PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Universités et Territoires n°93 – 11 juin 2013 :

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Les nouvelles dispositions législatives, actuellement en discussion à l’Assemblée Nationale et au Sénat, vont modifier notre  organisation territoriale. Elles font écho à de nombreuses publications qui, ces dernières années, ont mis en avant la nécessité de repenser nos organisations institutionnelles locales. Pour aborder ces sujets, nous avons rencontré Louis Maurin directeur de l’Observatoire des inégalités.

Pour beaucoup de chercheurs, ces évolutions sont incontournables pour mieux prendre en compte les changements de  comportementaux sociaux des individus, les mutations de notre mode de production et la maitrise de nos dépenses. Ces transformations ont des incidences sur la nature de nos politiques publiques, singulièrement, en matière de solidarité. Les phénomènes spatiaux paraissent télescoper avec plus de forces les phénomènes sociaux. Ceci pose avec acuité la question des inégalités et le traitement dont elles doivent faire l’objet dans les années à venir. Ce contexte nous permet de signaler le dixième anniversaire de la création de l’Observatoire des Inégalités, www.inegalites.fr .

Lors de notre échange, Louis Maurin, son directeur, précise que la question territoriale « est un invariant qu’il est important de situer dans l’espace et le temps » lorsque l’on évoque l’état des inégalités à l’échelle notre pays. Cet élément est aussi fondamentale, selon lui, que « le sexe, les catégories professionnelles ou les domaines d’analyses tels que la santé,  l’éducation, l’emploi… ».

Après une décennie de travaux l’Observatoire a produit des analyses et dressé des états des lieux. Pour son directeur, « la publication de ces données a démontré, que, même si la localisation est importante, la composition sociale d’un territoire reste déterminante ». Elle conditionne son niveau de fragilité et de précarité.

Ce constat a été particulièrement significatif et visible après l’édification des zones d’habitats sociales dans les années 60 et 70. Au sein de ces grands ensembles, la dureté de la crise économique a sensiblement dégradées la vie des habitants et leur environnement urbain. Dans les années 80, cette situation a conduit d’imaginer une ambitieuse politique volontariste impulsé par l’État et relayé par les collectivités locales : la politique de la ville.

Démarche métropolitaine

Si depuis, loin s’en faut, tous les problèmes n’ont pas été résolus. Néanmoins, un consensus se dégage désormais pour favoriser l’intégration et la connexion des zones urbaines sensible à la ville elle-même. C’est l’un des intérêts de la démarche métropolitaine qui permet d’appréhender de manière plus panoramique et plus conjugué les politiques de développement urbain et social.

Aujourd’hui, les modèles urbains sont moins spécialisés et les individus sont plus mobiles. Pour Louis Maurin, ceci renforce le fait que « le zonage est moins important que les gens qui vivent sur un territoire ».

Il cite l’exemple de « la création de logements sociaux dans des programmes de centralité au sein des villes qui rend plus difficile d’aborder les inégalités en matière d’éducation uniquement par le prisme du territoire ». Il évoque également les enjeux nouveaux liés au phénomène de la périurbanisation et de l’étalement urbain. Ceux-ci sont plus complexes qu’ils n’y paraissent.

En effet, si cette réalité urbaine « fait l’objet d’un certain mépris » de la part de certains concepteurs ou penseurs de  l’aménagement du territoire, « elle traduit une réelle aspiration de vie personnelle pour une frange importante de population qui y réside ». Contrairement aux zones urbaines sensibles, il s’agit pour la majeure partie des familles un habitat choisit. En ce sens, l’approche métropolitaine pour être pertinente doit amener à « regarder un paysage en observant de manière plus fine les parties, pour ne pas occulter la réalité » analyse Louis Maurin. L’action public locale nécessite d’être doté d’une loupe et d’une longue vue.

Un outil de lecture

Pour cela que les décideurs doivent se féliciter de l’existence d’outil d’analyse tel que l’Observatoire des Inégalités. Dans son champ, celui-ci alimente la réflexion en maintenant un lien indispensable entre l’état réel de la société et les représentations véhiculées dans l’espace politique.

Cette initiative participe de la nécessité d’oxygéner notre démocratie et de faire preuve de précision dans la lecture des phénomènes sociaux. Ceci est d’autant plus important que le processus décentralisation initiée au début des années 80 se poursuit. Il a connu, et connaitra encore, des hauts et des bas. A travers l’ambition métropolitaine et le renforcement du poids des grandes agglomérations l’objectif politique est de prendre en compte la déclinaison urbaine de la mondialisation. Celle-ci génère de nouvelles formes d’inégalités qu’il est nécessaire de comprendre pour pouvoir les traiter de manière efficace. Pour cela, à l’heure d’une territorialisation plus affirmée de l’action publique, « l’existence de contre-pouvoirs semble indispensable » à Louis Maurin « pour se préserver de tout clientélisme local » qui sont sources de remise en cause du caractère égalitaire de notre République.

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