PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Ce dossier invite les praticiens à repenser l’acte d’enseigner, remettre en question leur posture, interroger leurs pratiques pédagogiques… bref à rejeter la transmission verticale descendante des savoirs, le cours dialogué, magistral au profit de pédagogies actives où l’enfant est réellement acteur de ses apprentissages, porteur de projets, reconnu et respecté comme un citoyen à part entière : de l’exploitation en éducation des connaissances neuroscientifiques permettant d’appréhender comment le cerveau fonctionne -et donc comment mieux apprendre et enseigner- à la classe inversée, en passant par la pratique des méthodes naturelles, de démarches coopératives… Les possibilités, comme en témoigne ce dossier, ne manquent pas pour permettre à TOUS les enfants d’apprendre.

Marie-France Rachédi

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EDITORIAL

Terrible mois de janvier 2015 : la République est agressée, les valeurs que l’on voulait communes ne le sont pas pour tous, certaines barrières morales sont éclatées avec fracas, éclaboussant des certitudes finalement fragiles.
Où qu’il soit chacun cherche un ou des responsables et s’interroge : la politique de la ville, l’école, le marché de l’emploi, l’encadrement religieux, la loi de 1905…
Le temps de l’émotion passé, après avoir mesuré la dimension et la valeur du « marcher ensemble » du 11 janvier partout sur le territoire, il s’agit de prendre du recul : l’analyse ne doit pas être froide, trop distanciée, nous sommes tous concernés.
L’Ecole est interrogée. Pour reprendre la remarquable interview de l’Historien
Christophe Prochasson(*) : « La question n’est pas celle des valeurs sur lesquelles il faut être d’une fermeté absolue. C’est la pédagogie qui est en cause. L’enseignement des valeurs républicaines, en dépit des efforts réalisés, est inadapté car beaucoup trop abstrait ».
Alors, il nous faut construire autrement nos enseignements, voire le cadre de notre Ecole. Nous devons interroger son fonctionnement, ses locaux (à vivre ou à enseigner ?) mais surtout nos manières de faire avec les élèves : le
modèle « estrade-frontal-regroupements par année d’âge -un professeur polyvalent ou une succession de professeurs- une notation pénalisante… est totalement périmé ; la refondation de l’Ecole s’y attaque, en partie. Mais le plus immédiat concerne nos pratiques pédagogiques : chaque élève doit être placé dans une perspective de réussite, et progresser à son rythme. Chaque élève doit, en même temps, vivre des situations positives, au travers desquelles il emmagasine des savoir-faire et expérimente des attitudes du vivre et réussir ensemble. Ce n’est pas seulement de temps bornés dans un emploi du temps pour l’enseignement des valeurs de la République qu’ont besoin les élèves mais, de manière complémentaire, de vivre et comprendre, par la réflexion, la puissance et la portée de ces valeurs au-delà des seuls symboles à connaître.
La pédagogie coopérative permet cela, elle le porte en elle, la condition est simple : faire notamment que les conseils d’enfants, de jeunes, collégiens, puis lycéens ne soient jamais des temps creux, factices et sans objet véritable ; faire en sorte aussi que chaque élève puisse faire des choix d’apprentissages dont la qualité soit garantie par les adultes ; en ayant permis l’exercice de ces responsabilités raisonnées, nous aurons contribué à engager avec sérieux chaque jeune sur le chemin d’une citoyenneté assumée.
C’est le sens d’une pédagogie positive, exigeante, engagée. Si nous voulons une Ecole éducatrice, voire émancipatrice, c’est ensemble et tout de suite qu’il faut agir.
Quant aux valeurs de la République, ne faudrait-il pas les faire évoluer vers :
Liberté – Egalité – Fraternité – Laïcité ?

Bien coopérativement,

Eric Weill, Président de l’OCCE

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