PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

A quelques jours du Congrès des Maires, l’Association des maires des grandes villes de France rappelle, dans une enquête, les principales difficultés rencontrées par les grandes agglomérations pour appliquer les nouveaux rythmes scolaires.

« J’adhère à cette réforme sur le fond, car il fallait réparer l’erreur de 2008, mais elle pose un vrai problème de méthode, le gouvernement n’en a pas du tout mesuré les conséquences », lance Yves-Michel Dahoui, maire-adjoint à l’Education de Besançon.

Interviewé par la Gazette des communes au sujet des conclusions de l’enquête-flash de l’Association des maires des grandes villes de France AMGVF sur l’application de la réforme des rythmes scolaires dans les grandes villes, cet élu local adhère aussi aux conclusions de l’étude.
A quelques jours du Congrès des maires, où on attend la ministre de l’Education nationale Najat Vallaut-Belkacem, les réponses fournies par 22 grandes villes tracent en effet un tableau peu glorieux de l’entrée en vigueur de la réforme dans les plus grandes agglomérations (1).

Un surcoût de 2 millions d’euros – Aux dires des 22 villes répondantes, la moyenne du surcoût se situe à 3 millions d’euros, après déduction des aides du fonds d’amorçage, des prestations de la CAF et de la participation des parents.

L’amplitude des différences d’une ville à l’autre est manifeste : « Cette moyenne se situe dans une fourchette allant de 0 euro (les aides de l’Etat compensent intégralement les dépenses) à 22 millions d’euros », précise ainsi l’enquête, qui avance aussi qu’en éliminant les extrêmes, la moyenne du surcoût se situe plutôt à 2 millions d’euros.

Les villes interrogées font d’ailleurs remonter une insatisfaction manifeste quant aux démarches à effectuer pour recevoir les aides de la CAF : trop complexe, le dispositif d’attribution génère des coûts, car il entraînerait l’achat d’un logiciel ad hoc et la formation d’agents municipaux.

L’enquête relève qu’un tiers des villes répondantes sollicite donc une participation financière des parents, indexée sur les revenus ou sur un prix fixe extrêmement bas (ex : 5 euros par an à Nîmes). Dans les deux-tiers restants, la gratuité répond à « une volonté politique de ne pas pénaliser les familles et de rendre les activités accessibles à tous les enfants. Cette politique vise aussi à inciter les familles à inscrire leurs enfants dans les ateliers mis en place”.

La non-pérennisation du fonds d’amorçage menace cette gratuité, énonce clairement l’AMGVF. D’où la demande, réitérée à plusieurs reprises dans le document, de voir le fonds d’amorçage pérennisé. « Je suis également conseiller-général et je mesure à quel point les communes sont en difficulté ; je n’ose pas imaginer ce que cela sera si le fonds n’existe plus », insiste le maire-adjoint Besançonais.

Des difficultés multiples – Outre les difficultés budgétaires, l’enquête-flash remonte deux grands types de difficultés rencontrées par les grandes villes pour organiser la réforme des rythmes scolaires :

  • des difficultés d’organisation qui concernent : le recrutement et la gestion d’un nombre suffisant d’animateurs, les crispations des personnels municipaux, la question de l’exiguïté des locaux scolaires, le temps nécessaire à l’ajustement entre le nombre d’enfants inscrits aux temps d’activité périscolaires et le nombre d’encadrants
  • des difficultés « relationnelles » : les villes répondantes relèvent des attentes de la part des familles, qui naissent d’un discours national non ajusté aux réalités locales, des frustrations de la part des familles dont l’organisation est mise à mal et des relations difficiles avec les personnels de l’Education nationale.

Quid d’un plan de formation ? – Pour finir, ni le décret Hamon, ni l’assouplissement des taux d’encadrement, mesures prises par le gouvernement pour rendre plus facile l’application de cette réforme, ne convainquent les 22 grandes villes répondantes.
« Nous avons décidé de faire de cette réforme une grande ambition, mais cela prend du temps », souligne Yves-Michel Dahoui, qui décrit : « Nous avons doublé le nombre d’enfants en périscolaire, il est passé de 1200 et 1400 inscrits, ce qui signifie qu’il a fallu recruter 400 animateurs (14 ETP), 20 référents, 4 coordonnateurs, en lien avec les sections sportives de l’Université notamment. Et ce n’est qu’aujourd’hui qu’on peut se pencher sur leur montée en qualification ».

Pour l’élu local, 2014/2015 représente « une année-test ». Du côté des représentants des animateurs, c’est l’absence de soutien national à un grand plan de formation des animateurs qui concentre les critiques. Le SEP-UNSA milite ainsi pour une véritable révolution :

  • grand plan de formation pris en charge par la puissance publique, ce qui implique que le BAFA et le BAFD sortent du code de l’action sociale et de familles (CASF).
  • basculer les références liées à l’animation dans le CASF pour l’introduire dans le code de l’éducation,
  • viser le niveau IV minimum en terme d’encadrement et l’inscrire dans le code de l’éducation,
  • replacer le BAPAAT comme un diplôme d’insertion et non de qualification
  • amener de la transversalité aux filières et métiers de l’animation (FPT, FPH, FPT, Secteur associatif) pour permettre la projection de construction de carrières professionnelles.

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