PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

La réforme du collège et les nouveaux programmes qui vont entrer en application dès la rentrée 2016 n’inspirent pas à tous les enseignants une pleine confiance en la direction suivie par le ministère de l’Education nationale. Quand ce ne sont pas les professeurs de lettres classiques ou d’allemand qui expriment leur désarroi, ce sont les professeurs d’éducation physique et sportive (EPS).
 
En effet, via leur syndicat disciplinaire, le SNEP (syndicat national de l’éducation physique), les professeurs d’EPS s’interrogent sur les suites à donner au vote défavorable du Conseil supérieur de l’Education (CSE) concernant les nouveaux programmes. Dans un communiqué, le SNEP se fait très alarmiste sur la situation de l’EPS :
 
« Alors que le ministère lance une ‘année du sport de l’école à l’université’ avec l’objectif annoncé de développer l’EPS et le sport scolaire, alors qu’il prétend s’inscrire dans la construction d’un mouvement populaire autour de l’organisation des jeux olympiques à Paris, il choisit de vider l’EPS de ses contenus et de supprimer son évaluation au diplôme national du brevet en tant que discipline.
 
C’est une régression considérable. La profession, avec le SNEP, avait réussi à faire inscrire dans le socle les éléments fondamentaux constitutifs de la culture physique sportive et artistique. Il s’agit là, à travers les programmes, d’une entreprise de déstabilisation : aucune autre discipline ne subit un tel traitement. L’EPS devient dans les textes la discipline la plus light de tout le système scolaire. Le CSP, à l’origine de ces programmes, soutenu par des syndicats microscopiques dans notre champ d’intervention, et par l’Inspection Générale, a dit assumer ses choix. Celui visant à torpiller l’EPS en fait partie, sans état d’âme.
 
La question est : pourquoi ?
 
Soit il s’agit d’une première tentative pour, à terme, réduire la place de l’EPS : la réforme dite des rythmes à l’école primaire vient déjà d’avoir pour conséquence une baisse de l’horaire effectif de l’EPS. La volonté de le diminuer au collège n’est donc pas à exclure. L’opération programme ne serait là que pour préparer le terrain, la modification du DNB devenant une deuxième étape du scénario avec la fin, pour la première fois de l’histoire, de la prise en compte de cet enseignement.
 
Soit il s’agit d’incompétence à traiter les contenus d’une discipline qui s’adresse à chaque élève dans sa totalité. Dans les deux cas, c’est une image déplorable que donne le gouvernement, qui avait de fait de la jeunesse sa priorité !
 
Dans les faits, nous assistons à la fin des programmes d’EPS. Ils deviennent tellement généraux qu’ils ne peuvent garantir une culture commune. Cette ‘réécriture’ fait table rase des savoirs accumulés, notamment depuis1996, date des premiers programmes officiels en EPS. »

 
Face à ces fortes crispations, le syndicat enseignant SE-Unsa, qui défend la réforme proposée par le ministère, tente d’apaiser les choses. « Là où le Snep-FSU voit la mort de l’EPS, le SE-Unsa voit une réforme du collège et des programmes qui envisagent enfin l’élève dans sa globalité et non comme un récipient avec plusieurs compartiments à remplir. L’EPS y prend sa part, comme toutes les autres disciplines, pas plus, pas moins. »
 
Dans un communiqué, le SE-Unsa défend vigoureusement à la fois la réforme du collège et les nouveaux programmes de l’EPS :

« L’EPS est-elle en danger ? Notre spécificité disciplinaire ne peut pas être remise en cause puisque nous sommes les seuls au sein des différentes disciplines à travailler en grande partie sur les ressources motrices des élèves.
 
Les effets de cette réforme, de ces programmes ne se mesurent pas au nombre de pages accordées à telles ou telles disciplines par rapport à l’autre ; il n’est pas question de (re)-mettre en compétition les matières entre elles, mais bien de les aborder GLOBALEMENT, à travers ce qu’elles peuvent apporter au socle. Là où le Snep-FSU s’arrête à la forme des programmes EPS, certes à compléter, nous voyons la portée pédagogique du fond d’une telle prise de position.
 
Depuis que l’on ne considère plus l’enfant comme un vase passif à remplir de savoirs, de techniques vides de sens, les professionnels de l’éducation, vous, professeurs d’EPS, agrégés d’EPS, chargés d’enseignement, œuvrez avec vos collègues d’autres disciplines pour donner du sens aux savoirs pour mettre en lumière les fils qui relient les matières entre elles et qui participent à la formation du citoyen de demain ; par des actions parfois « bricolées » vous agissez au niveau pédagogique en créant des alliances que d’autres syndicats considèrent comme impossibles :
 
-Utiliser un texte analysé en français pour s’exprimer en danse avec son corps.
 
-Utiliser les calculs de vitesses et les statistiques pour travailler sa VMA.
 
-S’appuyer sur des éléments de cartographie pour faire une course d’orientation
 
-Collaborer avec les professionnels de la vie scolaire et utiliser certaines formes de regroupement pour travailler sur le vivre-ensemble.
 
Eh bien, elles existent déjà en partie sur le terrain ces fameuses EPI ! Elles ne sont pas hors-sol ! Elles servent un projet bien plus global que le projet disciplinaire ! En somme, elles permettent de donner du sens aux apprentissages des élèves sans retirer les connaissances et savoirs propres aux disciplines.
 
Nous, professeurs d’EPS, ne sommes pas là pour fabriquer des sportifs et sportives de haut niveau. L’important pour chaque élève est qu’il ait compris comment interagir avec autrui pour servir le collectif, qu’il maitrise les outils du vivre-ensemble, qu’il puisse réinvestir ces connaissances/compétences/savoirs dans un contexte différent (celui du cours de langues vivantes en travail de groupe par exemple), et in fine lorsqu’il sera adulte, qu’il puisse agir avec les autres avec des codes communs.
 
Les nouveaux programmes d’EPS sont conçus pour permettre ces liens interdisciplinaires, pour souligner la contribution de chaque discipline, dont l’EPS, aux compétences du socle dans les 5 domaines. Ils ne sont pas des documents professionnels aboutis. Pour le SE-Unsa, ils doivent être complétés, étoffés par les professionnels eux-mêmes, en particulier en proposant des niveaux de maîtrise progressifs. Mais ils ne doivent certainement pas être recentrés sur les APSA, car encore une fois, ils servent,… nous servons un projet bien plus global que celui de notre champ disciplinaire, même si nous sommes garants d’apprentissages moteurs spécifiques. 
»

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