PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Présentée au séminaire du Liepp Sciences Po, dirigé par Denis Fougère et Agnès Van Zanten, par Beatriz Pont (Liepp – Ocde) le 8 septembre, la crise éducative suédoise nous ramène tout droit aux débats politiques actuels. Il est question d’un collège bienveillant mais aussi du rapport des politiques avec l’école…

Vous rêvez d’une école inclusive où tous les enfants seraient scolarisés ensemble de 7 à 16 ans ? D’une école où il n’y a pas de redoublement. Où les notes sont supprimées sur une grande partie du parcours scolaire. Où la discipline est très bienveillante et le climat scolaire cool. Où les établissements bénéficient d’une grande autonomie ? Cette école existe c’est l’école suédoise. Vous l’aurez bine sur remarqué c’est aussi le modèle du nouveau collège que la réforme ministérielle veut installer.

Certains vont être contents. Car le bilan de cette école inclusive, bienveillante et sans notes est catastrophique. L’OCDE parle de « déclin éducatif suédois ». Mesuré dans Pisa, le niveau en maths est passé de 509 à 478 sur la première décennie du siècle et en lecture de 516 à 483. Pour l’OCDE la Suède est le pays où le niveau éducatif a le plus baissé de tous les pays de l’OCDE. C’est le contre exemple absolu !

D’où l’idée d’aller voir plus loin comment ce pays riche, démocratique, égalitaire a réussi à atteindre de telles performances scolaires. Et là les choses se compliquent…

Ce qui est mis en accusation c’est la réforme suédoise installée à la fin des années 1990. La réforme a doté les districts scolaires d’une large autonomie. Les écoles sont gérées au niveau communal et le curriculum lui même est partiellement local. Le pays a installé le libre choix de l’école avec la mise en place de chèques éducation et l’ouverture de free schools, des écoles publiques mais à gestion privée, un peu sur le modèle des « academies » anglaises.

Pour Nathalie Mons, qui menait la discussion avec Beatriz Pont, « le contre exemple suédois montre l’importance des interactions entre les éléments de la réforme ». Ainsi la décentralisation a généré des effets aussi  pervers parce qu’elle a été associée à une mise en concurrence forte des écoles du fait du chèque éducation et de l’ouverture des free schools. De même la privatisation a eu des effets très négatifs sur le climat scolaire. On est passé de la bienveillance au laxisme.les écoles se sont livrées à une véritable surenchère des notes pour trouver des élèves. Un climat peu propice au travail s’est installé. Les écoles se sont aussi affrontées sur le curriculum : elles ont utilisé leur droit à aménager le curriculum pour réduire les maths par exemple, générant leur effondrement. Ce n’est pas le collège unique bienveillant qui s’est mis en place avec la réforme mais sous la pression de la concurrence une véritable « déconstruction du collège unique » (N Mons) avec une ségrégation scolaire accrue, un mauvais climat scolaire et un comportement inefficace des chefs d’établissement noyés sous une autonomie qui a généré une montagne de taches administratives.

Le contre exemple suédois a aussi des choses à apprendre aux enseignants. Les enseignants suédois sont avec les français ceux qui considèrent le plus que leur profession est déconsidérée. Leur moral est dans leur chaussette, comme chez nous. Ce sont aussi ceux qui travaillent le plus isolément, avec les professeurs français. On a là aussi des éléments du déclin éducatif suédois. On ne peut pas être plus clair sur ce qu’il faut faire…

François Jarraud

L’échec de la réforme éducative suédoise

Rapport Ocde

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