PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In VousNousIls – le 26 juillet 2013 :

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Confrontés quo­ti­dien­ne­ment aux ten­sions, les ensei­gnants sont en pre­mière ligne face au risque de burn-out. Comment se pré­mu­nir et se res­sour­cer pen­dant les vacances ? Entretien avec Violetta Wowczak, sophro­logue à Paris (9e) et consul­tante en milieu scolaire.

Les ensei­gnants sont-ils plus expo­sés au stress que d’autres professionnels ?

La pro­fes­sion d’enseignant pré­sente un risque élevé de stress, spé­cia­le­ment pour les 30–40 ans, de la même manière que des métiers comme méde­cin ou poli­cier. Le métier de pro­fes­seur est com­plexe dans la mesure où il faut à la fois ins­truire et éduquer, dans une rela­tion tri­an­gu­laire : élèves, parents et hié­rar­chie. Chaque ensei­gnant est sou­mis à une mul­ti­tude de remises en ques­tion : on l’évalue, on attend de lui des résul­tats et il se trouve face à une absence de recon­nais­sance du grand public. L’idée per­siste qu’il s’agit d’une caste de pri­vi­lé­giés. Résultat : l’enseignant se retrouve en pos­ture d’autodéfense. On consi­dère, à tort, que c’est un métier facile alors qu’il s’agit d’un tra­vail intel­lec­tuel et phy­sique. Les ensei­gnants du 1er et du 2nd degrés vont d’ailleurs être davan­tage sou­mis au stress que leurs col­lègues de l’enseignement supé­rieur. D’autant plus que l’environnement sco­laire change et qu’il y a un sen­ti­ment de défiance gran­dis­sant à l’égard de l’institution.

Quelles sont les mani­fes­ta­tions de ce stress ? Quels signes doivent inquiéter ?

On peut les clas­ser dans trois groupes. Il y a d’abord les signes phy­sio­lo­giques : migraines, mal de dos, perte de poids, hyper­ten­sion arté­rielle, pro­blèmes gastro-intestinaux… Quand en octobre, on se sent déjà très fati­gué c’est qu’il y a un pro­blème. Le stress a aussi des mani­fes­ta­tions psy­cho­lo­giques : lorsque l’on se sent sub­mergé par les copies à cor­ri­ger ou les docu­ments admi­nis­tra­tifs à rem­plir. Le sen­ti­ment de culpa­bi­lité face à son inca­pa­cité à gérer la situa­tion est aussi un mar­queur du stress. En clair, on baisse les bras, on se sent seul et sou­vent infé­rieur. Le stress se res­sent aussi sur les com­por­te­ments sociaux : on est tou­jours irri­table ou de mau­vaise humeur, on cri­tique sans arrêt sa famille et ses amis. Et à l’école on devient très auto­ri­taire, on n’est plus ouvert à la moindre proposition.

Comment évacuer son stress pen­dant l’été ?

Pendant les grandes vacances, l’enseignant va retrou­ver sa liberté. Mais j’insiste : pour ne pas arri­ver à la crise dépres­sive ou au burn-out, il est cru­cial d’écouter son corps et de se prendre en main toute l’année ! Faute de quoi, l’été ne sera qu’une paren­thèse enchan­tée et les pro­blèmes res­sur­gi­ront à la ren­trée. Trop d’enseignants consultent d’ailleurs parce qu’ils se sentent épui­sés phy­si­que­ment et mora­le­ment. C’est qu’il est déjà trop tard et qu’ils n’ont pas su anti­ci­per.
Je pré­co­nise donc de tra­vailler durant l’été sur la pen­sée posi­tive. La pre­mière chose pour aller mieux c’est de renouer avec son corps. Pour le res­sen­tir, je conseille de faire du sport, de la marche, de la relaxa­tion ou de la sophro­lo­gie. Il faut veiller à faire plai­sir aux cinq sens : écou­ter la nature, la musique que l’on aime, bien man­ger, renouer le contact avec ses amis, rede­ve­nir insou­ciant. Le plai­sir intel­lec­tuel peut être recher­ché, à condi­tion de décon­nec­ter avec son métier : il ne faut sur­tout pas lire en se disant que ça pourra ser­vir pour l’année pro­chaine ! Sinon on reste condi­tionné dans son tra­vail et la cou­pure n’a pas lieu. Pendant les vacances, les ensei­gnants doivent renouer fer­me­ment avec l’instant présent.

Quels exer­cices pratiquer ?

Ils sont nom­breux et très simples : il suf­fit, par exemple, de s’installer dans un endroit calme, de prendre une grande ins­pi­ra­tion en fer­mant les yeux puis d’expirer pro­gres­si­ve­ment comme si l’on souf­flait dans une paille. A la fin de cette expi­ra­tion, on ouvre les yeux et on revient à une res­pi­ra­tion nor­male en obser­vant son envi­ron­ne­ment immé­diat comme si on le voyait pour la pre­mière fois. Il s’agit alors de se concen­trer sur les sen­sa­tions qui par­courent notre corps. Il faut res­ter dans l’instantané, sans analyser.

Charles Centofanti

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