PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In L’Expresso – le Café Pédagogique – le 13 Février 2014 :

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A quelques kilomètres de Colmar, Fortschwihr est une commune périurbaine en forte croissance démographique. En 15 ans la population a doublé et les lotissements remplacé les exploitations agricoles. A la tête de la commune, Hélène Baumert doit mettre en place la réforme des rythmes. Ce devrait être facile : ancienne inspectrice de l’éducation nationale, Hélène Baumert connaît bien l’école. IL n’y a qu’un problème. ‘école elle l’aime beaucoup. Et elle ne comprend pas pourquoi l’administration refuse de valider son projet qui simplifierait la vie de tout le monde… 

Un peu d’histoire 

La coupure du milieu de semaine a été mise en place par la loi du 28 mars 1882. D’abord le jeudi, puis le mercredi en 1972. En 1969, la durée hebdomadaire est réduite à 27 heures. Le 1er janvier 1992, la durée de la scolarité est fixée à 26 heures réparties sur 4 jours et demi. Depuis la rentrée 2008 et en application du décret paru au JO du 18 mai 2008, la durée de la semaine scolaire est fixée par Xavier Darcos à "24 heures d’enseignement scolaire pour tous les élèves" réparties sur 4 jours (lundi, mardi, jeudi et vendredi) sauf dérogation. L’année scolaire comporte 864 h de cours au lieu de 936 h. La réforme est acceptée par les syndicats comme un cadeau bien que sacrifiant les rythmes des enfants à l’intérêt des familles et des enseignants. 

En janvier 2010, l’Académie nationale de médecine dans son rapport "Aménagement du temps scolaire et santé de l’enfant", souligne que l’aménagement hebdomadaire en 4 jours n’est pas favorable à l’élève et préconise d’aménager la semaine d’un écolier sur 4 jours et demi ou 5 jours. 

La réforme de V. Peillon 

La réforme proposée par Vincent Peillon est bonne en soi puisqu’elle permet d’étaler le temps scolaire sur une amplitude plus grande et je soutiens pleinement ce projet.  L’hostilité dont elle fait l’objet me semble être un risque non négligeable de rejet puisqu’elle concerne à la fois, les enseignants, les parents (et leurs enfants), les élus locaux. L’actualité nous montre que les conditions de mise en place des rythmes scolaires est à prendre très au sérieux. 

Je regrette que le mercredi ait été choisi majoritairement en lieu et place du samedi qui aurait mieux respecté le rythme des enfants avec la coupure de la semaine. Mais contrairement à ce qui était pressenti, les communes rurales, qui ont mis en place les nouveaux rythmes, semblent plutôt positives. 

Ma proposition de rythmes 

Cependant, elles regrettent le cadrage rigide imposé par le texte de cadrage et les inspections départementales. En effet, une formule, non acceptée par l’Education nationale, donnerait davantage satisfaction et serait plus aisée à mettre en place dans les petites communes. 

EXEMPLE 1 ?si les textes permettaient plus de souplesse dans la répartition horaire

Temps scolaire : 24h (maximum 5h30 par jour)

Lundi, mardi, vendredi : 8h30 – 12h et 14h – 16h

Jeudi : 8h30 – 12h

Mercredi : 8h30 – 12h30

Déjeuner

Lundi, mardi, jeudi, vendredi : 12h – 14h

Activités encadrées  (regroupées)

Jeudi : 14h – 16h30 

EXEMPLE 2 ?si les textes permettaient plus de souplesse dans la répartition horaire

Temps scolaire : 24h (maximum 5h30 par jour)

Lundi, mardi, vendredi : 8h30 – 12h et 14h – 16h

Jeudi : 8h30 – 12h

Samedi : 8h30 – 12h30

Déjeuner

Lundi, mardi, jeudi, vendredi : 12h – 14h

Activités encadrées  (regroupées)

Jeudi : 14h – 16h30 

Et ses avantages 

Les échanges avec mes collègues maires m’ont permis de repérer et d’analyser ce modèle qui a des avantages à plusieurs titres en :

– Evitant l’émiettement des activités qui sont actuellement journalières (3 ou 4 fois par semaine une demi-heure à une heure)

– Permettant d’embaucher plus facilement une ou des personnes ayant des compétences dans des secteurs spécifiques avec un horaire regroupé, ce qui est primordial pour mettre en place des activités en milieu rural, très souvent encadrées par des bénévoles qui travaillent et ne peuvent se libérer en milieu de journée pour si peu de temps

– Se rapprochant des modalités des activités des enfants qui ont la chance de participer, à titre privé, à des activités suivies hebdomadaires les mercredis après-midi ou les samedis

– Permettant de proposer de vraies activités sportives ou culturelles à tous les enfants quel que soit leur milieu social

– Proposant aux élèves un horaire régulier qui donne des repères et non un horaire variable de sortie des classes, comme c’est le cas à Paris, entraînant un stress, notamment des élèves de maternelle et une difficulté supplémentaire pour les parents dans la gestion des horaires de travail 

La préoccupation actuelle réside dans le texte de cadrage qui impose 9 demi-journées de temps scolaire et empêche donc ce type de fonctionnement. Permettre davantage de souplesse aux communes pourrait aider à une mise en place plus performante répondant mieux aux besoins réels des enfants. 

Ne serait-il pas possible de faire évoluer le texte afin de permettre aux communes d’assurer un montage plus adapté dans l’intérêt premier : les enfants scolarisés ? Il en va de la réussite de la réforme des rythmes scolaires, qui, si elle était attendue, ne répond plus aux aspirations de l’ensemble des intéressés. 

Hélène Baumert

Inspecteur honoraire Education nationale

Maire de Fortschwihr (Haut-Rhin)

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