PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Huffingtonpost – le 26 février 2013 :

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ÉDUCATION – L’école n’en finit plus de déchaîner les passions. En proie à la grogne du corps enseignant pour sa réforme des rythmes scolaires, le ministre de l’Éducation, Vincent Peillon, a semé le trouble ce dimanche, en préconisant une réduction des vacances d’été à six semaines et réparties en deux zones avant de faire marche arrière sous les critiques de l’opposition.

Mais les hommes politiques ne sont pas les seuls à s’intéresser de près à la qualité de l’enseignement des futures forces vives de la nation. Loin du tumulte médiatique, les scientifiques sont de plus en plus nombreux à se pencher sur l’environnement des lieux d’apprentissage.Une récente étude de l’Université de Salford au Rouyaume-Uni vient d’ailleurs d’établir une corrélation entre le niveau d’apprentissage des étudiants et l’agencement des salles de classe.

Réalisée auprès de 34 groupes de niveau primaire dont les élèves provenaient de différents milieux socioéconomiques, des salles de classe bien conçues pourraient permettre d’améliorer le rendement des élèves de près de 25%.

Pour cela il faudrait jouer sur la quantité de lumière naturelle qui pénètre dans la classe, sur les bruits environnants, les couleurs de peintures murales, la qualité de l’air et la température ambiante.

Prime à la mobilité des infrastructures

L’Université de Salford n’est pas la seule à s’être saisie du problème. Des chercheurs de l’Université d’État de Caroline du Nord ont ainsi mis au point une salle de classe spécialement conçue pour améliorer la qualité de l’apprentissage.

Le concept tient en deux points : flexibilité et interactivité.

  • Des infrastructures mobiles, pour configurer la classe selon les besoins du professeur et des étudiants.
  • Des technologies récentes (ordinateurs portables), pour concerner davantage les étudiants et permettre une plus grande interactivité entre la classe et l’enseignant.

Susan Miller-Cochran et Dana Gierdowski, les deux scientifiques à l’origine de l’étude, sont parties du principe que l’agencement d’un lieu joue largement sur le rendement et le comportement des personnes qui y évoluent. A fortiori au quotidien, la routine accentuant la perception des défauts et les désagréments qu’ils engendrent.

Puisque les lieux d’apprentissage n’échappent pas à cette logique, elles ont cherché un moyen d’améliorer la qualité et l’efficacité de l’enseignement tout en s’inscrivant dans une logique de baisse des coûts administratifs. Plutôt que de réfléchir à une énième remise en question de la formation du corps enseignant, elles ont choisi de miser sur l’agencement de l’environnement d’apprentissage.

Elles ont alors mis au point une classe pilote, au design spécialement réfléchi pour stimuler davantage les étudiants. Des salles de cours où les infrastructures mobiles (des tableaux blancs et des bureaux amovibles) pourraient être configurées différemment selon les besoins des enseignants et des étudiants de manière à accroître l’interactivité entre ces derniers et le professeur. Ces nouvelles salles de classe verraient également les étudiants apporter leur propre technologie – notamment leurs ordinateurs portables – pour les impliquer davantage dans le déroulement des cours.

D’après les chercheurs, une telle salle de classe offrirait une plus grande souplesse aux professeurs dans la dispense de leurs cours tout en améliorant en même temps le rendement académique des étudiants. Cerise sur le gâteau, elle réduirait les coûts administratifs de manière significative pour l’établissement.

"Le coût de l’équipement d’une salle informatique traditionnelle, y compris les ordinateurs portables, est d’environ 34.700 dollars, tandis que le coût de l’équipement des salles de classe flexibles qui utiliseraient les technologies les plus récentes (les ordinateurs portables) des étudiants est d’environ14.500 dollars", est-il ainsi écrit dans l’étude.

80% des étudiants satisfaits

Pour expérimenter leur théorie de la classe vivante, les deux chercheurs ont mis au point un programme pilote en 2007 auprès de plus de 200 étudiants des programmes d’écriture des classes de design de l’Université de Caroline du Nord. "Les enseignants et les étudiants ont apprécié ce nouveau format mais nous n’avons pas pu aller aussi loin que nous l’esperions car il était impossible de déplacer les lourdes tables", se souvient Dana Gierdowski.

Reste que près des deux tiers des étudiants auprès desquels ont été récoltées les données durant deux semestres (80% des étudiants des classes pilotes, soit 195 étudiants ) ont indiqué que le design de la salle de classe avait eu une influence positive sur leur apprentissage.

À l’inverse, seuls 34% d’entre eux ont reconnu n’avoir senti aucune corrélation entre l’agencement de leur classe et la façon dont ils ont suivi les cours. Si la principale difficulté réside dans le fait que les étudiants ont dû apporter leurs propres ordinateurs, Susan Miller-Cochran et Dana Gierdowski ne désespèrent pas de voir leur programme inclus dans une politique globale d’éducation. À suivre.

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