PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In IFE – Observatoire de la Réussite Educative – 2014 :

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Les parcours éducatifs des enfants et des jeunes ne peuvent être appréhendés sans prendre en compte la qualité de leur environnement éducatif. La notion d’environnement est alors entendue dans un sens très large, englobant à la fois les éléments naturels, bâtis et matériels du cadre de vie, les caractéristiques du voisinage mais aussi l’ensemble des relations que les enfants et les jeunes y déploient, et les interactions entre tous ces éléments. Les individus agissent en fonction des rapports qu’ils construisent avec autrui, des services et des ressources qu’ils trouvent dans leur espace de vie, tout cela étant lié aux perceptions individuelles et collectives de la qualité même de ces ressources. Ces dimensions sont donc incontournables dans la compréhension des parcours éducatifs des enfants et des jeunes.

 

Dans cette perspective, l’éducation des enfants et des jeunes dépend concrètement de leur environnement socio-éducatif immédiat, où l’école, dont le rôle essentiel est évident, se situe parmi d’autres institutions éducatives péri ou extra-scolaires. C’est notamment dans ce périmètre que toutes les activités du temps libre se déploient. Ainsi, les espaces éducatifs investis par les enfants et les adolescents sont essentiels et complémentaires dans la construction de leur parcours, parce qu’ils contribuent directement à leur formation et plus largement à leur développement.

 Les ressources éducatives mobilisables sont étroitement liées à la qualité de l’environnement immédiat des enfants et des jeunes, et notamment au développement des activités, des services et des équipements mis à leur disposition. La notion de ressource renvoie en effet à l’ensemble des moyens mobilisables par les individus et les groupes sociaux pour mener à bien leurs projets. Ces moyens dépendent directement des opportunités offertes par l’environnement territorial, a fortiori dans le champ éducatif, mais aussi des capacités des individus à les mobiliser. De ce fait, la qualité des parcours éducatifs des enfants et des jeunes dépend donc d’une multitude de paramètres qui mêlent à la fois les caractéristiques propres à l’individu et à sa famille, ainsi que son mode de vie et le milieu dans lequel il évolue. Les caractéristiques inhérentes aux espaces de vie sont donc importantes, présentant des situations très disparates. Des avantages comme des désavantages peuvent s’y cumuler, ce qui conditionne la nature des pratiques des enfants et des jeunes et ce qui engendre des inégalités dans les parcours éducatifs.

 L’espace n’est pas isotrope. En tant que produit social, il comporte des différences qui reproduisent et génèrent des inégalités. En effet, les ressources mobilisables pour répondre aux besoins éducatifs, sociaux et culturels des classes d’âge les plus jeunes sont très différentes selon les lieux de résidence et les territoires pratiqués. Les ressources éducatives disponibles et mobilisables dépendent  étroitement du degré d’équipement, des services offerts, de la diversité des activités proposées, de la densité des interactions sociales et de la nature des politiques locales mises en œuvre dans les territoires de vie des enfants et des jeunes.

 Tous ces éléments révèlent l’intérêt de croiser les caractéristiques des contextes territoriaux dans lesquels évoluent les enfants et les jeunes et les politiques de régulation mises en œuvre pour permettre au plus grand nombre d’accéder à des parcours éducatifs de qualité. L’accessibilité des activités, des services et des équipements éducatifs dépend des contextes territoriaux et de nombreuses études révèlent aujourd’hui de fortes disparités dans la configuration de l’offre. Les disparités socio-spatiales et les écarts dans l’offre de services et d’activités se combinent pour produire d’importantes inégalités dans la mobilisation des ressources éducatives par les enfants et les jeunes et leurs familles. La qualité des parcours individuels en résulte. Ces inégalités peuvent être étudiées selon des variables explicatives classiques telles que le genre, les origines ethnique ou sociale, la génération, mais aussi le territoire. A ce titre, l’espace doit être appréhendé comme une ressource constitutive des inégalités éducatives.


Olivier DAVID

Professeur des universités en Géographie

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