PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Permettre, dans le cadre d’un socle commun de connaissances, de compétences et de culture, l’accès de tous les jeunes aux savoirs, savoir-faire et savoir-être indispensables dans notre société de la connaissance pour une éducation et une formation tout au long de la vie qui s’inscrit dans des espaces et des temps qui sont ceux de la complexité et de la mondialisation.

Cet enjeu constitue un défi. Or, pour répondre à ce défi, deux éléments sont indispensables et sont à mettre en interaction.

D’une part, il faut que le système éducatif rétablisse des liens de confiance avec les enfants et les adolescents – tous les enfants et tous les adolescents =, avec les familles – toutes les familles.

En outre, dans notre société, où même l’obtention d’un diplôme n’est plus gage de celui d’un emploi, l’École risque de perdre toute signification pour certains jeunes. À l’heure actuelle, sauf à faire preuve d’irresponsabilité, personne ne peut ni ne doit sous-estimer ces phénomènes. Ni ignorer ce que l’ensemble des acteurs sent confusément, à savoir que le système éducatif ne
peut plus perdurer sans avoir à se transformer sous peine de se couper d’une partie de la population scolaire.

Ceci appelle très clairement une révolution culturelle parce que l’École et les jeunes générations qui doivent pouvoir en bénéficier pleinement ne seront plus jamais celles du passé. Et même s’il ne peut être demandé à l’École, nous le savons, de tout assumer toute seule, elle a, pour atteindre ces objectifs, à développer l’interdisciplinarité, à actualiser ses contenus d’enseignement, ses programmes, à adapter son organisation, ses modes d’évaluation des acquis, ses rythmes, ses démarches, ses méthodes, sa relation aux jeunes et aux habitants et à reconstruire la formation de ses personnels.

D’autre part, l’École doit à prendre en compte son environnement éducatif, culturel, numérique, social, économique, qui est source d’acquisition de savoirs, de savoir-faire, de savoir-être, à condition qu’il soit organisé au bénéfice de l’enfant, du jeune considéré dans sa globalité. Car c’est le même enfant, le même jeune qui s’éduque, se forme, apprend, agit à n’importe quel moment, en n’importe quel lieu, dans n’importe quelle activité. L’individu ne se morcelle pas. Il s’agit donc de mettre en relation tous ces moments et lieux par la prise en compte de toutes les temporalités, de tous les espaces.

Ainsi, l’Ecole ne peut plus faire autrement que d’être pleinement partie prenante des territoires afin que se bâtissent alliances et fédérations de volontés et d’énergies entre les éducations formelle, non-formelle et informelle au sein d’espaces éducatifs concertés et ce, dans le cadre de projets de territoire.Cela implique d’admettre pleinement que, aux côtés des savoirs académiques, existent des savoirs culturels, des savoirs vécus, des savoirs d’action, d’expérience ou d’engagement et que, pour une bonne partie des jeunes, l’accès aux savoirs scolaires passe par la reconnaissance de leurs savoirs "externes à l’Ecole car cette reconnaissance peut donner sens aux savoirs scolaires. De la même manière, cela implique d’accepter pleinement le fait que tous les temps éducatifs contribuent à l’acquisition par tous d’un socle commun de connaissances, de compétences et de culture.

Ces projets éducatifs de territoire ont à réunir personnels de l’éducation – de la formation initiale et continue-, enfants, jeunes, parents, familles, élus, collectivités territoriales, services de l’Etat, institutions et organismes du champ social, associations, enseignement supérieur, mondes culturel, sportif et économique et tous lieux et moments qui, à des titres et degrés divers, participent de la vie de ces projets.

Ces projets ont à intégrer ceux des établissements scolaires, redonnant ainsi un nouvel élan à l’École en lui conférant, en tant que lieu d’apprentissage, de socialisation et d’éducation, un rôle irremplaçable d’accompagnement dans la structuration des informations et des connaissances, dans le plaisir de comprendre et d’interpréter le monde. Une Ecole qui, à son tour, apporte aux territoires en devenant un pôle de ressources et d’animation. C’est, à l’initiative de la Ligue de l’enseignement en lien avec l’association Education & Devenir, que la démarche de développement de « Maisons des savoirs et de la formation tout au long de la vie» dans le cadre des établissements scolaires a pris forme.

Ces projets éducatifs de territoire doivent permettre de combattre les inégalités sociales, culturelles, démographiques, géographiques et économiques dans un esprit qui n’est pas celui d’une illusoire égalité des chances donnée aux individus mais dans celui de l’égalité d’accès au droit à l’éducation, à la formation et à la culture pour tous, parce que « tous sont capables».

Ces projets visent aussi à s’attaquer aux discriminations, en particulier ethniques, d’autant plus intolérables quand ce sont des jeunes scolarisés – nos jeunes, les citoyens de demain, et ceux l’étant déjà, puisque ayant 18 ans – qui en sont victimes. Ces projets visent également à atteindre l’objectif de faire accéder le plus grand nombre aux connaissances, à la capacité d’expression, à la découverte de l’autre, par des pratiques qui donnent place à la parole, à l’acte, à la création et à la solidarité.

Ces projets visent, enfin, à enclencher des dynamiques d’estime de soi et de son territoire pour tous les habitants, avec ses conséquences en termes de revitalisation du local, de renforcement du lien social, d’ouverture au monde et de développement.

Dans la réalité, nous savons bien que l’enjeu fondamental, c’est la capacité qu’ont les acteurs de négocier entre, d’une part, leurs attentes propres, leurs intérêts particuliers légitimes – qui, tout aussi légitimement, fondent leur motivation à s’investir dans le projet éducatif territorial- et, d’autre part, et d’une certaine manière, « l’intérêt général éducatif» qui doit les conduire à se retrouver sur des valeurs communes, des objectifs communs, des méthodes de travail afin de surmonter leurs différences pour en faire une richesse où chacun est assuré d’avoir créé les conditions pour obtenir des résultats conformes à ses attentes. Mais ce n’est possible que si, au départ, on accepte la réalité suivante: l’appréhension du temps qu’ont les différents protagonistes n’est pas uniforme, il faut donc penser en termes d’articulation permanente entre court, moyen et long terme.

L’élaboration d’un projet éducatif doit donc prendre appui :

_ sur un diagnostic participatif avec les habitants et avec les jeunes,
_ sur la définition collective de valeurs autour du vivre-ensemble,

_ sur la formalisation, également collective, d’intentions éducatives autour d’une visée qui est, je le répète, de faire accéder le plus grand nombre aux connaissances, à la capacité d’expression et à la découverte de l’autre.

Cette élaboration de projet éducatif appelle la mise en oeuvre d’un certain nombre d’éléments indispensables, qu’on peut énumérer :

– conjugaison de l’expérience, de la mémoire, des identités, des acquis, des réalisations et des projets des territoires,
– acceptation des durées nécessaires pour convaincre, mobiliser, fédérer, unir et pérenniser,
– construction d’un pilotage reposant sur la mise en réseau, la mutualisation, la transversalité,
– existence d’une volonté politique qui, si elle fait défaut, rend quasiment vains tous les efforts engagés
– traitement de la demande et réponse aux besoins pour faire vivre cette volonté politique, notamment en matière de prévention et/ou de combat contre les inégalités culturelles, sociales, démographiques, géographiques et en matière de lutte contre les discriminations.

Ceci afin que chaque enfant, chaque jeune soit pris en considération dans une stratégie qui combine le collectif et l’individuel.

Cette place faite à l’enfant et au jeune est un facteur de développement local et de renforcement du lien social qui peut contribuer à cimenter solidement des territoires. Et ce, parce que cette place faite à l’enfant et au jeune est un pari pour l’avenir des territoires concernés qui intéresse la plupart de leurs habitants et qui encourage les relations intergénérationnelles. De la même
manière, cette prise en compte de l’enfant et du jeune ouvre la voie à une prise en charge partagée de l’éducation par toutes les composantes d’un territoire dans le cadre de cohérence que permet un projet éducatif territorial fondé sur des diagnostics, des objectifs, des évaluations, des régulations explicites et partagés par les habitants et l’ensemble des acteurs.

Cette éducation partagée, c’est un acte citoyen, c’est un acte de confiance dans une période où la société hésite sur son avenir, n’arrive plus à communiquer avec une partie de sa jeunesse, laquelle, elle-même, échange très difficilement avec les autres jeunes et se sent victime d’injustices.

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