PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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La rentrée du gouvernement a été placée sous le signe de la France de 2025. C’est une décision extrêmement importante même si quelques agités, bêtement agressifs, ironisent sur « le concours de la copie de Madame Soleil à Monsieur Nostradamus ». Une autre opposante au gouvernement conteste l’honnêteté de la démarche – ce qui peut être de bonne guerre – mais reconnaît que « la prospective, c’est utile » et admet qu’il est nécessaire que les ministres se projettent au-delà du quotidien, que « la prospective sert normalement de préparation à l’action ».
 
On ne peut pas ne pas se réjouir de cette décision, notamment sur Educavox dont la ligne éditoriale s’inscrit délibérément, et depuis sa création, dans la construction d’une vision raisonnée du futur.
 
Il s’agit bien entendu de tenir compte du passé et du présent, des réalités et des contextes, mais avec la volonté de penser l’avenir autrement qu’au travers des améliorations de l’existant, des corrections, des adaptations, des modernisations de surface, auxquels les politiques nous ont habitués depuis tant d’années. L’idée même de réforme fondamentale est dangereuse du point de vue électoral et électoraliste, les pouvoirs hésitent toujours et craignent les ruptures. Même si l’on répète à l’envie que gouverner, c’est prévoir, on fuit le long terme. Bien sûr, les progrès sont rapides, les évolutions des technologies et des usages peuvent surprendre, mais les prospectivistes sont capables de mettre en perspective, de tracer les voies du possible, de définir différents scénarii, de problématiser et de mettre en débat citoyen. Attendons donc les « devoirs de fin de vacances » des ministres pour voir un peu ce qui peut nous attendre, nous et nos enfants, quelles sont les évolutions et les révolutions les plus probables, ce que l’on peut espérer, ce que l’on aimerait construire et partager pour un monde meilleur.
 
Reste que dans bien des domaines de la vie de l’Etat et de la Nation, l’exigence présidentielle bousculera, inévitablement et heureusement, les politiques engagées. Ce sera particulièrement le cas pour l’éducation. L’idée de refondation de l’école, que l’on a trop souvent oublié de définir et de mettre en débat au niveau de toute la Nation, sera remise en cause dans la mesure où, malgré les réparations nécessaires mises en œuvre après une longue période de destruction et malgré les projets d’adaptation du fonctionnement du système, il est évident que la vision prospective a manqué et que cette énorme lacune pèsera sur la crédibilité du projet et sur sa réalisation.
 
Comment peut-on concevoir en effet que l’on puisse bâtir une refondation sans toucher aux fondements profondément marqués par une idéologie ultra libérale autoritaire : programmes indigents imposés sans concertation conservés et cautionnés, maintien voire renforcement de pratiques désuètes de gouvernance, persistance de conceptions mécanistes désastreuses (évaluationnite aigue, contrats d’objectifs insensés, théorie de la priorité à la recherche des carences et des fautes avec l’illusion de la remédiation, etc). Et surtout, absence d’un grand débat national sur les finalités de l’éducation globale, sur les objectifs généraux transversaux communs à toutes les catégories d’intervenants éducatifs sur un même territoire, sur les savoirs nécessaires à l’éducation du futur, sur le choix et la place des disciplines scolaires classiques par rapport à l’évolution exponentielle des savoirs de l’humanité et de leur diffusion.
 
On me dit que cela va venir, que des comités et des conseils supérieurs (massivement composés de savants « disciplinaires ») travaillent sur ces questions et feront des propositions dans quelques années. On peut l’espérer. Les observations et rencontres sur le terrain montrent qu’il aurait mieux valu ne pas attendre frileusement car la refondation pour l’heure ne touche que les apparences sans rapport avec une vision de la France et du monde en 2025.
 
Il faut toujours des impatients pour tenter de bousculer les conservatismes et le règne de l’apparence. Puissent les impatients faire entendre leur grain de sel. 
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