PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Le Premier Ministre prend une décision sage et accorde un délai pour la concertation sur les rythmes: il faut en profiter pour réécrire le décret relatif à l’organisation de la semaine scolaire !

La rédaction actuelle relève de la logique antérieure à la Refondation. Un vrai saut logique doit être fait pour passer d’une conception centrée sur le scolaire de l’action éducative à une conception systémique où le volet scolaire d’un PEdT en est une composante majeure mais nécessairement articulée aux autres composantes. Et c’est certainement pour cela que nous peinons actuellement à amender le décret de façon satisfaisante.

Notre proposition d’une réécriture complète du décret n’est pas un mauvais coup porté à la Refondation, mais  elle vise au contraire à la rendre possible. Car quoi qu’on en dise, ce décret porte sur des changements structurants.  

Il s’agit, et nous en convenons, d’une première étape d’un processus beaucoup plus long vers une nouvelle gouvernance de l’action éducative dans le cadre de PEdT qui ne pourront en aucun cas être réduits à l’addition de dispositifs tels que CEL, CLAS, CEJ, ayant existé. Ce décret doit dans son principe permettre de franchir les étapes suivantes.

Aujourd’hui nous craignons que ce soit le contraire qui se produise tant ce décret bloque au lieu d’ouvrir.

Il est inutilement compliqué  sur certains points (ex : pourquoi ne pas rendre possible d’emblée, sous condition de cohérence avec le PEdT et dans les limites prévues, soit 4,5 jours, des organisations incluant le samedi matin ? Alors qu’il a  fallu rédiger un  2e paragraphe pour permettre cela mais à titre dérogatoire. Petit rappel, le ministre n’avait-il pas déclaré peu après son arrivée qu’il était plutôt favorable au samedi matin ?)

Il fixe des amplitudes horaires à la fois trop rigides et paradoxalement floues puisqu’on fige selon les horaires un minimum ou un maximum mais sans jamais donner les deux bornes notamment pour la pause méridienne. Ce qui ouvre la voie a de probables dérives. Pire, le décret met hors la loi, comme le signale Claire Leconte, des projets opérationnels parfois depuis plus de 20 ans et qui ont des effets très positifs sur les enfants qui semblent quelque peu oubliés dans le décret.

Bien sûr on peut nous opposer que de tels projets obtiendront les dérogations nécessaires. Mais ce qui est paradoxal dans ce cas, c’est que les bonnes pratiques qui devraient justement servir de cap et être des repères pour fixer l’amplitude des possibles sont condamnées à rester des exceptions !

Alors que le décret introduit légitimement le PEdT, ce dont nous nous réjouissons, ce dernier n’est pas défini ou alors en creux. On en déduit au mieux qu’un PEdT c’est ce qui, comme feu les contrats éducatifs locaux (CEL), organise la coordination des activités périscolaires mais sans réelle articulation au moment de leur définition avec les projets d’écoles ou d’établissements. Et puis comment le DASEN pourra-t-il valider une organisation en se référant à un PEdT, véritable OPNI (objet pédagogique non identifié) dans le décret puisque ses contours ne sont pas définis et cela dans aucun texte réglementaire de portée nationale. On nous annonce une circulaire à ce sujet. Mais quelles seront les marges de manœuvre des acteurs si le décret pris en amont les réduit considérablement.

Plusieurs organisations s’en inquiètent. C’est pourquoi nous proposons d’introduire au moins un article additionnel portant sur ce sujet. Et nous ne parlons pas du rythme extrêmement rapide auquel on avance, car s’agissant de l’élaboration d’un PEdT, on est plutôt à front renversé, les maires devant définir au plus tôt les grands axes et les horaires d’un projet dont le contenu et surtout la voilure sera définie (ou pas) ultérieurement !

Personne au sein de l’éducation populaire ne remet en cause le principe de passer à 4,5 jours qui pourrait être même porté à 5 jours afin de permettre à certains projets innovants d’exister.  De nombreuses collectivités non plus. Et nombre d’enseignants partagent ce point de vue. Ce n’est pas de cela dont nous parlons et que nous critiquons de façon constructive mais la méthode et surtout un projet de décret qui ne permet pas d’atteindre l’objectif visé dans le cadre de la Refondation et présenté par le ministre dans le dossier présenté à Brest.  

Nous sommes d’avis pour dire que le décret ne peut et ne doit tout régler à ce stade. Toutefois, il doit être restructuré de manière à permettre d’échafauder solidement les phases suivantes souhaitées par le ministère après l’adoption de la loi. Il serait de ce point de vue prudent de prévoir son réexamen après un an d’expérimentation. On ne peut faire appel à l’esprit d’initiative des acteurs au sein de l’école et dans son environnement sans leur laisser le temps et les marges de manœuvre nécessaires pour élaborer un vrai PEdT dans un cadre national à la fois ouvert et évolutif dont nous contestons pas la nécessité.

Nous disons aussi que le PEdT ne peut être un simple contrat entre partenaires. On en a vu les limites avec les dispositifs passés. Il doit être pensé comme étant un cadre fédérateur dans lequel pourront s’engager  tous les acteurs institutionnels et associatifs concernés par l’éducation de nos jeunes. cette ambition nécessitera de donner au PEdT une identité juridique. Dans cette attente, il convient de donner au PEDT, une vraie place dans les textes qui sortent. De ce point de vue le décret relatif à l’organisation de la semaine scolaire est important. La portée de la circulaire annoncée en dépendra.

Nous voulons et il nous faut tout simplement réussir la Refondation de l’école.

Yves Goepfert et l’Asso-Réseau Prisme

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