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Jean Zay

Jean Zay et des écoliers, en 1939. (Sipa)

LE LIVRE DE LA SEMAINE – Dans Jean Zay, le ministre assassiné, Antoine Prost et Pascal Ory consacre un livre à un méconnu du Panthéon.

La France célébrera le 27 mai l’entrée au Panthéon de quatre figures de la Résistance : Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay. Bien qu’on ait tardé à reconnaître que la Résistance n’était pas qu’une histoire d’hommes ni de combattants armés, les deux premières occupent depuis plusieurs années une place méritée dans la mémoire nationale tandis que Pierre Brossolette est entré tôt dans la légende. Jean Zay, pour sa part, a moins retenu l’attention bien qu’il ait été – des quatre – le plus en vue de son vivant : la veille de ses 32 ans, en 1936, il avait été choisi par Léon Blum comme ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts. Il l’est resté jusqu’en septembre 1939.

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Arrêté par Vichy dès août 1940 puis condamné sous le motif mensonger de « désertion en présence de l’ennemi », Jean Zay est emprisonné à Riom. Prisonnier politique, il garde quelques possibilités de contacts avec l’extérieur et se rapproche de la Résistance. Comme Georges Mandel, il sera l’une des victimes de la Milice qui l’extrait de sa prison le 20 juin 1944 pour l’abattre dans un bois et jeter son corps nu dans un puits. Ses restes ne seront identifiés qu’en 1948.

Ces années de détention conclues par un assassinat commis dans l’ombre expliquent que Jean Zay reste méconnu. Si sa trajectoire n’avait pas été brisée, il aurait sans doute poursuivi une carrière aussi brillante que celle de deux autres de ses contemporains, issus comme lui du Parti radical : Edgar Faure et Félix Gaillard. Mais sa mémoire a aussi souffert du discrédit frappant le radicalisme depuis la fin de la guerre et la IVe République.

Le livre que lui consacrent Antoine Prost et Pascal Ory – rythmé par d’excellentes archives photographiques – montre pourtant combien ce brillant avocat, également journaliste, voulait rompre avec une pratique politicienne déjà discréditée. En témoignent les profondes réorganisations de l’Éducation nationale, de la recherche et de la culture qu’il sut mettre en œuvre et qui portèrent leurs fruits jusqu’aux années 1960 voire au-delà, s’agissant du théâtre, du cinéma, de la radio et des arts plastiques. André Malraux, par bien des points, s’inscrit dans son sillage. Il aura manqué à Jean Zay, mort peu avant ses 40 ans, de pouvoir travailler dans la durée et dans un système politique modernisé qu’il appelait de ses vœux.

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