PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

L’éducation inclusive, c’est une école qui cherche à faire réussir tout le monde sans exclusion, qui cherche à donner à tous les mêmes chances. Mais cette école, peut-elle se suffire à elle-même, se construire en s’isolant du monde dans laquelle elle est insérée de fait ? Peut-elle se fonder sur le seul enseignement de connaissances, la préservant de la société réelle et vivante ? 

Avec cette vision sociale et cette conception académique, encore bien souvent partagée, elle continuerait de produire une école élitiste pour une minorité, avec une autre minorité s’y sentant exclue, et sans que la majorité s’y épanouisse. L’éducation inclusive ne peut rester hors sol, elle a besoin d’être articulée avec la vie réelle, avec la vie active. Elle a besoin d’être produite en rapport avec les acteurs de cette société. Et cela, dès l’enfance. Ce rapport à la vie réelle n’est-il pas, d’ailleurs, une bonne façon d’apprendre et de se cultiver ? Et ce processus de « main à la pâte » devrait se prolonger lors du passage de l’enfance à la jeunesse. Et plus encore, quand se pose pour les jeunes la question de la transition de l’école à l’emploi, s’impose alors la nécessité de cette alternance de l’apprentissage des savoirs théoriques et de leur application en milieu professionnel.

Ainsi l’éducation inclusive doit l’être aussi dans ses finalités sociales. Son objectif est de se soucier prioritairement de ce que deviendront ceux qu’elle forme. L’objectif de l’école est aussi de préparer les jeunes dont elle a la charge, à être en mesure de s’insérer dans la vie active selon leurs compétences. Les aider à se réaliser pleinement, c’est aussi les guider, le moment venu, dans cette transition de l’école vers l’emploi. Comment l’école peut-elle favoriser cette finalité de l’inclusion vers l’emploi ?Il va sans dire que l’école ne peut seule y concourir. Il lui faut partager cet objectif avec d’autres acteurs. Cette éducation doit être partagée entre le monde éducatif et le monde social, avec les acteurs de toutes sortes qui participent de la vie locale, avec le monde du travail qui produit de la valeur et de l’emploi.

A cet égard, l’expérience du Rallye Jardin à Villiers-le-Bel est significative. Les jardins ouvriers au cœur de cette ville du Val-d’oise devenaient souvent la scène de confrontation entre bandes rivales. La redécouverte de ce poumon vert par les jeunes des écoles, en même temps qu’une animation participative sur les enjeux du développement durable dans les classes, a été mise en œuvre depuis 2009 par la mairie avec une association de l’Education populaire. Un rallye des jardins, préparé tout au long de l’année avec les enseignants et les familles, permettait aux jeunes de présenter à la population leurs projets sur les différents aspects du développement durable dans la ville.

Après le succès de cette dynamique citoyenne avec les jeunes, il est apparu nécessaire d’explorer les perspectives d’évolution du projet en articulant cette pratique d’éducation scolaire et populaire avec le monde de l’insertion socioprofessionnelle des jeunes. Ce qui a conduit, aux termes d’une démarche sociologique participative, à proposer de faire évoluer le projet pédagogique vers un décloisonnement du monde de l’éducation populaire vers celui de l’économie sociale et solidaire (ESS), associé à la démarche environnementale, dans un périmètre territorial élargi (de la commune à l’agglomération et au bassin, où se construit un agenda 21).

Dans la même évolution élargie, pourront se développer, pour la tranche d’âge concernée du collège et du lycée professionnel et technologique, un rapprochement avec le monde de l’entreprise, conduisant à la découverte des métiers et du milieu professionnel, à des coopérations écoles entreprises, puis à la mise en place de processus d’alternance et d’apprentissage avec le tissu économique local. Ainsi, en s’adressant à la jeunesse, pour qui l’horizon de réalisation s’inscrit aussi dans la perspective de s’orienter et de trouver un emploi, se pose la question de construire une dynamique inclusive avec les acteurs économiques (privés, publics, de l’ESS) et les familles, pour réussir la transition de l’école à l’emploi.  Et naturellement, jusqu’au supérieur.

Des politiques de formation professionnelle et d’emploi dans ces perspectives

Une éducation inclusive, c’est donc aussi une école qui prépare au mieux les jeunes, selon leur niveau scolaire et d’études, à aborder le monde social, au-delà de l’école, le monde de la vie active, le monde professionnel. Après l’annonce par le gouvernement mi 2013 de la négociation de la réforme de la formation professionnelle, le Président de la République avait souligné l’importance, dans cet objectif, des coopérations entre l’école et l’entreprise. C’est en effet, un moyen pour faciliter l’orientation des élèves, favoriser l’alternance et la pré-qualification professionnelles en cours de scolarité, développer l’apprentissage, et ouvrir plus largement la porte d’accès à l’emploi pour les jeunes en France.

A été institué, avec la loi de refondation de l’école, le parcours individuel d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel, au bénéfice de tous les élèves, de la classe de 6e à la terminale. A suivi, en novembre, la mise en place du Conseil National Education Economie réunissant tous les partenaires sociaux, économiques, éducatifs et de l’Etat concernés, y compris des conseils régionaux, pour moderniser les formations professionnelles initiales, anticiper l’émergence de nouveaux métiers, rénover en profondeur les compétences attendues dans de nombreuses branches,…

La négociation (dont a été absente l’Education nationale) de la réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage fin 2013 a profondément renouvelé la logique de formation (accessible pour tous quel que soit le statut de l’apprenant), avec la création de nouveaux outils, le CPF (compte personnel de formation), ainsi que le CEP (conseil en évolution professionnelle) obligatoire en entreprise. Mais la séparation, lors de cette réforme de la formation professionnelle, des deux Ministères dont dépendent les formations professionnelles initiales, l’Education nationale et l’alternance sous statut scolaire, et le Ministère du Travail pour l’apprentissage, a maintenu cette division préjudiciable à la transition de l’école à l’emploi.

Avec la diminution du nombre d’apprentis en 2014, l’appel de Louis Gallois à une mobilisation nationale pour l’alternance et l’apprentissage et la Conférence sociale de juillet 2014 ont tiré les leçons de cette aggravation de la situation des jeunes sur le marché du travail et décidé de la coopération renforcée de ces deux voies de la formation professionnelle initiale en France.

L’aggravation de la situation économique et sociale pousse en effet à la prise de conscience de la nécessité de développer, à cet égard, la responsabilité et la solidarité des acteurs économiques et des partenaires sociaux, des acteurs éducatifs et de l’emploi sur les territoires. Elle impose de renforcer l’approche commune de l’alternance et de l’apprentissage, quel que soit le statut du bénéficiaire, de promouvoir la voie professionnelle comme une voie d’excellence au bénéfice de l’emploi des jeunes notamment, de faciliter l’alternance tout au long de la vie pour chacun.

Comment conduire, au plan de la gouvernance, des projets éducatifs et sociaux globaux à l’échelle de bassins d’activité et d’emploi ?

Un bassin de vie, conjuguant activités, formations et emplois, est assurément le bon cadre dans lequel peuvent se nouer les partenariats nécessaires à la réussite de ces projets éducatifs, économiques et sociaux concourant à l’activité et l’emploi. Il s’agit de construire progressivement, aux différentes échelles depuis la commune au bassin d’emploi, de tels projets intégrés, avec les jeunes et la population, avec les professionnels des types d’actions conduisant à l’émergence de nombreuses coopérations : entre acteurs éducatifs et acteurs de la ville ; entre écoles et entreprises pour permettre aux jeunes de s’orienter, de se former dans des formations alternées ou en apprentissage, et de trouver un emploi ; entre les acteurs de la formation et les salariés ou les demandeurs d’emploi pour évoluer professionnellement et socialement face aux mutations de l’activité et de la vie. Il s’agit de faire émerger de tels projets intégrés de l’alternance tout au long de la vie, associant les deux voies de formation professionnelle – alternance sous statut scolaire et apprentissage – et les entreprises, dans la recherche du milieu professionnel où les jeunes pourront se former, se qualifier et trouver l’emploi correspondant à leur compétences. 

A titre expérimental, un tel projet intégré de l’alternance tout au long de la vie vise à être mis en œuvre sur le bassin d’attractivité du Grand Roissy, dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir « Partenariats pour la formation professionnelle et l’emploi ».

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