PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Eduveille – le 12 juillet 2013 :

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La région Rhône-Alpes et le CR-DSU (Centre de ressources et d’échanges pour le développement social et urbain) organisait à Lyon le 2 juillet une rencontre dans les locaux du Conseil Régional entre les différents acteurs impliqués dans la mise en place du PRE (Programme de réussite éducative) pour les 16-18 ans. La matinée était consacrée à des présentations en pleinière avec les interventions de Isabelle Chenevez (directrice du CR-DSU), Marion Sessiecq et (chargée de mission du CR-DSU), Rémi Thibert (IFÉ-ENS de Lyon), Bernard Escandre (chargé de mission “réussite scolaire” du rectorat) et Michèle Théodor (chargée de mission de la Région Rhône-Alpes). L’après midi se sont tenus des ateliers en groupes sur l’articulation des PRE 16-18 avec les différents dispositifs de lutte contre le décrochage scolaire, à partir de trois exemples concrets. Vous trouverez ci-dessous un aperçu des différentes interventions du matin. Pour celle que j’ai faite, je vous renvoie à la lecture des Dossiers d’actualité n° 80 et 84 (résumé de l’intervention).

Une priorité régionale

Les questions éducatives en général et le décrochage scolaire en particulier sont affichées comme des priorités dans la région Rhône-Alpes. Le PRE 2-16 ans existe depuis longtemps déjà et permet de croiser les démarches collectives et individuelles (ciblées sur des élèves), de renouveler l’approche et la façon de travailler avec les familles ou encore de mobiliser une communauté professionnelle en favorisant les décloisonnements. Le PRE 16-18 ans quant à lui se met progressivement en place. L’objectif de cette journée de travail est de mieux comprendre qui fait quoi dans la lutte contre le décrochage. En effet, cette lutte  ne concerne pas seulement l’Éducation nationale, ni uniquement la politique de la ville. Tous les acteurs sont concernés et il est intéressant de comprendre comment chacun (dans les services de l’État ou dans les Conseils régionaux), à la place où il se trouve, se saisit de ces questions.

Le SIEI et les plateformes

Pour l’Éducation nationale, la lutte contre le décrochage comporte deux volets :

  • Prévention : il s’agit de repérer dans les établissements scolaires les signes de rupture ou de risque d’abandon scolaire et de trouver les modalités d’accompagnement qui sont adaptées, des plus collectives au plus individuelles.
  • Raccrochage : il s’agit ici de reprendre contact avec les jeunes de plus de 16 ans qui sont sortis de l’enseignement secondaire sans diplôme.

Le SIEI (Système interministériel d’échange d’information) est un dispositif mis en place en 2010 par l’État qui permet de mettre en relation les bases de l’ensemble des établissements scolaires (publics et privés), de l’apprentissage et des missions locales. L’objectif est d’obtenir et de croiser des informations relatives aux jeunes qui quittent un établissement même lorsque ceux-ci changent de structure (apprentissage par exemple) ou d’académie.

Il est constaté que les jeunes en situation de décrochage peuvent attendre jusqu’à trois ans avant qu’ils ne reprennent contact avec une mission locale ou un autre dispositif. Il convient donc de repérer ces jeunes dès que possible et de mettre en place un accompagnement approprié, grâce aux plateformes de suivi et d’appui aux décrocheurs (créées en 2009 par 12 ministères différents, puis complétées en 2011).
Ces plateformes sont mises en place dans chaque département sous la responsabilité du Préfet en liaison avec les directeurs académiques (DASEN). Des responsables locaux sont désignés pour chaque plateforme (il y en a 12 dans l’académie de Lyon). A partir des données fournies par le SIEI, ils vérifient la situation des jeunes dans ces listes et mettent en place des entretiens d’orientation. Un référent est désigné pour accompagner le jeune vers une solution quelle qu’elle soit. Sur les 11500 jeunes repérés dans l’académie de Lyon, 3000 ont eu besoin d’être effectivement  pris en charge. Les autres ont trouvé une solution de formation ou ont un contrat de professionnalisation ou d’alternance.
Le côté prévention est à prendre en charge par chaque établissement (circulaire du 29 mars 2013). Un référent sera désigné dans chaque établissement à la rentrée prochaine, qui aura la responsabilité de la coordination interne à l’établissement et des relations avec les partenaires extérieurs, notamment avec les plateformes.
Les plateformes jouent donc un rôle central en ayant une action partenariale et territorialisée (à l’échelle d’un bassin de formation).

Des réseaux en interaction

Le réseau FOQUALE (Formation, qualification, emploi) cadré par la circulaire du 29 mars est mis en place sur les mêmes territoires que les plateformes. Un proviseur est désigné pour chaque territoire et doit constituer un comité des réseaux (avec des chefs d’établissements de collège, lycée, lycée professionnel, le CIO, des Inspecteurs, un chef d’établissement pilote de la MLDS). L’objectif est d’identifier l’ensemble des dispositifs et des ressources de l’Éducation nationale (formation initiale, apprentissage, formation continue, CFA publics, unités de formation, etc.) qui peuvent offrir des réponses aux jeunes décrocheurs de plus de 16 ans. Ce dispositif est en train de se mettre en place.

L’agence national de service civique est aussi une piste qui peut proposer des voies de raccrochage avec un dispositif spécifique pour les jeunes décrocheurs : 3000 décrocheurs au niveau national se sont vus proposer une mission de service civique adapté, qui peut être alterné avec une reprise de parcours de formation.
Les microlycées (Lycée de la nouvelle chance à Villeurbanne) ont fait la preuve de leur efficacité. Une extension de ces formations est prévues dans les autres départements (Ain et Loire). Les réseaux MLDS  (Mission de lutte contre le décrochage scolaire, ex MGI) viennent en appui aux établissements (en amont) et en appui aux réseaux FOQUALE et aux plateformes (en aval). Tout ceci donne lieu à une redéfinition des missions.

Au plan régional

La démarche de la Région Rhône-Alpes s’inscrit dans l’ensemble de la politique de formation tout au long de la vie et a une double finalité : inscrire dans les territoires des modalités pérennes de travail pour accompagner les parcours des jeunes et transférer dans le droit commun (dispositifs pérennes existants : établissements scolaires, CFA, mission locale, etc.) des pratiques pertinentes pour le raccrochage des jeunes identifiés. L’objectif étant qu’aucun jeune de 16-25 ans ne reste sans solution. Cela nécessite de repérer, d’accompagner (en changeant notre façon de voir), de remobiliser, de gérer les transitions, de permettre l’accès  à une formation ou un emploi et enfin de sécuriser les parcours.
Michel Théodor estime qu’il est nécessaire de “changer de lunettes“. La diversité des approches, liée à la multiplicité des acteurs, peut être une richesse qu’il convient d’exploiter au mieux en coordonnant les différents acteurs. Elle pose la question de savoir qui est légitime pour coordonner : celui qui prend l’initiative ?
Dans la prise en charge des jeunes, l’essentiel est de créer une relation et une situation où les jeunes sont reconnus, acceptés et écoutés. Il est nécessaire de les rendre actifs dans la démarche proposée en les aidant à se fixer des objectifs exigeants et atteignables. C’est cette exigence qui va sécuriser le jeune. Il faut l’aider à trouver du sens et de l’intérêt à des activités nouvelles et utiles. Le cadre social dans lequel il évolue doit être ferme et souple afin de l’aider à s’autonomiser. Ces actions de raccrochage nécessitent de développer une ingénierie de territoire qui soit légitime pour coordonner le tout.

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