PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Le ministère de l’Education nationale semble convaincu qu’il faille rapidement équiper massivement les élèves de tablettes numériques. Najat Vallaud-Belkacem a déjà fixé le calendrier, ce sera pour tous les cinquièmes à partir de la rentrée 2016. Alors qui va mettre la main sur ce gigantesque marché ?

Le développement d’une offre française

Dans la volonté d’éviter la mainmise des acteurs américains sur le système français, ce ne sera pas l’iPad d’Apple qui sera retenu pour ce projet massif de dotation. La logique mise en avant au sein de l’Education nationale est d’encourager le développement d’une filière industrielle numérique franco-française. Cela va de la production des outils à la création des contenus qui seront proposés.

En la matière, le projet TED (Tablette pour une Education Digitale), emmené par la société Unowhy, semble en bonne voie pour arriver à remporter le marché. Il a d’ailleurs fait l’objet d’un soutien financier des investissements d’avenir dans le cadre du deuxième lancement d’appel à projets « services et contenus numériques innovants pour les apprentissages fondamentaux à l’Ecole » de l’Education nationale, en juin 2013.

La société Unowhy est bien placée

Grâce à sa tablette QooQ, dédiée à la cuisine, la société de Jean-Yves Hepp s’est même fait connaître jusqu’au pays de l’Oncle Sam. Cet entrepreneur de talent, âgé de 47 ans, à la tête de la société Unowhy, montée il y a sept ans, est doté d’une solide expérience publicitaire et marketing. Et son expertise dans la conception d’une tablette dédiée à un service particulier lui donne une certaine avance dans ce secteur.

Le projet de tablette éducative TED, à l’appui des crédits octroyés par les investissements d’avenir, est entré en phase d’expérimentation dans le département de Saône-et-Loire. Ce travail est mis en œuvre sur le terrain depuis septembre 2013 dans une douzaine de collèges auprès de 8500 élèves.

Une expérimentation en cours avec un regard scientifique

Unowhy est soutenu par la participation du rectorat de l’académie de Dijon, du centre régional de documentation pédagogique (CRDP), des maisons d’édition du groupe Editis, de Techné (laboratoire universitaire de technologies numériques pour l’éducation, à l’université de Poitiers) ainsi que par la société Logosapience (créatrice de logiciels).

Cette expérimentation qui doit prendre fin en juin 2015 se fait en association avec les enseignants pour faire évoluer, au fil des pratiques et des besoins, le matériel et les logiciels. L’expertise d’évaluation est assurée de manière scientifique par le laboratoire Techné qui réunit différents universitaires et experts.

Afin d’avoir l’offre la plus séduisante et la plus sécurisante, la société Unowhy a reloqualisé dès 2011 en France la fabrication de ses tablettes, à Montceau-les-Mines. En parallèle, Unowhy a conclu un partenariat stratégique avec Atos pour la création de serveurs français entièrement dédiés à l’hébergement de données éducatives, rapporte l’Opinion. Cela permet de garder un œil sur les données personnelles conservées et d’éviter donc qu’elles ne soient stockées à l’étranger, aux Etats-Unis par exemple.

On retrouve dans la vidéo suivante une présentation du projet en septembre 2013 à l’université de Poitiers, notamment par Guillaume Hepp, le frère de Jean-Yves Hepp. En effet, face au développement d’Unowhy, le second a souhaité faire participer le premier afin de monter cette société en famille.

Une offre qui cherche à se montrer séduisante

Pour Jean-Yves Hepp, interrogé par l’Opinion sur l’expérimentation de TED, « Dans les classes, la difficulté est d’adapter les cours en fonction des niveaux des élèves. Le numérique permet de faire de la pédagogie différenciée. Chacun peut avancer à son rythme. Ce qui ressort également, c’est qu’en donnant un outil de leur génération aux enfants, on les implique davantage. C’est enfin pour l’élève le sentiment d’être réellement suivi car son professeur peut voir tout ce qu’il fait en temps réel. »

Et d’ajouter : « Je suis fils de prof, ma mère était agrégée de lettres classiques, donc je connais bien cet univers. Selon moi, cette technologie permet de se concentrer sur « apprendre à apprendre », c’est un facilitateur de transmission. Les gamins ont leur portable dans la poche dès le collège, ils ont déjà accès à l’information, ce n’est donc pas leur remettre une tablette qui va changer cette donnée. Le numérique est une chance de redonner à l’enseignant le statut de « sachant » qu’il avait avant-guerre. »

Développer une tablette dédiée à l’éducatif, comme ce que propose Unowhy, semble être la solution la moins dangereuse pour l’Education nationale. Les élèves eux-mêmes la dénomment rapidement « tablette scolaire ». Elle se distingue alors dans leur esprit d’une tablette multi-usage, plus ancrée dans le divertissement.

Un projet concurrent, celui de la société Stantum

Reste à trouver des solutions pour qu’une forme d’ouverture soit proposée. En effet, si c’est la tablette TED qui est retenue par l’Education nationale pour lancer une mise en place massive, il faudra organiser une ouverture logicielle pour permettre aux concurrents du groupe Editis de se positionner sur les offres en matière de contenu. Cela reste une question centrale.

Si choisir une tablette française est mieux que d’importer massivement des iPad, une pluralité serait nécessaire. En l’occurrence, en France un autre projet est aussi soutenu par l’Education nationale, c’est celui de la société Stantum, dénommé Galago.

Il s’agit cette fois d’une petite PME bordelaise qui développe cette solution. A la tablette est lié l’espace Elule qui permet aux principaux éditeurs scolaires de proposer du contenu. C’est assez logiquement en Gironde que le projet est testé au niveau des écoles, avec, aussi, un soutien des Investissements d’avenir.  

Bic Éducation teste également de manière plus discrète une «ardoise tactile», en primaire et en maternelle, dans une quinzaine de classes. La tablette est cette fois aussi produite en France. Il est d’ailleurs déjà possible pour les établissements scolaires de s’équiper en tablettes Bic. 

Dans le cadre du projet TED, Jean-Yves Hepp, dirigeant de la société Unowhy, s’est engagé à produire une tablette au-dessous des 500 €. Avec plus de trois millions d’élèves aujourd’hui scolarisés au collège, équiper seulement un niveau avec un outil acheté 400 € par exemple coûterait la bagatelle de 300 milions d’euros. Sans compter les frais de maintenance et le renouvellement nécessaire du matériel tous les quatre ou cinq ans…

Lire la suite : http://savoir.actualitte.com/article/numerique/394/la-tablette-ted-l-avenir-de-l-education-nationale

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