PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

COMPLEXITÉ : le terme complexe apparaît au XVIIIème siècle pour désigner  des phénomènes contenant et unissant des éléments différents. Complexus exprime l’idée d’entrelacer, de plier.

Est complexe ce qui ne peut se résumer en un maître mot, ce qui ne peut se ramener à une loi, ce qui ne peut se réduire à une idée simple. Au sens négatif, synonyme d’incompréhension : « l’homme, le  gestionnaire ; le manager sont engagés dans la lutte contre la complexité de l’univers technique, économique, social où ils sont engagés », Mélèse, 1972.

Dans le Cours de philosophie positive, A. Comte distinguait les phénomènes sociaux des organismes étudiés par la biologie. Ce degré supérieur de complexité des premiers sur les seconds a été problématisé par la théorie des systèmes, faisant des systèmes sociaux ouverts des ensembles éminemment complexes.

La notion de complexité, déjà formalisée dans le domaine des sciences physiques et biologiques, est aujourd’hui au centre de transformations importantes dans le domaine des sciences humaines. Elle concerne, de manière générale, les unités notionnelles exploitées dans l’analyse de l’interaction des individus avec leur environnement, et la dynamique de leurs relations. Au sens positif, la complexité est au coeur des réflexions sur l’organisation de la vie et de la connaissance. Propriété des systèmes dynamiques « non linéaires », la complexité est associée aux notions de transition de phase, d’émergence, de diversité, de chaos, d’ordre par le bruit (théorie de l’information), de rétroaction (cybermétique) d’interconnexions et d’interactions et se retrouve notamment dans l’écologie, l’économie, les sciences de la gestion, la psychopathologie, les neurosciences, etc. Au sein d’un système complexe, les éléments peuvent se modifier eux-mêmes, des changements mineurs peuvent avoir des effets majeurs, des comportements nouveaux, inattendus se  créent spontanément, etc.

G. Bachelard, 1934, nous invite à revisiter notre esprit scientifique afin de « lire le complexe réel ».

E. Morin, 1990, désigne par « hypercomplexité », la complexité du social qui surpasse les complexités de tout autre phénomène, car elle intègre non seulement les relations sociales mais aussi celles des contextes physique, biologique et écologique. Il en conclut que les méthodes propres à la sociologie devraient répudier tout schéma simplificateur au profit de la pluralité des méthodes et des modèles d’interprétation.

Chez E. Morin, 1980, « la pensée complexe vise la multidimensionnalité (les dimensions physique, intellectuelle, psychologique, idéologique et sociale)… Elle reconnaît un combinat d’interactions, un réseau informationnel, une polyboucle récursive… un système ouvert, … un aspect et un moment d’un processus auto-(géno-phéno-égo-)-éco-re-organisateur, mais aussi un être, un individu, un sujet ». Pour l’auteur de Terre-Patrie, 1993 et de comment Eduquer pour l’ère planétaire, 2003, « Il y a un « continuum » de complexification physico-chimique ; mais ce continuum comporte des sauts multiples, dont celui de la séparation entre milieu interne et milieu externe, celui des échanges d’énergie et celui de la différenciation des échanges, et enfin surtout le saut hypercomplexifiant radical d’une organisation strictement chimique à une auto-éco-réorganisation dotée d’une dimension cognitive (computationnelle-informationnelle-communicationnelle), capable de s’autoréorganiser, s’autoréparer, s’autoreproduire, apte à puiser de l’organisation, de l’énergie et de l’information dans son environnement ».

L’activité (qu’elle soit scolaire ou professionnelle), l’éducation et la formation sont des domaines « marqués par une diversité et une complexité qui doivent nécessairement être préservés dans les objets de recherche et appellent une multiplicité d’approches, voire une multidisciplinarité. Aussi le traitement de la complexité doit-il tendre à une connaissance multidimensionnelle », A. Weill-Fassina & P. Rabardel & D. Dubois, 1953.

« La complexité ne s’analyse pas, elle se conçoit », J.L. Le Moigne, 2001. La complexité renvoie à la diversité des états possibles d’une organisation ou d’un système dynamique. Le paradigme de la pensée complexe a l’ambition de se substituer à la pensée analytique découlant de la méthode cartésienne, pour affronter les incertitudes, les indéterminations et les phénomènes aléatoires liés à ‘incomplétude de tout savoir (Théorème d’incomplétude de Gödel, 1931). G. Vico (1668-1744) dans la Science nouvelle, prétend nous livrer une nouvelle logique.

La pensée complexe est donc une méthode d’apprentissage dans l’erreur et l’incertitude humaines. Comment affronter la complexité dans les sciences humaines et sociales sans céder à l’éclectisme ? La complexité est un paradigme intégrateur qui repose sur le principe dialogique : « Le contraire d’une vérité n’est pas l’erreur mais une vérité contraire », (Pascal).

« Le propre de la théorie n’est pas de réduire le complexe mais de traduire le complexe en théorie », C. Delory-Momberger, 2003.

Pour A. Bouvier, 2004, l’orientation des élèves au sein du système éducatif est un bel exemple de « processus cognitivement complexes et multimétiers ». Les doubles compétences, à la fois techniques et managériales, sont très recherchées pour le pilotage de projets complexes.

  • Désorientation, Incertitude, Paradigme, Pilotage, Projet, Système…

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