PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Centre Alain Savary – IFE :

Accéder au site source de notre article.


texte de problématisation relatif au thème 1 : "perspectives pédagogiques et éducatives".

Télécharger la version imprimable (4 pages) au format PDF

Qu’est-ce qu’évaluer ?

« Evaluer » est une notion polysémique en usage dans l’institution scolaire. Elle intervient à différents niveaux du système sous des formes diverses. 

L’évaluation consiste en une prise d’informations sur des performances ou des comportements qui sont ensuite rapportées à des objectifs à atteindre ou à des normes.

En amont, l’évaluation implique un choix de démarches et/ou d’instruments de mesure. En aval, elle fait l’objet d’une interprétation des informations recueillies, et, elle peut être accompagnée d’une prise de décision. Les résultats et les analyses sont communiqués aux acteurs concernés.

L’institution scolaire conçoit et utilise différents types d’évaluation qui ont différentes fonctions : une fonction de certification, l’essence même des  examens, une fonction de prédiction basée sur les résultats de tests psychométriques et une fonction à finalité didactique qui permet de réguler les apprentissages. Ainsi on distingue habituellement trois modes d’évaluation :

  • l’évaluation sommative apparaît sous formes de notes, de commentaires, elle représente un enjeu dans les relations avec la famille de l’apprenant. Elle est enregistrée dans un document officiel à caractère public. Elle se déroule après les apprentissages.
  • L’évaluation pronostique se fonde sur les évaluations sommatives qui guident les décisions d’admission ou d’orientation de l’apprenant vers une nouvelle étape de son parcours : passage, redoublement, accès à une filière, etc. 
  • L’évaluation formative est constitutive de l’apprentissage. Elle saisit différentes modalités pour le faire progresser. Ces modalités sont autant de savoir-faire d’ajustements et de réglages qui se construisent  autour de la notion de régulation.

Dans sa fonction formative, l’évaluation est, au cœur des apprentissages,  une boîte à outils pour l’élève comme pour l’enseignant.

En premier lieu, l’élève impliqué dans une situation d’apprentissage  doit en connaître les objectifs puis les critères qui lui permettent de constater s’ils sont atteints ou non. Il lui faut enfin apprendre à relever des indices tout au long du déroulement de l’apprentissage. A tout moment il devrait pouvoir  repérer  ce qu’il sait et ce qu’il lui reste à apprendre, corriger ses erreurs. L’erreur n’est plus ressentie comme une faute mais analysé comme un élément utile pour progresser. C’est au cours de ce processus que l’élève prend conscience de ses procédés intellectuels et c’est à l’aune de cette connaissance sur lui-même qu’il construit son autonomie et par là-même un sentiment d’efficacité personnel.

Dans cette même fonction formative, l’enseignant conçoit les phases d’évaluation en même temps qu’il conçoit les situations d’apprentissage. Au cours de la réalisation des tâches ou des activités, il repère les difficultés rencontrées par les élèves de même que leurs réussites. En même temps qu’il observe les différents cheminements emprunter par les élèves, il analyse l’adéquation des démarches qu’il a proposées et, éventuellement, intervient pour les réorienter ou les compléter. 

Dans une dernière phase du déroulement des démarches d’apprentissage se pose la question de la notation, instrument privilégiée de l’évaluation sommative.

Des travaux de recherche ont montré que la note n’était pas une mesure objective et qu’elle était relative au contexte. Néanmoins, la note reste socialement et politiquement une valeur. Elle permet une régulation de la classe, participe à l’organisation de l’activité scolaire, elle est utilisée pour sélectionner les élèves. La note est un instrument de communication sollicité comme objet de contrôle et de référence commune pour les parents comme pour différents acteurs de l’institution  scolaire.

Evaluer en Éducation prioritaire

Comme pour tous les élèves scolarisés dans un établissement français, les élèves d’Éducation prioritaire sont soumis aux évaluations nationales et internationales  et se présentent aux examens nationaux dans le but d’obtenir une certification ou un diplôme. Les enseignants sont astreints dans leur mission à préparer leurs élèves aux examens et à faire passer les épreuves en suivant des réglementations officielles.

Comme ailleurs, en Éducation prioritaire les différents types d’évaluation cités sont partie intégrante des processus d’apprentissage et des conditions de scolarité.

Très certainement, il faut situer la spécificité de l’évaluation au regard des publics de l’Éducation prioritaire dans la force de l’impact et de ses conséquences sur les individus. Des recherches ont tenté de cerner les effets du jugement scolaire sur les élèves et analysé les contraintes multiformes de l’évaluation sommative pour un enseignant qui ne doit pas seulement évaluer les connaissances et les compétences mais aussi préserver la relation pédagogique.

Pris dans ce sens, l’évaluation se décrit et s’analyse sous la forme de jugement scolaire et fait référence non seulement à la notation mais aussi aux appréciations et aux commentaires formels et informels.

L’évaluation n’est pas une simple mesure car les incidences se répercutent sur les décisions prises en fonction des interprétations de ces notes : à partir de ce qui a été produit dans un certain type de contexte, il peut être décidé ce qu’il adviendra du parcours de formation de la personne.

Lorsque l’enseignant est en situation de porter un jugement évaluatif sur l’ensemble des élèves d’une classe, de très nombreuses variables implicites ou explicites vont conditionner son jugement. Des études ont montré que l’origine sociale, le genre,  le retard scolaire agissent comme des marqueurs sociaux.

Les caractéristiques de la classe ne sont pas non plus sans incidences : plus la classe est forte, plus le jugement de l’enseignant est sévère a contrario  il peut y avoir une tendance à rehausser les notes dans les classes faibles.

Il arrive que le jugement  de l’enseignant soit rejeté de manière radicale de la part de certains élèves. Dans ce cas, l’élève ramène ce jugement à des interprétations d’hostilité à son égard. Il situe les actes d’évaluation dans des rapports de force et de pouvoir, qui se jouent lorsque certains élèves, immanquablement, négocient un point voir un demi-point sur leur copie. Les réactions de ces élèves peuvent se comprendre lorsque l’on s’intéresse aux impacts des jugements évaluatifs sur leur construction identitaire. L’enseignant exerce une influence qui va au-delà du strict domaine scolaire. C’est l’enfant et pas seulement l’élève qui est touché, il est imprégné du regard de l’enseignant, regard qui est relayé par les pairs et les parents.

Au sein même du groupe classe, l’élève compare ses performances par rapport à celles des autres et cela lui donne des indications  à partir desquelles il se situe sur une échelle de plus ou moins grande conformité. En position basse, il enclenche des attitudes d’évitement ou de rejet non seulement vis-à-vis des évaluations mais aussi des apprentissages en général.

Idéalement, être évalué, serait d’accepter de recevoir un message sur l’évolution de ses apprentissages et penser qu’il peut être fondé, qu’il s’inscrit dans une dynamique positive. Pour tendre vers une telle posture, il est souhaitable que le dialogue entre les  protagonistes rende explicite les principes de l’évaluation.  Une transparence sur les référentiels construits précisant les objectifs attendus et sur les critères d’évaluation définis accompagnés des indicateurs qui permettent de les appliquer soutient positivement l’argumentation des enseignants auprès de le leurs élèves.  Il s’agit bien de les convaincre que c’est leur performance qui est évaluée et non leur personne, que leur réussite scolaire ne dépend pas d’intentions fallacieuses mais de la mise en œuvre de certaines procédures.

Ce que signifie « Evaluer » pour les enseignants

Evaluer est une opération complexe qui conduit à faire des choix, à prendre des décisions importantes pour l’apprentissage et pour l’avenir des élèves. Ce sont des actes et des postures qui renvoient  non seulement à des compétences didactiques pour les enseignants mais aussi à des savoir-faire  et savoir être au niveau des interactions sociales dans la classe et en dehors avec les parents.

Par ailleurs l’évaluation est un domaine d’innovation. D’une part le développement récent de l’approche par compétences conduit à engager une réflexion sur l’évaluation de ces compétences. D’autre part, la démarche d’autoévaluation constitutive de l’évaluation formative a conduit au développement de différents  outils pour les élèves. Par exemple, le portfolio qui réunit les meilleurs travaux produits par l’élève, permet d’étayer l’évaluation d’une compétence à la fin d’un module de formation. Ainsi  l’évaluation n’est plus une sanction qui dénonce les manques mais un acte positif qui affiche les acquis et les valorise.

Pour aller plus loin :

Print Friendly

Répondre