PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Jacques GUYARD, ancien secrétaire d’Etat à l’Enseignement technique, député PS de la deuxième, puis de la première  circonscription de l’Essonne et ancien maire d’Evry et Jean ROUCOU, Elu local maire-adjoint de la Ferté-sous-Jouarre, éducateur et responsable associatif, président de l’association réseau PRISME (Promotion des initiatives sociales en milieux éducatifs). Interview croisée.

Solidaires : Pourquoi l’éducation partagée est-elle un idéal ?

Jacques Guyard : C’est un idéal parce que, tout d’abord, c’est l’intérêt du jeune (et d’ailleurs celui de toute la société). Mais c’est d’abord l’intérêt du jeune qui reçoit des informations, des connaissances, des savoir-faire d’un peu partout et ceci ne devient cohérent que si toutes ces données se coordonnent.

Jean Roucou : Dans la situation actuelle, elle paraît être un idéal mais de plus en plus, elle devient en partie une réalité.   Notamment, la loi de refondation terminée à l’instant où on demande de manière administrative et pédagogique, que ce soient les acteurs de l’éducation (qu’ils soient enseignants, bien sûr mais les familles, les associations, la ville)puissent travailler de manière coordonnée au sein d’un projet éducatif de territoire. Donc l’idéal commence à prendre tournure !

Solidaires : Quelle ambition éducative donnez-vous aux PEdT et quel lien faites-vous entre les PELet les PEdT ?

Jacques Guyard : Alors, comme je le disais précédemment, l’ambition c’est de faire de tout ce qu’un jeune acquiert dans son environnement familial (avec ses copains, dans ses associations et à l’école) de faire de tout cela une culture cohérente, quelque chose qui lui donne de l’autonomie, de l’esprit critique, de la créativité. Et pour cela, il faut rassembler tous ces éléments. Cela fait longtemps que l’on tourne autour de cette idée de placer l’enfant, le jeune au coeur du système éducatif. Mais il faut bien reconnaître que ça n’a pas beaucoup avancé. C’était aussi l’idée des projets éducatifs locaux qui était d’harmoniser ce que faisaient la collectivité locale et les familles d’une part, avec ce que faisait, d’autre part, l’Education nationale dans ses  établissements. LePEdT, c’est, au fond, une avancée supplémentaire. L’idée est d’avoir un programme coordonné d’interventions
des enseignants et des autres éducateurs que sont les familles, les associations, les mairies ou les départements pour que cela devienne un projet commun cohérent qui « tire »les enfants, tous les enfants, le plus loin possible.

Jean Roucou : Alors, je vais prendre la question à l’envers : le PEdT comme élément qui rejoint le PEL, bien sûr mais le PEL a une ambition beaucoup plus large, dès l’instant où on débat de l’éducation et de la relation, de l’association école, collectivité. Le PEL ou le PEG ou le PET, selon qu’on parle de global ou de territorial, va plus loin puisqu’il articule aussi ce qui est de l’ordre du social, du culturel, ou du sportif (qui peut se retrouver dans les PEdT mais pour partie) alors que le PEL est un élément qui prend en compte ces vibrations là d’une manière générale sur le territoire, considérant qu’une action sportive dans un club ou bien un travail social dans un quartier devient une action d’éducation globale et donc, ce n’est pas uniquement une articulation entre récole et ses partenaires.

Solidaires : Il faut nécessairement établir un lien entre les acteurs éducatifs pour l’analyse des besoins, par exemple ou pour la mise en place d’activités complémentaires. Est-ce que ce mécanisme est possible sans la participation des associations à la création des PEdT ?

Jacques Guyard : Les associations sont des partenaires indispensables dans cette affaire. J’ai moi-même été maire pendant longtemps, je vois la connaissance des jeunes (et particulièrement des jeunes scolairement le plus en difficulté) qu’ont les éducateurs sportifs dans les clubs. C’est une connaissance qui n’est pas du tout de nature scolaire. Je dirais que c’est une connaissance indispensable à la connaissance «y compris scolaire» de ces jeunes. Ils ont beaucoup à apporter autour d’une table commune pour une démarche pédagogique efficace. Je prends l’exemple du club sportif mais pour la musique c’est la même chose et ce qui se fait dans les bibliothèques municipales pour les enfants, c’est également la même chose, etc.

Jean Roucou : Disons qu’on verra à l’usage si le mécanisme est intéressant. Mais sur le principe, c’est intéressant de voir que les associations peuvent participer à l’élaboration de concertations voire à la mise en oeuvre (puisque c’est ça qui est aussi recherché) sans avoir à modifier éventuellement leur projet associatif parce que ce serait incongru et au même titre qu’un service
d’une collectivité ou d’une grande fédération d’éducation populaire. Par contre, les associations de parents, d’élèves ont toujours une place d’élaboration et de co-construction mais il n’y a pas de travail obligatoire autour des droits de l’enfant, par exemple. Ca c’est quelque chose qui peut venir mais les associations, c’est un bon élément dès l’instant où elles représentent les citoyens ou les usagers.

 » L’idée est d’avoir un programme coordonné d’interventions des enseignants et des autres éducateurs que sont lesfamilles, les associations, les mairies ou les départements pour que cela devienne un projet commun cohérent qui « tire» les enfants, tous les enfants, le plus loin possible. « 

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