PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Définir l’éducation populaire est difficile, car il y a aujourd’hui à peu près autant de définitions que de mouvements. Cerner l’éducation populaire dans une perspective historique n’est pas plus simple, l’éducation populaire s’inscrivant dans des traditions différentes. Il en va de même si nous en explorons ses contours dans une perspective géographique, car, contrairement à une idée bien arrêtée en France, l’éducation  populaire n’est pas une exception française, des mouvements d’éducation populaire existant dans d’autres pays, depuis longtemps. Comme j’y ai été invité, je me limiterai ici à une mise en perspective historique, à partir de laquelle je tenterai de dégager d’éventuels invariants et des valeurs de l’éducation populaire1.

Aux origines étaient les «Lumières» !

Si nous retenons la généalogie usuelle de l’éducation populaire, celle-­ci prendrait son origine lors de la révolution française, dans le fameux rapport de Condorcet (1743?1893) daté d’avril 1792 consacré à «L’organisation générale de l’Instruction publique »2. Dans ce texte, Condorcet posait que «tant qu’il y aura des hommes qui n’obéiront pas à leur raison seule, qui recevront leurs opinions d’une opinion étrangère, en vain toutes les chaînes auraient été brisées, en vain ces opinions de commandes seraient d’utiles vérités ; le genre humain n’en resterait pas moins partagé entre deux classes : celle des hommes qui raisonnent, et celle des hommes qui croient. Celle des maîtres et celle des esclaves ». Et sur la base de ces considérants, il pose les bases de l’instruction publique :  « Elle doit, dans ses divers degrés, embrasser le système tout entier des connaissances humaines, et assurer aux hommes, dans tous les âges de la vie, la facilité de conserver leurs connaissances et d’en acquérir de nouvelles ».

1Nous prendrons ici comme « histoire » ce que nous avons par ailleurs appelé le récit légendaire de l’éducation populaire, c’est à dire le récit convenu donné habituellement comme histoire de l’éducation populaire qui nécessite un examen critique (voir Jean-­Claude Richez, « La mémoire légendaire de l’éducation populaire », Pour, n°181, mars 2004, p106-­114).
En reprenant les trois niveaux de scientificité de l’histoire dégagés par Paul Ricoeur nous ne mobilisons ici ni l’histoire documentaire « qui relève des critères de vérification », ni l’histoire explicative « ouverte à la controverse », mais d’une histoire qui est interprétation et écriture « des grandes affabulations de l’auto compréhension d’un mouvement. Paul Ricoeur parle ici de nation à travers ses grands récits fondateurs » (Paul Ricoeur, La critique et la conviction, Pluriel, Hachette littérature, Paris, 2002, p.132.
2 Rapport sur l’organisation générale de l’Instruction publique présenté à l’Assemblée nationale législative au nom du Comité d’Instruction publique les 20 et 21 avril 1792 par Condorcet dans Nicolas de Condorcet, Cinq mémoires sur l’instruction publique, édité par Charles Coutel et Catherine Kintzler, Garnier-­?Flammarion, 1994.

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pdf/JCR-ValeursEducationPopulaire_1_.pdf

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