PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Questions d’Educ – le 20 mars 2014 :

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École rurale, École nouvelle ?

École rurale, école nouvelle ? L’École rurale, petite structure hétérogène ancrée dans son territoire et ouverte sur le monde, peut-elle être l’École qui peut faire changer l’École en général ?

En milieu rural, parents, élus et enseignants revendiquent le maintien d’une École pour leur village sans toujours faire référence à la richesse du système éducatif que représente l’École rurale.

Celle-ci est pourtant le berceau de pédagogies modernes et innovantes :

  • sa situation et ses qualités permettent aux enseignants de pratiquer une pédagogie au service de l’enfant, de son développement, de sa structuration, de son devenir en tant qu’adulte responsable.
  • Les enseignants remettent en cause en permanence leur pratique. La cohabitation dans une même classe d’enfants d’âges différents oblige le professeur des écoles à enseigner autrement, à inventer d’autres moments d’apprentissage et d’autres méthodes d’apprentissage que les méthodes traditionnelles.
  • Les enfants apprennent beaucoup de choses entre eux, les grands montrent aux petits. Le maître est présent pour mettre en place et accompagner.
  • L’école rurale stimule l’apprentissage des enfants, favorise leur autonomie, leur esprit d’initiative, la solidarité et l’autodiscipline.
  • C’est un lieu privilégié pour développer une pédagogie de la communication, pour introduire et développer les technologies nouvelles.
  • Comme environnement de proximité, sur plusieurs années et avec le même enseignant, l’école rurale reste un repère pour l’enfant au cours de sa construction et respecte mieux son rythme.

On critique souvent le peu de capacité des jeunes ou moins jeunes à la réflexion, à l’analyse, à la recherche. Mais, dans le fonctionnement de l’École, demande-t-on toujours à un élève de réfléchir, d’inventer, de créer, de rechercher par lui-même librement ? On s’étonne du manque de motivation évoqué par de nombreux enseignants pour expliquer aux parents les résultats médiocres ou le peu de travail de leur enfant. Mais, dans le fonctionnement de l’École, les enfants sont-ils les auteurs de leurs apprentissages ?

L’École traite souvent les enfants uniquement comme des élèves dont on ne prend pas en compte l’histoire à l’entrée, qu’on formate au cours de la scolarité selon des normes définies par les instructions officielles et les programmes et dont on vérifie la conformité régulièrement par divers évaluations, diplômes, examens et concours. Au long de leur scolarité, l’école demande aux élèves de rester assis de longues journées au cours desquelles ils reproduisent ce qu’on leur demande de reproduire, ils répondent ce qu’on leur demande de répondre, ils apprennent ce qu’on leur demande d’apprendre. Ce système multiplie les échecs, génère parfois l’indiscipline, chahut et violence dans les cours, souvent seules échappatoires pour exister, pour ne plus être objet mais sujet.

La pédagogie du 3ème type, préconisée –entre autres- par Bernard Collot, respecte l’enfant, sa personne, son histoire, son rythme. Elle donne au groupe toute sa fonction car on n’apprend jamais seul mais toujours des autres, avec les autres, pour ou contre les autres, à partir des informations issues de son environnement qui sont mémorisées, reformulées, associées soit pour reproduire, soit pour créer du nouveau. Cette pédagogie est facilitée dans les petites structures comme les Écoles rurales. Plus la petite structure est hétérogène, plus les possibilités de communications sont diversifiées et riches, plus les attitudes relationnelles sont multiples, plus les projets sont diversifiés, plus chacun y trouve ce dont il a besoin.

L’École rurale est le laboratoire vivant d’une école nouvelle, une École de la vie et non une fabrique de l’apprentissage. À ce titre, sa disparition signifierait la mort citoyenne d’un territoire.
Cette École que défend la Fédération nationale pour l’École rurale (FNER) est le cadre idéal pour faire de chaque élève un être social, épanoui et libre, pour construire des citoyens, sans sacrifier pour autant aux exigences de résultats scolaires de l’Éducation nationale.

Référence bibliographique : Livre de Bernard Collot, « L’École du troisième type ou la pédagogie de la mouche », éditions de l’Harmattan. Bernard Collot, dirige le Centre de Recherches des Petites Structures et de la Communication (CREPSC).
 

Les " petits Établissements "

Collège, Lycée… dans l’inconscient collectif, ce type d’établissement, qui marque la transition avec l’école primaire, est la plupart du temps synonyme d’un départ vers un établissement dans lequel il va falloir être plus autonome et donc, bien souvent, d’un établissement « à grande échelle ».
Et pourtant, ce n’est pas toujours le cas…
Gilles Guézennec, Secrétaire Départemental du SNPDEN-Unsa de l’Orne et Proviseur du LP Flora Tristan de La Ferté Macé, évoque pour nous la problématique des « Petits Établissements ».

(Vous trouverez ci-dessous une interview synthétisée que vous pourrez lire intégralement sur le site de l’UNSA Éducation).

Quels sont les avantages et les inconvénients d’un « petit établissement » que ce soit d’un point de vue administratif ou pédagogique ?

" Le problème essentiel posé par les petits établissements est qu’ils sont très gourmands en moyens pédagogiques et éducatifs. Les faibles effectifs nécessitent quand même une structure minimale incompressible (…) On pourrait penser que ce relatif confort dans l’encadrement des élèves est un meilleur gage de réussite. Les résultats tendent à montrer qu’il n’en est rien (…) Les raisons des difficultés que certains rencontrent tiennent sans doute davantage à un excès de « cocooning » qui leur a moins permis de développer les qualités d’adaptation et l’accès à l’autonomie nécessaires pour réussir au lycée. Par ailleurs, les familles ont tendance à privilégier la proximité de l’établissement d’accueil plutôt qu’un projet plus conforme aux aptitudes et à la motivation du jeune qui impliquerait une inscription dans un établissement de formation plus distant du domicile, et une scolarité en internat. Une autre caractéristique des petits établissements est qu’on y compte davantage de professeurs partageant leur service sur plusieurs établissements, donc moins présents, moins impliqués dans la vie du collège, et moins susceptibles de mener des projets pédagogiques intéressant les élèves (…). Les équipes de direction sont incomplètes (pas de principal adjoint), le personnel administratif réduit, les catégories financières moins avantageuses sur le plan salarial. "

Le maintien de petites structures est-il souhaitable, en quoi ? Sinon quelle solution pour les milieux ruraux ?

" Bien évidemment les points que je viens de développer montrent que je ne suis pas favorable au maintien des petites structures, tant sur le plan pédagogique et administratif qu’au nom d’une certaine équité dans la répartition des moyens (…). C’est la position du SNPDEN, qui préconise une réflexion sur la carte scolaire permettant d’aboutir non pas à une économie de moyens mais à un redéploiement des postes au bénéfice de tous les élèves (…).Il ne faut cependant pas occulter l’impact de la fermeture d’un collège sur la vie d’un village. Des solutions intermédiaires existent sans doute, notamment par la mise en réseaux d’établissements (…)

Quitter sa campagne après le bac… ou pas ?

« …, les IUT implantés en milieu rural, comme celui d’Auch, participent de manière évidente à l’aménagement du territoire, car ils offrent à de nombreux étudiants la possibilité de poursuivre leurs études dans leur département d’origine, et de contribuer ainsi à lutter contre la désertification rurale. »

Philippe Martin, député socialiste, radical, citoyen et divers gauche du Gers, interpellait ainsi en février 2009 la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

On le sait en effet, si le milieu social et économique a une influence importante sur l’orientation des élèves, il est démontré que l’origine géographique est également un facteur déterminant, en particulier la distinction entre les jeunes issus du tissu urbain et ceux originaires du milieu rural.

Il existe bien entendu les classes post-bac des lycées. Certaines universités ont aussi installé des antennes ou ouvert des IUT dans des territoires ruraux. Parallèlement, l’enseignement agricole offre une large palette de formations post-bac du BTS au doctorat, favorisant la démarche d’alternance par l’apprentissage.

Pour autant la question de poursuivre des études ou pas, et de le faire localement ou de partir demeure des choix importants. “ Il ne faut pas oublier que la mobilité est une aventure individuelle ”, souligne Rémi Rouault, enseignant-chercheur en géographie à l’université de Caen et coauteur de “ l’Atlas des fractures scolaires en France ” (éditions Autrement).

Ainsi la majorité des élèves sait qu’ils vont devoir partir. Pour ceux qui ont une idée précise de leur avenir, un projet bien construit, ils sont motivés et -pour eux- partir n’est pas un problème. Mais comme partout, de nombreux jeunes se posent les mêmes questions, ils ont les mêmes difficultés à élaborer un projet, les mêmes inquiétudes sur les débouchés. Ils sont nombreux qui, prudents car souvent moins sûrs de leur projet d’orientation, optent alors pour une formation courte qui leur permet de rester sur place. Comme un tremplin avant d’aller plus loin.

Il existe également des possibilités de formations coopératives. Ainsi l’Éducation nationale, la DATAR et d’autres partenaires sont à l’origine de projets de plates-formes technologiques, dans le but de développer le potentiel des lycées techniques, connaisseurs du territoire, et de répondre à des besoins d’industriels ou d’exploitants. Localisées dans les lycées techniques, ces plates-formes sont des établissements publics émanant des lycées techniques et des IUT, et sont adossées à des labos de recherche (pour faire remonter les problématiques du terrain à la recherche fondamentale) et elles s’appuient sur les licences professionnelles. Leurs missions principales sont le transfert de technologies auprès des entreprises locales (PME, TPE, micro entreprises), ainsi que l’insertion des élèves (BTS et licences pros).

Enfin demeure la possibilité de recours à la formation à distance grâce au progrès du numérique.

Globalement le constat partagé montre que les jeunes des territoires ruraux doivent encore plus que les autres pouvoir être accompagnés dans la construction de leur orientation et de leurs projets et que les territoires ruraux ont besoin d’espaces de rencontres afin de montrer la diversité des professions, dans le but de favoriser les croisements de compétences et de connaissances et les choix d’investissement humain pour l’avenir.

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Categories: 4.2 Société

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