PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Pourquoi une conférence de consensus sur la numération ? Président de la conférence de consensus sur la numération organisée par le Cnesco les 12 et 13 novembre, Michel Fayol, professeur à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, s’en explique. Pour l’apprentissage du nombre c’est le moment du bilan.

La numération est un sujet très pointu. Pourquoi aujourd’hui une conférence de consensus est nécessaire ?

On ne peut pas laisser les mathématiques uniquement aux mathématiciens ou uniquement aux pédagogues. Les pédagogiques savent mettre en musique les maths. Les mathématiciens savent penser les maths dans leur continuité. Il faut que ces deux mondes se rencontrent et que les uns prennent conscience de ce que signifie apprendre, les difficultés d’apprentissage. Le mathématicien ne verra pas les problèmes d’apprentissage ou les différences interindividuelles. On a besoin de donner aux uns et aux autres une culture complémentaire.

L’enjeu de la conférence c’est de marier les pratiques des enseignants aux découvertes des neurosciences ?

Ce n’est pas que les neurosciences. Les neurosciences sont un domaine fortement impliqué mais qui ne donne qu’un éclairage. Pour l’avenir de nos enfants on peut se donner les moyens d’installer des processus qui permettent de dire sur quels thèmes on a des assurances,  où il faut poursuivre la recherche et où il faut tout inventer. Pour cela il faut que les spécialistes se parlent et aient l’occasion d’échanger. C’est l’objectif de la conférence.

La réussite pour tous en maths c’est un rêve compte tenu de la place dominante des maths dans le système éducatif ou c’est une vraie exigence ?

Nous avons beaucoup progressé en quelques siècles. On ne sera pas tous médaillés Fields mais notre culture mathématique s’élève. La culture mathématique  fait partie de la culture de l’honnête homme  du 21ème siècle.

Une récente étude de la Depp a montré qu’une grosse partie de l’échec scolaire était lié au manque de maitrise du langage scolaire. Et donc pas aux maths directement.

Beaucoup d’échecs en maths ont peu à voir avec les maths pour peu qu’on observe réellement les différences entre les individus. L’échec peut être lié au rapport à l’espace, au langage ou encore à la gestion de la mémoire. Autant de facteurs que le mathématicien ne verra pas. En revanche, les pédagogues eux ont besoin de savoir que ce qu’ils prennent pour une erreur en maths est une erreur qui tient à des difficultés de langage ou de  mémoire.

L’objectif de cette conférence c’est de changer les pratiques des enseignants ?

Pas forcément. On n’est pas sur de l’efficacité de certaines pratiques bien en place. C’est cela l’objet de la conférence : faire la part de ce qui est en place et maintenir ce qui doit l’être. Peut-être fallait-il pas abandonner les 4 opérations au CP ? Peut-être faut-il utiliser davantage le jeu que des interventions en maternelle ? On ne le sait pas. La conférence permettra de faire le bilan de tout cela.

Propos recueillis par François Jarraud

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