PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

 

SYMBOLE: Étymologiquement le mot symbole vient du grec sumbolon: une chose composée de deux. Un sumbalon était à l’origine un signe de reconnaissance, un objet coupé en deux moitiés dont le rapprochement permettait aux porteurs de chaque partie de se reconnaître comme frères et de s’accueillir comme tels sans s’être jamais vus auparavant. Pour bien comprendre toute la filiation de sumbolon, il faut se rapporter au verbe qui est la racine de ce mot: 1. Sumballein, réunir, rassembler; 2. Sumballein et sumballestai; rencontrer quelqu’un, se trouver, traiter avec quelqu’un.

« Ce que nous appelons symbole est un terme, un nom ou une image qui, même s’ils nous sont familiers dans la vie quotidienne, possèdent néanmoins des implications qui s’ajoutent à leur signification conventionnelle et évidente" Francis Danvers (Jung). Saussure a distingué, en linguistique, le symbole conventionnel du signe arbitraire. Par « symbole", il faut entendre une réalité visible qui représente une autre réalité d’ordre moins sensible, et, en général, plus élevée, avec laquelle elle a une correspondance analogique. Le labyrinthe, par exemple, est une forme symbolique dans le sens où il désigne, selon E.cassirer: « Toute énergie de l’esprit par laquelle une signification spirituelle est attachée à un signe concret et intimement appropriée à ce signe".

Les symboles ont des significations différentes qui peuvent être contradictoires entre elles. La vie onirique en fournit une bonne illustration. « Les symboles donnent à penser», P. Ricoeur. Pour le sens commun, est symbolique ce qui se substitue à la réalité, et qui se révèle être moins qu’elle. Mais pour les sciences sociales, le symbole est plus réel que la réalité même: « Les symboles sont plus réels que ce qu’ils symbolisent", écrivait C. Lévi-Strauss, 1996, en héritier de M. Mauss, auteur du paradigme du don. Depuis un siècle,la nature symbolique de la réalité sociale est reconnue dans ses aspects anthropologique, philosophique et psychologique, Decharneux, Nefontaine, 1998. L’économiste, ancien ministre américain du travail, R.Reidl discerne dans l’économie mondialisée une catégorie émergente de travailleurs, les manipulateurs de symboles. Les entreprises de « la nouvelle économie" se développent essentiellement autour des manipulateurs de symboles, c’est-à-dire les concepteurs de logiciels, la publicité, la communication … La vie des hommes,se nourrit de symboles. Les hommes ne font société et ne deviennent sujets que liés par des symboles (La revue du MAUSS, mouvement anti-utilitariste en sciences sociales, n012, 1998). La multidimensionnalité de l’action éducative est impliquée dans la célèbre triade lacanienne SIR: le Symbolique, l’Imaginaire et le Réel sont des concepts qui permettent de différencier la castration (Symbolique), la frustration (Imaginaire) et la privation (Réelle). La symbolisation de l’expérience nous permet de donner à nos vies une forme, un sens et une continuité. Pour R.Girard, 2004, l’homme est un « animal symbolique ». L’association des conseillers d’orientation psychologues, ACOP-France, s’est donnée au XX’ siècle comme symbole, une girouette (exposée aux quatre vents) surmontée d’un coq. Dans Ainsi parlait Zarathoustra, F. Nietzsche, 1885, enseigne le Surhumain et s’identifie au coq placé dans une basse-cour étrangère: «Je suis parmi ce peuple mon propre précurseur, le chant du coq qui annonce ma venue dans les ruelles obscures. Mais leur heure sonnera. Et la mienne aussi [… ] servir de pont, de présage, de héraut, de chant du coq. Je suis ton chant du coq … ma voix finira bien par t’éveiller». Pour P. de Saint-Hilaire, 1995, il faut voir dans le coq, l’emblème de notre pays au cœur des traditions européennes, protecteur de nos clochers, signe annonciateur de la lumière initiatique pour les francs-maçons. Symbole universel, les vertus qu’on lui prête sont innombrables: porte-bonheur, prophète, guérisseur, il incarne le courage, l’intelligence, et on l’associe volontiers à la résurrection ou à la délivrance (Socrate mourant offre un coq à Asclépios, Epilogue du Phédon de Platon). Le coq rentre dans le rituel compagnonnique et remplit une fonction quasi sacerdotale (prière du matin et appel au soleil).

 

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