PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In ZDNet – le 13 avril 2014 :

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Prospective : Pour Emmanuel Davidenkoff, directeur de la rédaction de la revue l’Étudiant et fin connaisseur du système éducatif français, un tsunami numérique s’apprête à déferler sur nos écoles, universités et grandes écoles.

Pour Emmanuel Davidenkoff, directeur de la rédaction de la revue l’Étudiant et fin connaisseur du système éducatif français, un tsunami numérique s’apprête à déferler sur nos écoles, universités et grandes écoles.

C’est l’argumentation déroulée tout au long de l’ouvrage du même nom, qui vient de sortir chez Stock, et qui laisse malheureusement peu de place aux doutes ou à la suspicion, tant les faits commencent à être visibles autour de nous.

http://www.amazon.fr/Le-tsunami-num%C3%A9rique-Emmanuel-Davidenkoff/dp/2234060540/?tag=amawid0b-21GreenSI a déjà abordé dans plusieurs billets, la transformation numérique des industries du disque ou du livre, qui au lieu de s’adapter, ont dépensé une énergie contre productive pour tenter de maintenir leur modèle économique. Avec un résultat que l’on connait : iTunes est la première plateforme musicale et Amazon le premier libraire :

Le livre "Le tsunami numérique" nous convainc que c’est ce qui va se passer pour l’Éducation si elle n’y prend pas gare. 

Une industrie de plus a basculer dans ce que Peter Hinssen appelle "The New Normal", quand la majorité des échanges et produits d’une l’industrie sont numérisés, le numérique devient la norme à laquelle toute l’industrie doit s’adapter. 

Pour l’Éducation, le tsunami c’est un changement de modèle économique conduisant à une baisse des tarifs de l’éducation privée et une prise de pouvoir du "consommateur d’école" sur le "citoyen usager" du service public.

L’avènement des MOOCs

Au cœur du moteur de la transformation, les MOOC: Massive Open Online Course (Cours en ligne ouvert et massif)

Des plateformes numériques sur internet, gratuites, qui ont la capacité de délivrer des cours, non pas a une centaine d’étudiants dans un amphi, mais a des milliers voir des dizaines de milliers.

 

Après chaque cours les connaissances sont testées en ligne par des QCM, une tâche ingrate chez les humains, mais que la machine adore.

Le leader mondial des MOOC (actuel), Coursera, est une pure entreprise numérique, qui a déjà certains de ses cours reconnus par des universités américaines et qui peuvent donc valider des crédits universitaires. 

Bienvenue dans un monde où l’accès au réseau, la langue et le décalage horaire sont les seules barrières d’accès au savoir. Et pour des millions de personnes dans le monde c’est une révolution !

En France, beaucoup plus modestement, FUN (pour France Université Numérique) se lance avec ses premiers cours. 

Le vrai enjeu: la gestion des compétences et des talents

Le modèle économique des MOOC ce sont des cours gratuits et distribués massivement. Ce qui est payant (car c’est qui a de la valeur) :

  • c’est la certification de l’obtention d’un cours (incluant l’identification des élèves pour éviter la triche)
  • la détection des talents par analyse de toutes les données de l’apprentissage, comparaison aux autres candidats… la promesse du bigdata,
  • la gestion des compétences, enfin ! 

Coursera, un futur concurrent de LinkedIn, qui d’ailleurs propose depuis peu aux universités de regrouper tous leurs anciens élèves inscrits sur LinkedIn, pour montrer les compétences qu’ils ont acquises et les carrières qu’ils ont réalisés. Les universités deviennent ainsi visibles au travers de ce qu’elle ont réellement "produit" et pas uniquement avec une brochure commerciale.

Car, c’est ça le véritable enjeu derrière ces plateformes. Comme pour nous rappeler que la majorité des étudiants qui rentrent dans un cycle veulent tout simplement un emploi à la sortie.

On imagine aussi l’impact de ce type de dispositif pour démultiplier la formation continue en entreprise, un peu poussive parfois… 

Pour les entreprises, pouvoir adapter les compétences de leurs forces vives, en permanence, en fonction des enjeux changeant de l’entreprise, le rêve de beaucoup de DRH je pense.

La clef pour se différencier: valoriser le présentiel

 

 

Dans un monde où le savoir est diffusé comme une commodité, le présentiel redevient déterminant et différenciant. 

Le campus et son environnement reprend le dessus sur l’amphithéâtre. 

Et pourquoi pas un campus itinérant puisqu’on peut accéder aux cours de partout où on a du réseau ?

C’est l’idée de l’Université Minerva annoncée pour 2015 dans la Silicon Valley. Elle va faire voyager ses élèves pendant 3 ans dans 6 villes différentes du globe.

Un complet changement de paradigme!

Quel avenir pour l’Éducation Nationale en France ?

 

Et même si cette transformation est mondiale, pour Emmanuel Davidenkoff, la France est bien aussi concernée et le petit village Gaulois ne pourra pas sortir son joker habituel de l’exception culturelle. 

Avec certainement un impact majeur dans l’enseignement supérieur en premier. Un domaine où l’offre privée concurrence déjà les universités et grandes écoles. 

Et dans le secteur informatique (le domaine de prédilection de GreenSI), cet enseignement supérieur, il est même très dynamique, avec des écoles comme SupInfo ou Epitech, qui ne délivrent pas de diplôme d’ingénieur grande école et pourtant arrivent bien à remplir leurs promos. Car à la clef de ces études, il y a un véritable arbitre, que ne remplacera aucune Inspection d’Académie: l’emploi.

D’ailleurs Xavier Niel, patron de Free, ne s’y trompe pas en ouvrant son Ecole 42, une école pour développeurs accessible en réussissant une série de tests, et où les frais de scolarité sont gratuits… mais qui ne débouche sur aucun diplôme.

Une initiative comparable à celle de Ionis Education Group qui avait lancé 6 mois plus tôt, prep’Etna, et depuis s’est fait emprunter ses principes pédagogiques et débaucher des cadres de l’Epitech (autre école du groupe Ionis)… un signe qui ne trompe pas, sur les enjeux financiers qui sont derrière pour celui qui raflera la mise le premier…

Côté "être employé sans diplôme", l’avenir le dira, mais il n’y a pas beaucoup de risques a court terme dans un secteur où il y a un manque de jeunes informaticiens formés sur les technologies de développement les plus récentes. 

Et si Xavier Niel réussi son paris d’un incubateur de startups géant à la Halle Freyssinet, dont les plans ont été inaugurés cette semaine (ci-dessous), les besoins en développeurs vont exploser en Ile de France, car la majorité des startups se tournent aujourd’hui vers l’Internet.


Mais l’histoire ne s’arrête pas là… 

Emmanuel Davidenkoff montre comment l’Éducation, qui se veut Nationale et égalitaire, est balayée par une éducation personnalisée de masse, via les MOOC, les imprimantes 3D et les serious games.

Une fois de plus, ce n’est pas l’émergence d’une nouvelle technologie qui risque de faire sombrer le système, mais son incapacité a se réformer. Car son business modèle est remis en cause en on cœur: 

  • égalitaire,
  • 100% de présentiel (95% des coûts de l’Education Nationale sont les salaires de son personnel). 

Et elle va certainement chercher a les protéger, coute que coute, au lieu de se transformer. Une histoire que d’autres industries pourraient lui conter…

Même si en son sein, de nombreuses initiatives (cachées) testent et exploitent ces nouvelles technologies, MOOC, réseaux sociaux, classes inversées… avec des personnels passionnés et passionnants, mais qui ne sont pas supportés financièrement par les structures centrales. 

Et en bon expert du domaine, il n’attend pas grand chose du dernier plan numérique pour l’école, lancé l’an dernier…

Le parallèle est fait dans ce livre avec Kodak, créé en 1881 par George Eastman, 1 an après que Jules Ferry ait posé les fondements de l’école de la République.  En 2014, pour avoir raté son dernier virage dans le numérique, Kodak, a vendu ses brevets et réduit ses effectifs de 90% en se concentrant sur le marché professionnel. 

N’est-ce pas un destin parallèle qui se profile pour l’Éducation nationale si elle ne réagit pas?

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