PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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La semaine commence à peine que déjà Vincent Peillon, le ministre de l’éducation nationale affûte ses formules. Et pour cause ! Mardi, le principal syndicat du 1er degré appelle à la grève contre le retour à une semaine de quatre jours et demi de classe dans les écoles primaires, avec allègement de la journée pour les écoliers.

Même si l’administration a pointé qu’elle sera nationalement suivie à 25 % ou 30 % – bien plus à Paris -, le ministre continue son travail d’explication.

Invité sur Europe 1, dans l’émission politique du dimanche matin, il a essentiellement évoqué trois sujets : les rythmes, le manque d’enseignants et la revalorisation du métier. Décryptage de quelques citations phares.

"Le fonds de 250 millions d’euros, c’est pas des cacahuètes !"

Ce fonds dont le chef de l’Etat a annoncé la création devant l’association de maires de France doit permettre d’amorcer la nouvelle organisation de l’école qui veut alléger les journées de classe des enfants et ajouter des activités périscolaires. Les communes ont jusqu’à fin mars pour décider si elles passent en 2013 ou si elles attendent 2014 pour se lancer, au risque de ne pas bénéficier de cet argent.

"Qu’on se décontracte, on a jusqu’à l’été pour monter les projets locaux."

Les communes doivent annoncer avant le 31 mars si elles appliquent les nouveaux rythmes à la rentrée 2013 ou à la rentrée 2014. Mais tout ne doit pas être ficelé à ce moment là puisque les municipalités ont jusqu’à l’été pour travailler le contenu de ce qui n’est qu’un cadre.

"Il y a des départements où il n’y a plus de professeurs des écoles devant les CP". 

Durant l’ère Sarkozy près de 80 000 postes ont été supprimés dans l’éducation. Afin que ces coupes soient le moins visibles possible pour les parents d’élèves, les pools de remplaçants ont été sacrifiés. A la rentrée 2012, quelques postes ont été remis en urgence dans les départements déficitaires mais cela ne suffit pas.

La Seine-Saint-Denis souffre énormément de ce manque de remplaçants et dans les zones les plus défavorisées les enfants n’ont pas d’enseignants parfois pendant plusieurs semaines y compris dans les classes où se jouent les apprentissages fondamentaux. Trouver une solution viable et pérenne sera un des grands défis du ministre. Sur le terrain les parents commencent à perdre patience.

"Nicolas Sarkozy est l’homme qui a enlevé 40 jours d’école aux écoliers français". 

L’organisation actuelle de quatre jours hebdomadaires d’école en primaire remonte à 2008. A cette rentrée là, une demi-journée de classe a purement et simplement disparu. A l’époque, les enseignants et leurs syndicats ne demandaient pas ce changement qui avait été fait pour libérer le samedi au familles. En fin de quinquennat Sarkozy, un Observatoire des rythmes scolaires a rendu deux rapports successifs qui soulignaient un consensus pour revenir à quatre jours et demi de classe. Mais il était politiquement difficile à un gouvernement de défaire ce qu’il avait mis en place quelques années auparavant.

L’écolier français a seulement 144 jours de classe par an alors que la moyenne européenne est à 180 jours. Faut-il faire le lien entre les mauvais résultats des élèves français aux évaluations internationales et cette organisation très déséquilibrée ? Entre le fait qu’un enfant ne peut pas être attentif plus de 4 h 30 par jour, alors qu’il a 6 heures de classe aujourd’hui ? Aucune étude scientifique ne le montre clairement. Le bon sens laisse pourtant penser qu’il y a peut-être un lien… Vincent Peillon a rappelé sur Europe 1 qu’il souhaitait aussi allonger l’année à 38 semaines de classe – au lieu des 36 actuelles – et alléger les journées des collégiens et des lycéens. Sans donner de dates !

"Nicolas Sarkozy a créé une dette éducative pour la France que nous allons mettre du temps à effacer".

Cette "dette" s’appelle coupe de postes. Près de 80 000 postes ont disparu dans les écoles, les collèges et les lycées sous le quinquennat Sarkozy. Français Hollande s’est engagé durant sa campagne à rétablir 60 000 postes. Vincent Peillon les a inscrits dans sa loi d’orientation qui sera discutée à l’Assemblée à partir de mars.

Les spécialistes du sujet s’accordent à dire qu’il fallait des postes, mais qu’on ne change pas l’école en remettant seulement de moyens. L’efficacité de la mesure dépendra de ce qui en est réellement fait.

"Si on ne trouve plus d’enseignants en France, c’est que le métier est difficile". 

La crise des rythmes a mis l’accent sur le malaise des enseignants du premier degré. Moins médiatisé que celui des professeurs des collèges, il est pourtant profond.

Vincent Peillon a ouvert 43 000 postes aux deux sessions de concours qui se déroulent cette année. De quoi donner le vertige quand on sait que les années précédentes tous les postes n’étaient pas pourvus, alors qu’il n’y avait qu’un concours et qu’on ne remplaçait que la moitié des départs en retraite. Le ministre est plutôt coutumier de la méthode Coué sur ce sujet, disant qu’il n’y a pas de "crise des vocations mais une crise des recrutements".

Prendrait-il la mesure du défi 2013, alors même que les résultats récents à l’admissibilité à la première session des concours 2013 ne permettra pas de remplir tous les postes dans toutes les disciplines ?

"Nous nous répartissons entre nous".

Depuis quelques semaines, l’idée court que le ministre va octroyer une prime de 400 euros aux professeurs des écoles. Pas besoin d’arbitrages avec Matignon. Cet argent existe bel et bien et est déjà budgété.

Chaque année au budget de l’éducation, figure une ligne intitulée "mesures catégorielles". Une partie de cette somme, additionnée de quelques primes de l’ère Sarkozy qui n’étaient distribuées qu’aux instituteurs de CE1 et de CM2, pourrait permettre à chaque professeur des écoles de recevoir 400 euros de plus par an.

La communication du ministre a été assez mauvaise pour que cette prime soit perçue, le jour où il l’annoncera, que comme un pis aller par rapport aux 1 000 euros que reçoit chaque enseignant dès le collège pour le suivi et l’orientation des élèves.

Vincent Peillon ouvre lundi des discussions avec les syndicats sur l’évolution du métier et préférerait que cette annonce soit perçue comme une nouvelle façon de penser le métier et non en lien avec l’effort demandé pour appliquer les nouveaux rythmes scolaires.

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