PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Coop’ICEM – le 18/02/2013 :

Accéder au site source de notre article.


Lorsqu’on sait que la plupart des enfants passent 45 heures par semaine en dehors de leur famille (hors vacances), je pense qu’il est essentiel de considérer le temps de l’enfant dans sa globalité.

Dans ce temps, il y a bien sûr les temps éducatifs, les temps de repas et de repos (dormir, ne rien faire, être seul, rêver…). Le plus souvent, ce qui se passe en dehors de ses murs n’intéresse guère l’école. Pourtant, l’avant, l’entre et l’après sont aussi longs que le temps de classe.
 
Tous ces temps se suivent sans se regarder et souvent s’opposent dans leur organisation et dans les valeurs et principes autour desquels ils se construisent.
Certains privilégient la coopération pendant que d’autres mettent en œuvre la compétition et la concurrence.
Certains permettent à l’enfant de participer, lui proposent de donner son avis, alors que les autres le perçoivent comme un être obéissant et passif.
Certains prônent l’expression et la création et les autres amoncèlent, transmettent et voient l’enfant comme un objet, un vase à remplir.
Certains laissent l’enfant aimer, désirer, quand les autres contraignent et dirigent…
 
Le mieux n’est pas toujours à l’école, le pire n’est pas toujours dans la structure d’accueil ou de loisirs.
On entend, depuis la parution du décret de janvier dernier, s’exprimer l’inquiétude d’enseignants et de parents à propos du nouveau temps périscolaire qu’il prévoit, de la qualité des propositions éducatives et des méthodes pédagogiques, ainsi que de la formation des animateurs. C’est une excellente chose. Il faudrait aussi s’inquiéter du contenu des heures de classe, des méthodes pédagogiques et de la formation des enseignants.
On entend depuis la parution de ce décret s’exprimer des inquiétudes sur le long temps passé en collectif par les enfants. C’est une réalité, mais décret ou non, il ne change pas quantitativement. Et comment pourrait-il diminuer ? Arrêter de travailler pour les mères (ou les pères) ? Donner aux familles les moyens de s’offrir des éducateurs à domicile ? Diminuer le temps de travail ? Engager une révolution économique ?
 
En attendant… il est urgent de mettre le qualitatif au cœur de tous les temps éducatifs et de repos des enfants.
Difficile, car le décret sur l’aménagement du temps ne prend pas en compte le temps de l’enfant dans sa globalité, il le réduit à la journée et à la semaine scolaire. Pourtant, le temps de l’enfant, c’est tous les jours, toutes les semaines, toute l’année. Ce temps devrait pouvoir s’étendre tranquillement sans pression, sans discordances avant, entre et après l’école, vacances comprises.  
En tant qu’enseignants Freinet, en tant que militants pédagogiques, nous souhaitons bien sûr que tous les espaces que traverse l’enfant, que tous ses temps de vie et d’apprentissage soient en cohérence et irrigués par nos valeurs et principes pédagogiques.
La pédagogie Freinet peut et doit vivre dans les centres de loisirs, dans les associations de quartier, dans les accueils du matin et du soir… et ne devrait pas se cantonner à la classe ou à l’école.
 
Mais comment faire ?
Il y a le CAPE (Collectif des Associations Partenaires de l’École publique), bien sûr, qui rassemble les acteurs de ces temps éducatifs dans et hors l’École. Il pense et il construit collectivement, mais ce n’est pas suffisant si chaque organisation ne permet pas à ses militants de penser et de construire collectivement. Chacune d’elles propose des formations. On pourrait imaginer des moments communs, cela s’est fait, se fait et peut se faire plus souvent.
Des formations à l’interne, mais aussi à l’externe pour que les enseignants, éducateurs et animateurs mutualisent leurs expériences, participent à des stages dans des classes et dans des structures éducatives, que ce soit en formation initiale ou en formation continue. Des modules de formation dans les ESPÉ et des animations pédagogiques dans les circonscriptions de l’Éducation nationale.
On peut aussi rêver d’universités d’été, de journées d’étude communes !
 
Freinet rêvait d’un « Front de l’enfance » qui réunirait toutes les organisations mobilisées pour l’enfance. Il est temps d’œuvrer ensemble pour penser le temps de l’enfant dans et hors l’école et bien sûr dans l’intérêt de l’enfant.
Catherine Chabrun
Print Friendly

Répondre