PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Depuis quelques années, le travail conduit par le Québec en matière de lutte contre l’échec scolaire est souvent cité en exemple. Même si l’application de nouvelles méthodes d’enseignement à l’appui de programmes par compétences, ne fait pas l’unanimité, la question centrale de la motivation des élèves a été fortement reconsidérée.

C’est notamment grâce aux travaux conduits par Nancy Gaudreau, professeure-chercheuse à l’Université du Québec à Trois-Rivières, que cette dynamique continue de se développer. Elle présentait en 2013 dans la revue Pédagogie collégiale sa vision de la question du sentiment d’efficacité personnelle.

Après avoir constaté l’importance des croyances d’efficacité personnelle dans les résultats obtenus, Nancy Gaudreau a cherché à agir sur ce sentiment d’efficacité qu’elle distingue de la question de la confiance en soi.

Elle assure que « les notions de potentiel et de contrôle sont les fondements mêmes de cette théorie où les croyances d’efficacité personnelle sont au cœur même de la motivation et de l’action humaine. Plus celles-ci sont fortes, plus les objectifs poursuivis par la personne seront élevés.

Confirmée par plusieurs études scientifiques, cette théorie suppose que si les gens ne pensent pas qu’ils puissent produire les résultats qu’ils désirent par leurs actions, ils ont peu de raisons d’agir ou de persévérer face aux difficultés (Bandura, 2003). Les croyances d’efficacité personnelle influencent ainsi les choix des individus, les efforts fournis, la persévérance devant les difficultés, la résilience face à l’adversité, le stress vécu et le niveau de réussite auquel ils parviennent. »

Il est tout d’abord important de bien distinguer estime de soi et sentiment d’efficacité personnelle. « Le sentiment d’efficacité personnelle concerne les évaluations par l’individu de ses propres aptitudes personnelles, tandis que l’estime de soi se rapporte davantage à l’évaluation de sa valeur personnelle.

En fait, l’estime de soi se construit à partir de la valeur que l’on accorde aux autoévaluations de sa compétence personnelle. Par le fait même, une personne peut se considérer comme incompétente dans une activité donnée, sans que cela ait pour effet d’affecter son estime de soi si elle n’engage pas sa valeur personnelle dans cette activité. Cela explique aussi pourquoi il ne suffit pas d’avoir une estime de soi élevée pour agir conformément à ses attentes.

Concrètement, l’estime de soi de l’étudiant qui a un faible sentiment d’efficacité personnelle en ce qui a trait à sa capacité à réaliser une œuvre artistique ne sera pas affectée si celui-ci n’accorde pas ou peu de valeur au fait d’être incompétent dans ce domaine.

À l’inverse, si ce dernier estime que cela fait de lui une personne moins intéressante, donc s’il y accorde de l’importance, son estime de soi peut alors être altérée par cette croyance d’efficacité personnelle. Le sentiment d’efficacité personnelle a des répercussions sur les buts fixés ainsi que sur la performance, tandis que l’estime de soi n’a d’effet ni sur les buts personnels, ni sur la performance. »

Il est donc primordial d’essayer d’agir sur le sentiment d’efficacité personnelle des élèves. Un des moyens, c’est le principe des « expériences de maîtrise ou de succès » qui « construisent une solide croyance d’efficacité personnelle. Elles sont reconnues comme étant la source la plus influente d’efficacité personnelle (Bandura, 2003).

À l’inverse, les expériences d’échecs viennent miner cette croyance. Les succès résultant d’efforts soutenus construisent un sentiment d’efficacité personnelle résilient, tandis que les succès faciles et répétés développent des attentes de résultats rapides et sans effort. En contrepartie, les échecs répétés accompagnés d’efforts ont un effet très négatif sur le sentiment d’efficacité personnelle. Les expériences de maitrise contribuent positivement au développement du sentiment d’efficacité personnelle seulement si la personne attribue sa réussite à ses aptitudes personnelles et non à des facteurs hors de son contrôle. »

Et d’ajouter que « par exemple, l’étudiant qui réussit brillamment son examen de fin de session verra augmenter son sentiment d’efficacité personnelle dans cette discipline uniquement s’il juge que ce succès résulte de ses efforts, de ses aptitudes ou des choix qu’il a faits. S’il considère que cette réussite est due à des causes qui sont hors de son contrôle (comme la chance), la réussite n’aura alors aucun effet sur son efficacité personnelle perçue. Il est donc important d’être à l’affut des commentaires et des interprétations des étudiants quant aux attributions causales de leurs succès ou de leurs échecs. »

Il ne faut donc pas préjuger de la facilité ou de la difficulté d’un exercice devant ses élèves. Ce type de commentaires peut contribuer à nuire à la construction du sentiment d’efficacité personnelle. Il faut juste leur préciser qu’ils ont bien été préparés pour faire les exercices donnés.

Lors du commencement de nouveaux apprentissages, les succès obtenus sont primordiaux pour la construction du sentiment d’efficacité personnelle des élèves.  De façon assez logique, « le fait de surpasser ses pairs dans une situation donnée augmente les croyances d’efficacité, alors qu’au contraire, le fait d’être supplanté les abaisse. »

Une autre « source d’efficacité personnelle est la persuasion sociale ou verbale. Des études effectuées dans le domaine ont permis de démontrer que les personnes que l’on persuade verbalement qu’ils possèdent les ressources nécessaires à la réalisation de certaines activités fournissent plus d’efforts et persévèrent davantage que ceux qui doutent de leurs capacités. »

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