Nous expliquons dans nos pages nationales la manière avec laquelle dix députés Écolo ont analysé les derniers chiffres relatifs au redoublement. Bénédicte Linard (Enghien) et Luc Tiberghien (Mouscron) ont eu les yeux un peu plus rivés sur les statistiques en Wallonie picarde. Que montrent-elles? Qu’en comparaison avec les neuf autres zones d’enseignement, le taux de redoublement en primaire et en secondaire (respectivement de 4 % et de 15,2 %) se situe dans la moyenne wallonne (3,9 % et 15,3 %). Par ailleurs, le taux d’échec scolaire est directement lié à l’indice socio-économique; les enfants des milieux urbains et défavorisés sont plus touchés que d’autre part l’échec scolaire.

S’il n’y a pas de raison de se réjouir d’être juste dans la moyenne de la classe, les deux députés font remarquer qu’un chiffre situe notre région nettement parmi les meilleurs élèves : celui relatif à l’évolution du taux d’échec dans nos écoles primaires. Voici cinq ans, pendant l’année scolaire 2006-2007, le taux d’échec était de 4,9 %; en 2010-2011, il était de 4 %. Ce n’est pas rien : de 1120 élèves à 920 élèves, ça représente 200 doubleurs en moins chaque année. Proportionnellement, l’amélioration est beaucoup plus nette qu’à l’échelle de la Fédération Wallonie Bruxelles. «Il faudra analyser cette évolution. Des initiatives et mesures en matière de remédiation ont-elles permis de faire des progrès en la matière?

Ont-elles été prises plus spécifiquement par les établissements de notre région ou plus largement à l’échelle de la Fédération Wallonie Bruxelles?»

Des particularités locales devraient logiquement constituer une partie de l’explication.

Ainsi, plusieurs communes de l’est de Wallonie picarde sont situées à la frontière linguistique et ont développé une offre importante en matière d’enseignement immersif. «Ces projets spécifiques induisent une attention particulière et beaucoup de collaboration entre les enseignants et leur direction, et avec les parents; peut-être jouent-ils un rôle dans cette diminution de l’échec scolaire», glisse Bénédicte Linard.

Autre particularité locale, exogène au système scolaire : l’évolution de l’indice socio-économique de notre sous-région : 0,08. Aujourd’hui, il se situe au niveau de la moyenne de la Fédération Wallonie Bruxelles (0) mais il y a cinq ans, il était assez nettement en deçà puisqu’il se situait à -0,14.

On peut imaginer que l’immigration de familles relativement aisées issues de la périphérie bruxelloise dans certaines communes du nord-est de Wallonie picarde a joué à plein dans le remodelage du tissu sociologique.

Une offre fort diversifiée

Dans le secondaire, la situation est moins réjouissante. On y a vu l’échec scolaire augmenter ces dernières années. 3 798 étudiants de Wallonie picarde ont doublé leur année en 2006-2007, pour 4 351 en 2010-2011. «C’est un grand défi que de s’attaquer à cette inflation du taux d’échecs dans le secondaire».

Notre région offre le plus haut taux en matière d’enseignement qualifiant, avec un nombre extrêmement élevé d’établissement offrant un enseignement général, technique et professionnel, observent les députés. «Un panel très large qui permet d’envisager un vrai tronc commun». Écolo défend en conséquence l’idée de la mise en place d’une orientation positive des élèves. «Dans le primaire, il y a un vrai tronc commun. Et l’échec y est en diminution. Dans le secondaire, on a instauré un semblant de tronc commun. Pourquoi pas un vrai tronc commun jusqu’à 14 ans au moins? Nous plaidons pour que le premier degré soit un peu moins généraliste et davantage polytechnique, histoire de revaloriser les filières et de permettre aux jeunes étudiants de se tester sur plein de matières et orienter leur parcours scolaire en connaissance de cause».