire — car II y en a déjà une — de l’introduction, dans les systèmes éducatifs, des technologies de diffusion, de stockage et de traitement de l’information, permet d’identifier certaines tendances

– la lenteur du développement de l’innovation technologique,
– une logique de développement plus économique que pédagogique,
– l’absorption, par les modèles pédagogiques traditionnels, de toute nouvelle technologie

Parmi les multiples raisons qui peuvent expliquer ces phénomènes, nous rappellerons le conservatisme bien connu du milieu enseignant, la faible part des budgets nationaux d’éducation disponible pour autre chose que le paiement des salaires, (5 & 10% dans la plupart des cas), enfin l’inadéquation du discours des «   promoteurs  » des nouvelles technologies, aux réalités pédagogique. Car il y a des marchands d’idées comme des marchands de matériel. Leurs discours reposent sur trois postulats fondamentaux

– Le postulat d’utilité, Ià où il conviendrait de faire une hypothèse d’utilité ;
– Le  postulat d’universalité (la panacée universelle) là où  il faudrait se livrer à une délimitation fine des aires d’emploi ;
– Le postulat de supériorité selon lequel tout ce qui est nouveau est mieux que ce qui a précédé, qui est présenté du même coup de façon réductrice. »

A ce passage (p.263 du livre de France Henri) j’ajouterai ces deux citations :

– « Bref, la pédagogie et la technologie n’ont jamais fait bon ménage, et le chemin parcouru est pavé d’intentions – plus ou moins bonnes – plus que de résultats exploitables »

– « Un cours magistral brillant sera toujours supérieur à un programme de télévision raté. Encore faudrait-il ajouter… que cela dépend pour qui. »

Tout au long de cet article qui appelle à une pédagogie spécifique, ni nouvelle, ni ancienne, Geneviève Jacquinot fait écho à cette question récurrente sur la pédagogie, question qui ne cesse d’être revisitée sans que l’on prenne le soin de prendre les leçons du passé.

A suivre et à débattre

BD

– See more at: http://www.brunodevauchelle.com/blog/?p=1440#sthash.zvQPVqDo.dpuf

En 1985, France Henri et Anthony Kaye (et coll.) publient « le savoir à domicile » aux Presses de l’université du Québec pour la Télé-université. En 1989 Pierre Caspar (et coll) publie : « le savoir à portée de la main », aux Editions d’Organisations. Ces deux ouvrage sont hautement symboliques d’abord et ô combien utile à la réflexion pour tous ceux qui prétendent parler des MOOC et autres classes inversées ou encore innovations avec les TIC en enseignement. On ajoutera à ces deux ouvrages celui de Jean Marie Albertini « La pédagogie n’est plus ce qu’elle sera », Seuil 1992, ou encore celui de Goerie Delacote, « Savoir apprendre, les nouvelles méthodes », Odile Jacob 1996. Cet ensemble d’auteurs: ouvrages, parmi d’autres semble intéressant à convoquer, tant l’amnésie « pédagotic » se repend dans notre milieu des plus jeunes (mais on les comprend de ne pas avoir eu le temps de faire un arrêt sur image) mais aussi des plus anciens (on les comprend si tant est qu’ils ne veulent pas vieillir ou tout au moins l’assumer). Il est plus facile de balayer le passer que de réfléchir à l’avenir. Or nos amis historiens nous ont appris depuis longtemps que l’histoire est un terreau pour comprendre le présent, mais aussi envisager l’avenir, à condition de ne pas se limiter à une pensée linéaire et statistique. Au moment de la rédaction de ce texte, même Philippe Meirieu publie un livre pour rappeler l’histoire de la pédagogie et son importance (ce serait l’occasion de rappeler le travail d’un des ses prédécesseurs, Jean Houssaye, qui avait fait un travail proche il y a plusieurs années).

Eduquer aux TIC/numérique c’est donc aussi regarder ce qui vient de se passer en plus de 50 ans au cours desquels l’informatique puis les TIC et désormais le numérique sont passés de salles climatisées secrètes à la poche de nos vêtements et probablement bientôt non loin de nos épidermes. Or quelques éclairages anciens nous montrent que certaines questions sont récurrentes ou en d’autres termes qu’on se pose aujourd’hui les mêmes questions qu’hier et qu’on prétend, aujourd’hui comme hier, parvenir à y répondre, tout au moins dans le discours de certains zélateurs de la nouveauté, technologique en particulier. On peut commencer par s’étonner de voir se multiplier à nouveaux les produits d’EAO basés sur l’alternance exposé/exercice. Si dans les premiers temps on partait de l’exposé pour aller vers l’exercice, on en vient souvent à inverser l’ordre ou à permettre les deux : une véritable révolution pédagogique ! Quand on regarde ces logiciels de Piste et autres langages auteurs à Ibooks Author et autres produits proches (etigliss, voir itooch), hormis la facilité de mise en oeuvre et l’intégration médias, le moteur reste le même. Dans le monde scolaire, l’offre dans le domaine s’est peu étoffée et nombre de jeux sérieux ne sont guère plus qu’un habile habillage comme le produit Galswin avait si bien su le faire il y a de nombreuses années. Et pourtant on a oublié l’oncle Ernest, Teddy Bear et autres produits totalement différents qui n’avaient aucune prétention autre que de fournir un environnement qui incitait à l’apprentissage par découverte.

Revenons à nos auteurs et rappelons ici que s’ils ne sont pas strictement tous des gens issus des sciences de l’éducation (Albertini est économiste, Delacôte Physicien etc…), mais ils se sont intéressés à cette question de l’enseignement et de l’apprentissage à partir de prismes ou de points de vue qui évidemment sont en décalage. France Henri est partie de la formation à distance pour interroger le rapport au savoir. Pierre Caspar est parti lui de la formation des adultes en milieu professionnel. Jean Marie Albertini vient de la formation par les jeux (sérieux…) à l’économie. Goérie Delacôte par la muséologie scientifique et technique. On s’aperçoit alors que ces regards décalés ont pour constante de ne pas considérer l’institution scolaire comme un allant de soi, de penser l’apprentissage comme essentiel dans la société et de réfléchir à la manière de « rendre possible » les apprentissages quelque soit le contexte de vie et de travail. C’est intéressant de constater que Sugata Mitra a récemment apporté un regard de la même manière, son approche est la rue. Alors que Salman Kahn bien au contraire semble ignorer totalement les acquis antérieurs tels que G Jacquinot le rappelle dans le chapitre qu’elle a écrit dans le livre de France Henri et Anthony Kaye. Je ne résiste évidemment pas à citer un large passage de son texte (elle me pardonnera, cet emprunt large) :
« L’histoire — car II y en a déjà une — de l’introduction, dans les systèmes éducatifs, des technologies de diffusion, de stockage et de traitement de l’information, permet d’identifier certaines tendances

– la lenteur du développement de l’innovation technologique,
– une logique de développement plus économique que pédagogique,
– l’absorption, par les modèles pédagogiques traditionnels, de toute nouvelle technologie

Parmi les multiples raisons qui peuvent expliquer ces phénomènes, nous rappellerons le conservatisme bien connu du milieu enseignant, la faible part des budgets nationaux d’éducation disponible pour autre chose que le paiement des salaires, (5 & 10% dans la plupart des cas), enfin l’inadéquation du discours des «   promoteurs  » des nouvelles technologies, aux réalités pédagogique. Car il y a des marchands d’idées comme des marchands de matériel. Leurs discours reposent sur trois postulats fondamentaux

– Le postulat d’utilité, Ià où il conviendrait de faire une hypothèse d’utilité ;
– Le  postulat d’universalité (la panacée universelle) là où  il faudrait se livrer à une délimitation fine des aires d’emploi ;
– Le postulat de supériorité selon lequel tout ce qui est nouveau est mieux que ce qui a précédé, qui est présenté du même coup de façon réductrice. »

A ce passage (p.263 du livre de France Henri) j’ajouterai ces deux citations :

– « Bref, la pédagogie et la technologie n’ont jamais fait bon ménage, et le chemin parcouru est pavé d’intentions – plus ou moins bonnes – plus que de résultats exploitables »

– « Un cours magistral brillant sera toujours supérieur à un programme de télévision raté. Encore faudrait-il ajouter… que cela dépend pour qui. »

Tout au long de cet article qui appelle à une pédagogie spécifique, ni nouvelle, ni ancienne, Geneviève Jacquinot fait écho à cette question récurrente sur la pédagogie, question qui ne cesse d’être revisitée sans que l’on prenne le soin de prendre les leçons du passé.

A suivre et à débattre

BD

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En 1985, France Henri et Anthony Kaye (et coll.) publient « le savoir à domicile » aux Presses de l’université du Québec pour la Télé-université. En 1989 Pierre Caspar (et coll) publie : « le savoir à portée de la main », aux Editions d’Organisations. Ces deux ouvrage sont hautement symboliques d’abord et ô combien utile à la réflexion pour tous ceux qui prétendent parler des MOOC et autres classes inversées ou encore innovations avec les TIC en enseignement. On ajoutera à ces deux ouvrages celui de Jean Marie Albertini « La pédagogie n’est plus ce qu’elle sera », Seuil 1992, ou encore celui de Goerie Delacote, « Savoir apprendre, les nouvelles méthodes », Odile Jacob 1996. Cet ensemble d’auteurs: ouvrages, parmi d’autres semble intéressant à convoquer, tant l’amnésie « pédagotic » se repend dans notre milieu des plus jeunes (mais on les comprend de ne pas avoir eu le temps de faire un arrêt sur image) mais aussi des plus anciens (on les comprend si tant est qu’ils ne veulent pas vieillir ou tout au moins l’assumer). Il est plus facile de balayer le passer que de réfléchir à l’avenir. Or nos amis historiens nous ont appris depuis longtemps que l’histoire est un terreau pour comprendre le présent, mais aussi envisager l’avenir, à condition de ne pas se limiter à une pensée linéaire et statistique. Au moment de la rédaction de ce texte, même Philippe Meirieu publie un livre pour rappeler l’histoire de la pédagogie et son importance (ce serait l’occasion de rappeler le travail d’un des ses prédécesseurs, Jean Houssaye, qui avait fait un travail proche il y a plusieurs années).

Eduquer aux TIC/numérique c’est donc aussi regarder ce qui vient de se passer en plus de 50 ans au cours desquels l’informatique puis les TIC et désormais le numérique sont passés de salles climatisées secrètes à la poche de nos vêtements et probablement bientôt non loin de nos épidermes. Or quelques éclairages anciens nous montrent que certaines questions sont récurrentes ou en d’autres termes qu’on se pose aujourd’hui les mêmes questions qu’hier et qu’on prétend, aujourd’hui comme hier, parvenir à y répondre, tout au moins dans le discours de certains zélateurs de la nouveauté, technologique en particulier. On peut commencer par s’étonner de voir se multiplier à nouveaux les produits d’EAO basés sur l’alternance exposé/exercice. Si dans les premiers temps on partait de l’exposé pour aller vers l’exercice, on en vient souvent à inverser l’ordre ou à permettre les deux : une véritable révolution pédagogique ! Quand on regarde ces logiciels de Piste et autres langages auteurs à Ibooks Author et autres produits proches (etigliss, voir itooch), hormis la facilité de mise en oeuvre et l’intégration médias, le moteur reste le même. Dans le monde scolaire, l’offre dans le domaine s’est peu étoffée et nombre de jeux sérieux ne sont guère plus qu’un habile habillage comme le produit Galswin avait si bien su le faire il y a de nombreuses années. Et pourtant on a oublié l’oncle Ernest, Teddy Bear et autres produits totalement différents qui n’avaient aucune prétention autre que de fournir un environnement qui incitait à l’apprentissage par découverte.

Revenons à nos auteurs et rappelons ici que s’ils ne sont pas strictement tous des gens issus des sciences de l’éducation (Albertini est économiste, Delacôte Physicien etc…), mais ils se sont intéressés à cette question de l’enseignement et de l’apprentissage à partir de prismes ou de points de vue qui évidemment sont en décalage. France Henri est partie de la formation à distance pour interroger le rapport au savoir. Pierre Caspar est parti lui de la formation des adultes en milieu professionnel. Jean Marie Albertini vient de la formation par les jeux (sérieux…) à l’économie. Goérie Delacôte par la muséologie scientifique et technique. On s’aperçoit alors que ces regards décalés ont pour constante de ne pas considérer l’institution scolaire comme un allant de soi, de penser l’apprentissage comme essentiel dans la société et de réfléchir à la manière de « rendre possible » les apprentissages quelque soit le contexte de vie et de travail. C’est intéressant de constater que Sugata Mitra a récemment apporté un regard de la même manière, son approche est la rue. Alors que Salman Kahn bien au contraire semble ignorer totalement les acquis antérieurs tels que G Jacquinot le rappelle dans le chapitre qu’elle a écrit dans le livre de France Henri et Anthony Kaye. Je ne résiste évidemment pas à citer un large passage de son texte (elle me pardonnera, cet emprunt large) :
« L’histoire — car II y en a déjà une — de l’introduction, dans les systèmes éducatifs, des technologies de diffusion, de stockage et de traitement de l’information, permet d’identifier certaines tendances

– la lenteur du développement de l’innovation technologique,
– une logique de développement plus économique que pédagogique,
– l’absorption, par les modèles pédagogiques traditionnels, de toute nouvelle technologie

Parmi les multiples raisons qui peuvent expliquer ces phénomènes, nous rappellerons le conservatisme bien connu du milieu enseignant, la faible part des budgets nationaux d’éducation disponible pour autre chose que le paiement des salaires, (5 & 10% dans la plupart des cas), enfin l’inadéquation du discours des «   promoteurs  » des nouvelles technologies, aux réalités pédagogique. Car il y a des marchands d’idées comme des marchands de matériel. Leurs discours reposent sur trois postulats fondamentaux

– Le postulat d’utilité, Ià où il conviendrait de faire une hypothèse d’utilité ;
– Le  postulat d’universalité (la panacée universelle) là où  il faudrait se livrer à une délimitation fine des aires d’emploi ;
– Le postulat de supériorité selon lequel tout ce qui est nouveau est mieux que ce qui a précédé, qui est présenté du même coup de façon réductrice. »

A ce passage (p.263 du livre de France Henri) j’ajouterai ces deux citations :

– « Bref, la pédagogie et la technologie n’ont jamais fait bon ménage, et le chemin parcouru est pavé d’intentions – plus ou moins bonnes – plus que de résultats exploitables »

– « Un cours magistral brillant sera toujours supérieur à un programme de télévision raté. Encore faudrait-il ajouter… que cela dépend pour qui. »

Tout au long de cet article qui appelle à une pédagogie spécifique, ni nouvelle, ni ancienne, Geneviève Jacquinot fait écho à cette question récurrente sur la pédagogie, question qui ne cesse d’être revisitée sans que l’on prenne le soin de prendre les leçons du passé.

A suivre et à débattre

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En 1985, France Henri et Anthony Kaye (et coll.) publient « le savoir à domicile » aux Presses de l’université du Québec pour la Télé-université. En 1989 Pierre Caspar (et coll) publie : « le savoir à portée de la main », aux Editions d’Organisations. Ces deux ouvrage sont hautement symboliques d’abord et ô combien utile à la réflexion pour tous ceux qui prétendent parler des MOOC et autres classes inversées ou encore innovations avec les TIC en enseignement. On ajoutera à ces deux ouvrages celui de Jean Marie Albertini « La pédagogie n’est plus ce qu’elle sera », Seuil 1992, ou encore celui de Goerie Delacote, « Savoir apprendre, les nouvelles méthodes », Odile Jacob 1996. Cet ensemble d’auteurs: ouvrages, parmi d’autres semble intéressant à convoquer, tant l’amnésie « pédagotic » se repend dans notre milieu des plus jeunes (mais on les comprend de ne pas avoir eu le temps de faire un arrêt sur image) mais aussi des plus anciens (on les comprend si tant est qu’ils ne veulent pas vieillir ou tout au moins l’assumer). Il est plus facile de balayer le passer que de réfléchir à l’avenir. Or nos amis historiens nous ont appris depuis longtemps que l’histoire est un terreau pour comprendre le présent, mais aussi envisager l’avenir, à condition de ne pas se limiter à une pensée linéaire et statistique. Au moment de la rédaction de ce texte, même Philippe Meirieu publie un livre pour rappeler l’histoire de la pédagogie et son importance (ce serait l’occasion de rappeler le travail d’un des ses prédécesseurs, Jean Houssaye, qui avait fait un travail proche il y a plusieurs années).

Eduquer aux TIC/numérique c’est donc aussi regarder ce qui vient de se passer en plus de 50 ans au cours desquels l’informatique puis les TIC et désormais le numérique sont passés de salles climatisées secrètes à la poche de nos vêtements et probablement bientôt non loin de nos épidermes. Or quelques éclairages anciens nous montrent que certaines questions sont récurrentes ou en d’autres termes qu’on se pose aujourd’hui les mêmes questions qu’hier et qu’on prétend, aujourd’hui comme hier, parvenir à y répondre, tout au moins dans le discours de certains zélateurs de la nouveauté, technologique en particulier. On peut commencer par s’étonner de voir se multiplier à nouveaux les produits d’EAO basés sur l’alternance exposé/exercice. Si dans les premiers temps on partait de l’exposé pour aller vers l’exercice, on en vient souvent à inverser l’ordre ou à permettre les deux : une véritable révolution pédagogique ! Quand on regarde ces logiciels de Piste et autres langages auteurs à Ibooks Author et autres produits proches (etigliss, voir itooch), hormis la facilité de mise en oeuvre et l’intégration médias, le moteur reste le même. Dans le monde scolaire, l’offre dans le domaine s’est peu étoffée et nombre de jeux sérieux ne sont guère plus qu’un habile habillage comme le produit Galswin avait si bien su le faire il y a de nombreuses années. Et pourtant on a oublié l’oncle Ernest, Teddy Bear et autres produits totalement différents qui n’avaient aucune prétention autre que de fournir un environnement qui incitait à l’apprentissage par découverte.

Revenons à nos auteurs et rappelons ici que s’ils ne sont pas strictement tous des gens issus des sciences de l’éducation (Albertini est économiste, Delacôte Physicien etc…), mais ils se sont intéressés à cette question de l’enseignement et de l’apprentissage à partir de prismes ou de points de vue qui évidemment sont en décalage. France Henri est partie de la formation à distance pour interroger le rapport au savoir. Pierre Caspar est parti lui de la formation des adultes en milieu professionnel. Jean Marie Albertini vient de la formation par les jeux (sérieux…) à l’économie. Goérie Delacôte par la muséologie scientifique et technique. On s’aperçoit alors que ces regards décalés ont pour constante de ne pas considérer l’institution scolaire comme un allant de soi, de penser l’apprentissage comme essentiel dans la société et de réfléchir à la manière de « rendre possible » les apprentissages quelque soit le contexte de vie et de travail. C’est intéressant de constater que Sugata Mitra a récemment apporté un regard de la même manière, son approche est la rue. Alors que Salman Kahn bien au contraire semble ignorer totalement les acquis antérieurs tels que G Jacquinot le rappelle dans le chapitre qu’elle a écrit dans le livre de France Henri et Anthony Kaye. Je ne résiste évidemment pas à citer un large passage de son texte (elle me pardonnera, cet emprunt large) :
« L’histoire — car II y en a déjà une — de l’introduction, dans les systèmes éducatifs, des technologies de diffusion, de stockage et de traitement de l’information, permet d’identifier certaines tendances

– la lenteur du développement de l’innovation technologique,
– une logique de développement plus économique que pédagogique,
– l’absorption, par les modèles pédagogiques traditionnels, de toute nouvelle technologie

Parmi les multiples raisons qui peuvent expliquer ces phénomènes, nous rappellerons le conservatisme bien connu du milieu enseignant, la faible part des budgets nationaux d’éducation disponible pour autre chose que le paiement des salaires, (5 & 10% dans la plupart des cas), enfin l’inadéquation du discours des «   promoteurs  » des nouvelles technologies, aux réalités pédagogique. Car il y a des marchands d’idées comme des marchands de matériel. Leurs discours reposent sur trois postulats fondamentaux

– Le postulat d’utilité, Ià où il conviendrait de faire une hypothèse d’utilité ;
– Le  postulat d’universalité (la panacée universelle) là où  il faudrait se livrer à une délimitation fine des aires d’emploi ;
– Le postulat de supériorité selon lequel tout ce qui est nouveau est mieux que ce qui a précédé, qui est présenté du même coup de façon réductrice. »

A ce passage (p.263 du livre de France Henri) j’ajouterai ces deux citations :

– « Bref, la pédagogie et la technologie n’ont jamais fait bon ménage, et le chemin parcouru est pavé d’intentions – plus ou moins bonnes – plus que de résultats exploitables »

– « Un cours magistral brillant sera toujours supérieur à un programme de télévision raté. Encore faudrait-il ajouter… que cela dépend pour qui. »

Tout au long de cet article qui appelle à une pédagogie spécifique, ni nouvelle, ni ancienne, Geneviève Jacquinot fait écho à cette question récurrente sur la pédagogie, question qui ne cesse d’être revisitée sans que l’on prenne le soin de prendre les leçons du passé.

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