PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Colin de la Higuera, président de la Société informatique de France (SIF), se félicite du « grand plan numérique » annoncé pour l’école.

Qu’est-ce qui vous fait dire que le plan numérique, annoncé par François Hollande, est « à la hauteur des enjeux » ?

Le discours a changé. Le Président a notamment parlé de « cours de codage », en précisant qu’on peut apprendre l’informatique « sans qu’il y ait besoin d’ordinateur ». Il a donc évoqué l’informatique (1) en tant que science et non d’usage. On commence à avoir une bonne définition des choses ! Il ne s’agit plus de codage gadget, mais de codage informatique, avec une pensée algorithmique. Et puis j’ai l’impression d’un choix assumé. François Hollande a choisi de mettre en avant le numérique à l’école, sans attendre d’en parler au détour d’une question de journaliste

Quel est l’intérêt d’apprendre la programmation aux élèves ?

Le monde d’aujourd’hui, et plus encore de demain, est numérique. Nous n’en sommes qu’au début, ce n’est pas un effet de mode. Il ne se passe pas une journée sans voir apparaître un nouvel usage du numérique. L’idée, selon laquelle on peut s’en sortir en apprenant juste à manipuler le petit logiciel utile à son métier, est une erreur qui commence à se voir. Pour ne pas dépendre d’une simple application, il faut rentrer dans le code, comprendre comment l’on construit les fameux algorithmes qui transforment le monde. Quitte, pour cela, à en écrire soi-même. Dès lors que l’on comprend son fonctionnement, la machine cesse de nous faire peur. Et puis il y a une façon de penser le monde qui est en train de changer. On parle désormais de « computational thinking », en français de « pensée algorithmique » : c’est-à-dire qu’on ne se contente plus de traiter un problème, on explique aussi de quelle manière on va s’y prendre pour le résoudre.

François Hollande a insisté sur sa volonté de doter tous les élèves de 5e de tablettes numériques  : est-ce vraiment une bonne idée ?

J’ai un gros doute. Est-ce sur le matériel que devrait porter la majeure partie de l’effort financier ? Quand on effectue une simulation de ce que coûterait d’équiper une classe d’âge en tablettes, on se rend compte que c’est colossal. Il y a fort à craindre que l’essentiel, la formation des enseignants, ne passe à la trappe. C’est pourtant la clé du problème : cela est le cas pour tous les pays qui nous entourent, ce doit également être le cas pour la France. Il faut un effort important sur ce point et cela coûte cher. Les tablettes sont-elles une priorité pour l’économie de la France ? Mon avis est qu’elles ne le sont sans doute pas pour l’école.

Le numérique à l’école, est-ce seulement l’informatique ?

Non, bien sûr. L’informatique c’est ce qui va faire que l’objet, tablette ou autre, sera confortable pour l’élève. En clair, l’utilisation du numérique sera facilitée pour étudier le français, les mathématiques, la physique ou encore l’histoire- géographie… Il faut donc d’une part des cours d’informatique en tant que tels, au collège et au lycée. Sans cela, l’apprentissage du code reposera uniquement sur des initiatives enseignantes. D’autre part, il est important de proposer une solide formation au sein des ESPE. C’est important notamment pour pouvoir proposer des initiations au codage, dès l’école primaire.

Note(s) :

  • (1) Colin de la Higuera est professeur en informatique à l’université de Nantes

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