PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

C’est quoi lutter contre le harcèlement dans un établissement scolaire ? « Si on veut cesser de banaliser le harcèlement, il faut en faire une cause nationale ». Le 5 novembre, c’est à l’école et au collège Joliot Curie de Bagneux (92) que N Vallaud-Belkacem accompagne une nouvelle fois la campagne contre le harcèlement. Pour cette première Journée de la lutte contre le harcèlement, la ministre a choisi une cité scolaire particulièrement investie.

En classe de CM2

Ici pas de séparation entre l’école élémentaire et le collège. Au milieu d’une cité, la même barre abrite d’un coté l’école et de l’autre le collège. Seule la couleur des stores marque la différence. L’école compte un peu moins de 300 élèves et le collège environ 350. La principale s’invite tout naturellement dans l’école. C’est elle qui interroge le plus souvent les élèves.

On est dans une classe de Cm2 où il y a 26 enfants. Les écoliers regardent un clip vidéo. Pas celui du ministère qui fait couler tant d’encre mais une vidéo réalisée l’année dernière pour le concours contre le harcèlement. La directrice de l’école et surtout la principale interrogent les élèves. Il y a de vrais questions. Est-on une balance quand on signale un harcèlement à un adulte ? A partir de quand une bousculade devient-elle du harcèlement ?  » C’est quand c’est répétitif. On se sent mal. On se demande pourquoi ça tombe sur nous » , dit une écolière. « C’est comme si le ciel nous tombait sur la tête ».

Une équipe ressources mobilisée

La ministre assiste ensuite à une réunion de l’équipe ressource contre le harcèlement. Elle réunit la principale et les directeurs des deux écoles du secteur, un professeur des écoles, un professeur du collège, la CPE, l’infirmière, une animatrice scolaire, la psychologue du Rased et un policier du commissariat de Bagneux. Tous ont été formés et jugent leur formation utile. L’officier de prévention participe aux entretiens individuels avec les élèves et intervient seul en classe de 5ème.

Le groupe scolaire a deux atouts. La porosité entre l’école et le collège qui fait que les écoliers sont préparés en amont au passage au collège. L’importance accordée aux parents. Aucun parent ‘a été invité à participer à la visite ministérielle. Mais le collège anime un café des parents.

Ce que relèvent les professionnels présents c’est la montée des comportements limites comme les bousculades. « Les enfants se bousculent à l’école et au collège, en 5ème, ça dérape et ça devient du harcèlement. C’est pour cela qu’il faut prévenir à l’école primaire », explique un directeur d’école. Tous les membres de l’équipe ont été formés à la méthode Pikas, une méthode basée sur des entretiens individuels non blâmants avec les jeunes. La ville de Bagneux finance au collège la présence de 3 psychologues. Grâce à tout cela, la principale témoigne d’une diminution des cas de harcèlement. Mais au collège s’ajoute la question du cyberharcèlement. La CPE prend en charge les cyberharceleurs et les cyberharcelés et surveille de près Facebook. Lequel est débloqué dans l’enceinte du collège.

Harcèlement et enseignement du français

Quel rôle pour le professeur de terrain face au harcèlement ? Paul Villa, professeur de lettres, explique que la lutte contre le harcèlement le concerne comme professeur et comme professeur principal. Comme professeur principal, c’est à lui de sensibiliser les jeunes au harcèlement. Il a l’habitude d’inviter des parents à participer à l’heure de vie de classe parce que « c’est important que les élèves voient leurs parents au collège ». Comme professeur de lettres, il dénonce le  » manque de mots » des élèves, souligne-t-il. Là les objectifs du français rejoignent ceux de la lutte contre le harcèlement.  Les collégiens de 6ème participent à un atelier théâtre qui doit les amener à présenter à leurs parents un spectacle. « Ils apprennent à exprimer leurs émotions avec des mots ». Une compétence utile contre le harcèlement.

« Si on veut cesser de banaliser le harcèlement, il faut en faire une cause nationale », nous dit N Vallaud-Belkacem. « Ca sert à faire connaitre des solutions ». La ministre rappelle ce qui a été mis en place : formation des enseignants, développement de l’empathie au programme de maternelle, chapitres contre le harcèlement dans les programmes d’Education morale et civique.

Pour la ministre la journée est un succès. « Cette journée a abouti à mettre en lumière auprès du grand public la question du harcèlement ». La preuve ? D’après les textes, tous les établissements scolaires doivent élaborer un plan de prévention contre le harcèlement. Mais à Bagneux, pas de plan. On prend le temps de le rédiger…

François Jarraud

Le ministère entre en campagne durable

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