PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

« Impossible de savoir ce qui venait de moi et ce qui venait de lui ». Vincent Peillon a convoqué, le 10 septembre, le souvenir de Montaigne et de La Boétie pour parler de son amitié avec Jean-Paul Delahaye, ancien directeur de l’enseignement scolaire sous son ministère à l’occasion de sa nomination au grade d’officier de la Légion d’honneur. Devant une centaine d’invités (syndicalistes, cadres de l’administration centrale, pédagogues, ministre) les deux hommes ont surtout parlé d’Ecole et de la refondation.

 « Il faut réformer l’Ecole. C’est notre devoir », affirme Vincent Peillon. Il met en tête des efforts à mener à bien la réforme des Espe. « Il faut sortir les professeurs de la solitude dans laquelle ils sont », dit-il en évoquant les équipes pédagogiques. « La réforme de l’enseignement prioritaire doit être poursuivie ». « Tu as tout le temps eu présent à l’esprit l’idée de lutter contre les inégalités », dit-il à l’ancien Dgesco.

« Ma plus grande fierté c’est d’avoir introduit au ministère l’expression d' »enfant de pauvre », explique Jean-Paul Delahaye. « C’est à ces enfants que j’ai pensé à tout instant ». Une autre fierté : avoir sauvé les fonds sociaux du ministère , diminués de moitié sous le ministre précédent alors qu’aucune restriction n’était faite sur les crédits des élèves les plus favorisés. C’est à sa propre enfance que pense JP Delahaye. Venu d’un milieu très pauvre, l’école normale lui permet de devenir bachelier, puis de suivre des études supérieures tout en travaillant comme instituteur. « On parle d’ascenseur social mais il s’agit plutôt d’un escalier très raide », confie-t-il. « Un parcours comme le mien serait-il possible aujourd’hui ? ». L’assistance semble penser que non. Au terme de cette ascension, ces mois passés au coté de Vincent Peillon. « J’ai servi un très grand ministre de l’Education nationale », dit-il.

« Quand on sait pourquoi on travaille, on sait pour qui », explique-t-il. Pour lui, sa mission était « faire plus de justice, moins d’inégalités ». « Qui peut-être contre ? », interroge-t-il. « Personne ! A condition que ça ne perturbe pas les positions acquises ». Il évoque les résistances suscitées par la refondation dans les classes moyennes inquiètes de se démarquer des plus démunis. C’est un discours de politique éducative que délivrent en commun les deux anciens responsables du ministère de l’éducation nationale. La refondation a une finalité sociale. Les cadres du ministère applaudissent. Les nouveaux ministres le disent aussi. Mais tout le système travaille dans l’autre sens…

François Jarraud

N.B. : PRISME était présent avec plusieurs de ses membres actuels ou plus anciens.

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