PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Comme je l’annonçais dans un billet précédent et comme je le prévoyais depuis longtemps, la refondation était morte avant d’avoir vécue et  Benoit Hamon l’enterre définitivement tout en proclamant qu’il se met dans les pas de son prédécesseur. D’une certaine manière, il ne ment pas, la refondation ayant disparu depuis longtemps, étouffée par la réforme des rythmes scolaires.

La circulaire ministérielle sur la mise en œuvre des expérimentations des rythmes scolaires que le café pédagogique s’est procuré et publie en ce 2 mai confirme pleinement les inquiétudes des progressistes lucides.

On n’y trouve pas un mot sur la refondation. Le ministère confirme ainsi que la réforme des rythmes n’est pas la refondation. Nous le savions. Non pas que la question soit sans importance et je suis bien d’accord avec les analyses de Claire Leconte sur Médiapart, mais je regrette notamment que l’on fasse l’impasse sur la fatigue générée par les activités scolaires elles-mêmes, même dans un temps réduit. Chacun sait bien pour l’avoir vécu et pour continuer à le vivre dans sa vie d’adulte que plus l’on s’ennuie, moins on comprend le sens de son activité, moins l’on a de plaisir et plus l’on se fatigue. Ce qui signifie que si l’on ne joue que sur les horloges, on passe à côté d’énormes problèmes. Tous les enseignants savent bien, notamment les innovateurs et les militants des mouvements pédagogiques, qu’il est fréquent que des enfants de tout âge, captivés par certaines mises en situation, intéressés par des activités de production, de recherche, de création, viennent en classe plus tôt, ne veulent pas sortir en récréation, restent à la fin de l’horaire, poursuivent des travaux chez eux, etc. La refondation de l’école qui supposait une redéfinition des finalités, une remise en cause des programmes et des pratiques, une recherche du plaisir d’apprendre et d’enseigner. L’idée qu’il était possible de refonder avec les programmes de 2008, avec les mêmes pratiques, avec le même fonctionnement institutionnel a été une catastrophe, peut-être irréversible. Personne n’y croit plus d’ailleurs au grand bonheur des conservateurs de tous les bords.

On y note que le projet éducatif de territoire (PEDT) qui avait l’objet de bien des atermoiements dès le départ, qui est pourtant un point clé d’une réelle refondation, prenant en considération l’évolution des savoirs de l’humanité et de leur diffusion, la multiplicité des acteurs éducatifs autour de l’école, est à nouveau marginalisé. On y lit que l’on « peut s’inspirer, le cas échéant, d’un PEDT »

On constate à nouveau l’hégémonie de la hiérarchie pyramidale de l’Education Nationale qui juge, statue, oriente, rappelle à l’ordre, choisit, interdit, ignore, avec des pratiques de commandement, « d’animation », d’inspection, de pilotage, qui n’ont pas changé d’un iota depuis les plus belles heures de l’autoritarisme accru sous Sarkozy. Il est normal que l’institution contrôle les activités qui relèvent de sa responsabilité, ce serait mieux si elle accompagnait les changements et les ruptures, mais on sait que pour le périscolaire, sa compétence est complètement contestable et qu’elle se satisfait quasiment toujours de contrôler si les cases des tableaux sont remplies. La mobilisation de l’intelligence collective du terrain, la notion de projet global, la belle idée des réseaux d’échanges réciproques des savoirs, l’intention louable de relancer l’éducation populaire et de mettre en valeur la culture de la connaissance, sont frileusement rangées au fond des tiroirs.

Freinet, Jean Zay, Langevin-Wallon, les ministres de droite après 1968 (rénovation pédagogique, tiers temps pédagogique, formation continue…), Savary (dont on n’oublie pas les difficultés qu’il a connues avec Louis Legrand pour les collèges), Jospin et sa loi refondatrice oubliée, E. Morin (les 7 savoirs nécessaires à l’éducation du futur), Michel Serres (petite poucette), Meirieu marginalisé, Giordan ignoré, etc… Où sont-ils donc dans la confusion entre réforme, réparation, aménagement, colorisation, dépoussiérage, modernisation de façade… et refondation d’un système à bout de souffle ?

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