PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Les Cahiers Pédagogiques – le 4 juillet 2013 :

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Invité pour le CRAP au Congrès national, à Nantes, de la Ligue de l’enseignement (“Un avenir par l’éducation populaire”), Guy Lavrilleux souhaite témoigner de la qualité de l’organisation — une centaine de militants locaux (en sweatshirts rouges !) pour accueillir et accompagner plus de 800 congressistes — et de l’excellence des tables rondes, des interventions diverses et des ateliers de réflexion.

Vincent Peillon, souvent lyrique et sans lire ses notes, est intervenu longuement en ouverture, évoquant aussi bien ses occasions de connaître Nantes et ses échanges tout récents, à Hambourg, avec l’ensemble des recteurs français et leurs homologues allemands. Il a rappelé d’emblée que l’éducation est “l’affaire de tous. Pas uniquement l’œuvre des fonctionnaires de l’Éducation nationale. (…)

Le monde de l’éducation populaire est le premier des partenaires du ministère.” Refondation de l’école, nouveaux rythmes scolaires pour en finir avec la “maltraitance française” soulignée récemment par l’OCDE, réforme à venir l’an prochain du collège, mise en place des Éspé : il s’est présenté comme “confiant” et volontariste. (Même quand il croit sans doute un peu magiquement, sur ce dernier chantier, dans la collaboration entre universités et acteurs des anciens IUFM.) 

Évidemment, c’est lorsqu’il insiste sur une “certaine idée de l’humanité qui habite l’action laïque, laquelle n’a pas d’autre credo que la liberté de conscience, pour que chacun puisse s’arracher à tous les déterminismes” et, plus encore, la co-éducation, comme axe principal de la refondation de l’école qu’il a été le plus applaudi. (Notre engagement crapiste, notamment au sein du CAPE, ne peut qu’en être satisfait.) En particulier lorsqu’il précise la nécessité de “changer les habitudes” pour “réconcilier l’école et la nation.” 

Valérie Fourneyron, quant à elle, après un discours très précis autour de cinq engagements où elle a pu insister sur l’importance, (manifestée dans l’intitulé de son ministère) “des sports et de l’Éducation populaire”, a quitté la scène sur une standing ovation après avoir, en particulier, annoncé pour octobre, une loi sur la “sécurisation (des financements) entre les associations et les collectivités”.

Les tables rondes ont été brillamment animées — parfois au pied-levé — par Jean-Michel Djian (Paris 8 et France Culture). Impossible de rapporter la totalité des prises de paroles qui attestent de l’étendue et de la diversité des acteurs appartenant aux associations de la Ligue ou en lien avec elle. De Cynthia Fleury et Abdennour Bidar (philosophes) à Isabelle Autissier (WWF), Claire Heber-Suffrin (Réseaux réciproques d’échanges de savoirs) ou Carine Favier (Planning familial), — mais aussi un volontaire en service civique —, ­les propos, variés, portaient tous sur la nécessaire solidarité d’acteurs divers et insistaient sur le fait que les transformations réussies partaient de la base et non du sommet. 

Pour ma part, je retiendrai tout particulièrement les propos de Miguel Benasayag et ses déclarations stimulatrices et volontairement “impertinentes” lorsqu’il déclare qu’il “faut avoir le courage de regarder la complexité, refuser la certitude”, affirmer “la laïcité comme lieu où l’on admet que l’on ne sait pas” et prôner la multiplicité conflictuelle : “Celui avec qui je ne suis pas d’accord est nécessaire”. Sans doute s’en prend-il aussi un peu brutalement à la notion de compétence quand elle “démolit le monde au profit de l’utilitaire”, ou à l’école qui aurait “baissé les bras”, mais, quand il affirme que la “puissance est horizontale” et plutôt que de prêcher le “vivre ensemble” il s’agit de promouvoir le “construire ensemble”, il emmène assurément vers un horizon pas seulement utopique.

Des journées vraiment bien utiles donc, au final, et qui permettent de construire l’espoir puisque, comme le rappelait Vincent Peillon : “Il faut fatiguer le doute.” (Jaurès)

Guy Lavrilleux

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