PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs


Anticipant sur la "trève des confiseurs" et préférons aux conflits en cours une image surprenante. Les PEP, un mouvement d’éducation populaire, ont investi, durant 3 jours, un bâtiment qui fut longtemps le lieu même du capitalisme, le Palais Brongniart, "la Bourse" où ont été pieusement conservés "la corbeille" et le tableau noir où étaient portés, à la craie, les cours. Plus de traders ou de courtiers en costume-cravate, mais des jeunes handicapés qui assuraient l’accueil en souriant et partout des représentants de cette économie sociale et solidaire qui prenait, en quelque sorte, sa revanche sur la finance… Il ne faut certainement pas pousser plus loin le jeu des symboles, mais revenir sur ces trois journées qui ont été l’occasion de la signature d’une convention avec la ministre en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion (lire ici). Se sont succédé des ateliers, des tables rondes, des conférences, autant de témoignages de la vitalité de ce mouvement qui a fait de "la solidarité" sa valeur première…

 

Pourtant Aline Becker, secrétaire générale adjointe du SNUIPP, a évoqué au cours d’une table ronde sur les PEDT (projets éducatifs de territoire) et les rythmes scolaires, le recul de l’influence de l’éducation populaire chez les jeunes enseignants. La masterisation a accentué un mouvement amorcé de longue date. Les nouveaux professeurs des écoles n’ont plus cette culture qui passait par le BAFA et les "colos". La réforme des rythmes met d’ailleurs souvent en concurrence des associations déstabilisées par la perte du créneau du mercredi matin. Ont-elles toujours conscience d’assurer une mission de service public ? Sont-elles considérées par les municipalités comme des prestataires, ou comme des partenaires ? Et elles-mêmes, comment se voient-elles ?

Les communes qui avaient mis en place des PEL (projets éducatifs locaux) se plaignaient souvent que les enseignants étaient peu présents. Combien d’entre eux se souciaient d’ailleurs de ce que devenaient leurs élèves après 16h30, du moins ceux qu’ils ne gardaient pas à "l’étude" ? Aujourd’hui, certaines associations peuvent avoir au contraire le sentiment qu’avec les PEDT, l’Education nationale a repris la main, puisque les inspecteurs et les DASEN ont un droit de regard, voire de veto… Quant aux parents, ils ont voulu avoir le week-end complet avec leurs enfants, mais à en juger par les taux de fréquentation des TAP (les activités générées par la réforme), mais aussi de la restauration scolaire, et des accueils avant et après l’école, ils demandent à la puissance publique, Etat, mairie ou autre, de les prendre en charge les autres jours de la semaine … si possible sans bourse délier.

Si l’occupation de la Bourse par les PEP a une valeur symbolique, c’est parce qu’elle marque cette grande demande sociale qui ne date pas d’hier, mais que la réforme des rythmes exacerbe. Or il se trouve que l’Ecole, comme l’a souligné George Pau-Langevin, ne peut plus assurer seule l’éducation des enfants. Le marché ne le peut pas non plus. Le mouvement associatif et l’économie sociale ont un espace nouveau pour se développer. La ministre déléguée, qui a ouvert l’une des tables rondes; a indiqué que le "pacte pour la réussite éducative" était ouvert maintenant à la signature de tous ceux qui souhaitent s’engager…

* ToutEduc fait confiance à ses lecteurs pour respecter le travail de ses journalistes, et ne "forwarder" sa lettre et ses dépêches (même au sein d’une même entreprise, institution ou association) qu’à des personnes susceptibles de s’abonner, sauf dans le cas d’un établissement scolaire. Les photocopies doivent être déclarées au CFC.

Print Friendly

Répondre