PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

 

Synthèse de la journée Prisme février 2014 

 

Pour tenter de résumer une journée riche en échange, je reviendrais sur différents points qui sont apparus tout au long des échanges comme controversés, en tensions ou qui peuvent parfois constituer des nœuds à la mise en œuvre des projets éducatifs de territoire. 

1 La première remarque renvoie à la question de l’incitation ou de l’obligation. Aujourd’hui, le PEDT est incitatif, il n’est pas obligatoire et peut-être eut-il fallu aller plus loin dans ce cadre obligatoire, dans la suite de l’appel de Bobigny. A défaut, le PEDT ne risque que de devenir un dispositif supplémentaire, sans pouvoir fondre la cohérence des dispositifs déjà existants. De réforme, il risque de passer à une réformette, avec une vision trop étriquée des choses. 

2 Nous nous trouvons dans une contradiction forte entre les contraintes financières de plus en plus drastiques et les volontés toujours affirmées de continuer à innover. Il ne faudrait pas oublier, que si la baisse des moyens, dans une vielle trame de l’éducation populaire obligeait aux innovations, les innovateurs commencent à s’essouffler… Ce qui se joue aujourd’hui est aussi une réorganisation du marché de l’éducatif local avec les appels à projets mais aussi sans doute avec de plus en plus de marchés publics qui vont nuire aux innovations . Dans quelle mesure, les financeurs pourraient-il garder des enveloppes continuées à être attribuées sous le mode de la subvention pour une partie de leur budget ? 

3 Le co-pilotage est-il possible dans nos affaires ? Comment co-piloter avec l’Education nationale ? Y est-elle prête ? La question du chef d’orchestre reste entière : elle renvoie à la capacité de reconstituer des ingénieries locales qui puissent être co-mandatées, et co-financées pour être mieux légitimées. 

4 Un autre débat est bien évidemment celui relatif à la question des inégalités. Comment celles-ci sont-elles prises dans les débats locaux ? Où sont-elles discutées ? Le Pedt ne va-t-il pas justement continuer à creuser des écarts entre les publics en termes d’accessibilité, de carte scolaire, de tarification, etc, …). 

5 Les questions de vocabulaire restent encore nombreuses. : lorsque l’on parle de co-éducation est-on bien sûr que tout le monde y met le même sens ? 

6 Les questions de l’égalité Hommes/femmes restent déterminantes mais nous ne pourrons faire l’économie de la réalité de certains phénomènes : un décrochage scolaire qui concerne majoritairement des garçons : une féminisation des métiers de l’éducatif. 

7 La place des élus locaux reste bien évidemment importante dans leur capacité à porter politiquement ces démarches. Mais sont-ils toujours bien positionnés dans la hiérarchie politique locale pour le faire ?  

8 Les parents et leurs enfants restent encore à être associés sous de nouvelles formes, de nouveaux modes pour renforcer leur pouvoir d’agir et leur capacité à être entendus. 

9 De nombreuses questions de méthode se posent : les projets sont des manières de se projeter en avant sans savoir où l’on va, sinon, ce ne sont que des programmes. Mais est-on bien prêts professionnellement à l’accepter ? Les enseignants sont-ils d’ailleurs formés à la méthodologie de projet ? Cela implique un énorme de formation, tant initiale pour l‘ensemble des acteurs concernés que de co-formation pour fortifier les démarches locales. 

10 Il est peut-être important d’insister sur le fait que le partenariat que lorsque les conflictualités latentes y sont explicitées et dépassées, ce qui implique une acceptation de cette conflictualité dans l’élaboration du projet. Tous y sont-ils prêts ? 

11 Il en va aussi de notre croyance en l’école pour reposer des enjeux de société, à défaut, le risque est bien celui de la privatisation croissante de notre école publique.

 

Jean-Marc BERTHET

 

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Categories: Expressions prismées

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