PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In L’expresso – le café pédagogique – le 7 mars 2013 :

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Attention, un train de débats peut en cacher un autre. Ecole du socle, rééquilibrage financier, place des élus dans les établissements : pour une partie de la gauche, la loi de refondation doit amorcer une seconde étape de refonte de l’Ecole. C’est ce que défend Matthieu Hanotin. Tout jeune député de Seine Saint-Denis, il a été un des principaux animateurs des débats de la commission des affaires culturelles et de l’éducation. Il a vivement participé à l’élaboration du texte qui sera discuté à partir du 11 mars en déposant pas moins de 13 amendements. Tous n’ont pas été acceptés et il s’apprête à les porter devant l’Assemblée. C’est que pour lui, le moment est venu d’entamer une transformation en profondeur de l’Ecole qui va au-delà de ce que demande le texte de V. Peillon.

Vous avez déposé 13 amendements devant la commission. Plusieurs demandent la construction de l’école du socle. Par exemple l’amendement 440 demandait à regrouper dans le même cycle école élémentaire et collège. Le suivant envisageait "une organisation commune et intégrée de l’enseignement permettant de passer progressivement d’un enseignement polyvalent à l’école à des enseignements monovalents au collège". C’est votre expérience de vice-président du Conseil général de Seine Saint-Denis en charge de l’éducation qui parle ?  

 Bien sur je m’appuie sur ma pratique des collèges au conseil général. Mais il y aussi le fruit de mes réflexions. J’ai acquis la conviction qu’aujourd’hui la transition entre le primaire et le collège est beaucoup trop violente et qu’elle produit de l’échec scolaire. Et pas seulement pour les élèves issus des milieux populaires. Il faut impérativement aménager une transition progressive entre l’enseignement polyvalent donné au primaire et l’enseignement disciplinaire monovalent de type académique qui est donné au lycée. Le collège doit être cette période de transition qui amène progressivement au lycée.

On ne va pas les rétablir mais rappelons nous l’époque des PEGC (un corps d’enseignant du secondaire en extinction qui était bivalent. NDLR). Même si la loi d’orientation concerne principalement le primaire, elle contient aussi des choses très positives sur le conseil école – collège, la notion de progressivité inscrite dans la loi. Mais si l’on réfléchit sur le moyen terme, je suis convaincu qu’une réforme du collège est nécessaire et qu’il est grand temps d’y réfléchir ainsi qu’aux moyens qu’on veut y mettre. Aujourd’hui on enseigne à un enfant de 11 ans en 6ème de la même façon qu’un jeune adulte de terminale. Ce sont les mêmes méthodes, le même enseignement normé, académique. Il y a des enseignants de CM2 qui enseignent 10 matières et qui trois mois après ne seraient plus capables d’enseigner à leurs élèves de CM2 ? On peut imaginer d’avoir en 6ème et 5ème un professeur polyvalent référent qui accompagne l’élève à chaque heure, organise de façon plus souple qu’aujourd’hui le temps scolaire et fait appel en fonction des besoins à des professeurs spécialistes monovalents.

Voilà ce que je vais proposer à l’Assemblée. La loi va loin sur l’école du socle. Mais je vais aller le plus loin possible de façon à ouvrir le débat sur la réforme du collège que nous devons faire durant le quinquennat.

Dans un autre amendement vous avez proposé que tous les élèves fassent un voyage à l’étranger au moins une fois.

La commission a accepté cet amendement. Ce ne sera pas une obligation mais un objectif de la loi. Ca me parait fondamental.

Dans un autre amendement, vous demandez "un rééquilibrage des moyens attribués en faveur des territoires en difficulté". L’éducation prioritaire n’est pas assez soutenue dans le projet de loi ?

Elle l’est dans le projet. Mais elle ne l’est pas dans la réalité. Quand on regarde la dépense moyenne consacrée à un élève de l’enseignement prioritaire et qu’on compare avec celle d’un élève du centre ville, il y a une différence énorme aux dépens de l’enseignement prioritaire. Il faut qu’on règle cette question. J’ai retiré mon amendement pour porter ce débat en séance. J’en ai discuté avec mes collègues et je présenterai un amendement parlant de "rééquilibrage" avec l’idée de prendre en compte la dépense par élève et non les moyens humains.

Vous souhaitez renforcer la présence des représentants des collectivités locales dans les conseils d’administration des établissements. Y compris dans le privé. Pourquoi ?

Le projet de loi va dans ce sens. Au delà du poids numérique il s’agit de renforcer l’implication de la collectivité de tutelle et donc d’appuyer le sprojets éducatifs ou de l’établissement. Pour cela il faut permettre que la collectivité soit représentée par un élu et par un fonctionnaire, de préférence celui qui suit au quotidien l’établissement. Cela assurerait mieux la continuité du service public.

Vous avez abandonné des amendements ?

Non je n’en ai pas abandonné. Durant les débats je reposerai des amendements ur 4 sujets :

– l’éducation prioritaire et son rééquilibrage

– le collège et l’école du socle

– une question dont nous n’avons pas encore parlé : la notation. J’avais déposé un amendement disant que "les modalités de la notation des élèves doivent évoluer pour éviter une notation sanction à faible valeur pédagogique et privilégier une évaluation positive… dans un climat de confiance , sans piège". Là je m’inspire nettement des travaux d’A Antibi.

– la présence des administrateurs représentant les collectivités locales et l’ouverture des collèges et des lycées en dehors des heures de cours sur l’extérieur.

Vous êtes optimiste pour la refondation ?

Bien sur. Je ne propose pas de changements profonds. Mais j’interviens dans des domaines précis qui ne sont pas au coeur de la refondation mais qui devront être traités durant le quinquennat. L’important c’est de donner des orientations. C’est ce à quoi je souhaite contribuer.

Propos recueillis par François Jarraud

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