PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

[|Elise Delhommeau, apprentie en Licence professionnelle UMLV – PRISME Ce que j’ai retenu de l’ouvrage : « Construire des pratiques éducatives locales » sous la direction de Vincent Berthet et Laurence Fillaud-Jirari|] Ce livre pensé par des professionnels de la politique de ville et par des associations de l’éducation vise à « aider à comprendre » les enjeux de la ville et de l’éducation. I) Evolution sociale des comportements L’ouvrage rappelle qu’auparavant, les objectifs éducatifs des villes étaient fixés par les services publics d’Etat et elles ne se chargeaient pas des questions concrètes éducatives régies par les familles et parfois les églises. Actuellement, le travail des femmes hors de leur domicile, les nouvelles structurations familiales font naître des besoins accrus. De plus, l’éducation est confrontée aux nouvelles technologies où prédomine la culture numérique sur les transmissions traditionnelles, écrite et orale. De plus, la télévision influence la construction des connaissances des élèves et des enfants. Ceux –ci ne sont plus dociles à l’autorité des adultes, tandis que leur capacité d’attention semble diminuer. | « Les parents d’aujourd’hui ne peuvent plus se servir des repères de leur propre éducation pour faire face à l’émergence de comportements nouveaux[…]. Un collégien sur quatre passe au moins deux heures par jour devant des jeux vidéo[…]. Qui est capable de proposer une alternative à l’addiction à Internet ? De plus, derrière le marché du jeu vidéo se jouent des intérêts économiques gigantesques[…]. L’émergence de ces comportements appellerait une refondation de l’éducation familiale, au moment même où elle est mise en péril. Or, la stigmatisation de l’abandon de l’autorité sert de lieu commun idéologique : on assiste au renvoi du travail fait par la famille sur des institutions qui ne sont pas faites pour cela. […]. L’école – à travers ses responsables – voudrait bien de cette mission éducative, mais les professeurs s’y refusent. » Philippe Meirieu, professeur à l’université Lumière – Lyon 2. Extrait de l’ouvrage « Construire des pratiques éducatives locales » | Cette évolution sociale génère un « capitalisme pulsionnel » où enfants et adultes se posent en consommateurs dans tous les champs, y compris celui de l’éducation. D’autre part, depuis 1998, les discriminations ethnico-raciales sont reconnues dans l’accès à l’emploi mais elles sont aussi vécues dans l’école. Dans les zones sensibles, les élèves d’origine étrangère ressentent être diriger vers des filières professionnelles dévalorisées socialement. Dans ces quartiers, face à la stigmatisation contre les jeunes, beaucoup réagissent par de la haine et du «dégoût » de la société et certains deviennent violents et marginaux. Ils ne se sentent pas compétents, sans capacités mais ce n’est souvent qu’une minorité d’entre eux qui deviennent déviants. La société incarcère alors ces jeunes, en détresse sociale. De surcroît, la médicalisation des jeunes pour « troubles du comportement » s’accentue. Il devient urgent de trouver d’autres solutions que la simple répression. Les solutions proposées sont controversées et à court terme. La discrimination positive risque de rendre coupable ceux qui n’ont pas pu réussi à s’en sortir malgré l’aide apportée. La relance des associations éducatives de territoires prend en compte l’enfant comme élève dans sa famille. II) Les aides, l’accompagnement, les réponses éducatives Pour réduire le fossé entre petites et grandes villes et diminuer les inégalités, il faut se concentrer sur leurs atouts par les Projets Educatifs Locaux qui ont été notamment créés pour remédier aux inégalités. Pour accompagner le changement des mentalités, le « soutien à la parentalité » a été développé pour aider les familles en difficulté, en luttant contre les risques d’exclusion. L’ANDEV (Association Nationale des Directeurs de l’Education des Villes), affirme que l’éducation par l’intégration est primordiale. Le constat des écarts d’accès à l’emploi rend indispensable que dans l’école se prépare mieux la vie en société, en valorisant les compétences de chacun. L’éducation artistique et culturelle menée par les villes peut réduire les inégalités d’accès aux connaissances car les activités culturelles peuvent être des outils d’apprentissage de l’altérité et de l’autonomie. Le croisement de celles-ci est enrichissant bien qu’il puisse être source de tensions. L’éducation doit également être au cœur des politiques urbaines et sociales. De nouvelles pratiques éducatives locales s’installent avec des enseignants ayant vécu dans des quartiers en difficultés : un professeur sur sept (dans l’académie de Créteil) est issu de l’immigration ou vient de ZEP, ce qui les rend peut être plus aptes pour aider les jeunes dans ces quartiers. Leur travail permet de réduire la marginalisation, favoriser l’insertion professionnelle et faire la promotion des quartiers. Cependant, ils ne souhaitent pas forcément aller enseigner dans les ZEP car ils ne supportent pas la ségrégation géographique des élèves. L’accompagnement à la scolarité tente de répondre aux besoins des parents, des élèves et des communes. C’est pour cela qu’elle s’inscrit dans le CEL (contrat éducatif local). L’accompagnement à la scolarité n’a pas pour but d’améliorer la performance scolaire (au contraire des organismes privés à but lucratif). Son rôle est d’aider les élèves à développer leurs capacités (écoute, travail personnel…) sans les juger afin de les remettre en confiance et de soutenir les parents. | « Les projets des associations mettent en avant le soutien aux parents dans leur rôle éducatif. Il s’agit de reconnaître explicitement le parent en tant que premier éducateur de son enfant, avec sa logique et ses pratiques de parent[…]. L’accompagnement à la scolarité peut ainsi être un espace dédramatisé[…permettant] aux parents de mieux appréhender la culture de l’école, parce que la distance entre certains parents et l’école reste parfois importante et les familles, surtout les plus défavorisées, la croient souvent infranchissable. En retour, cela peut certainement permettre à l’école de mieux entendre ces familles. » Agnès Foray, conseillère technique, centre de ressources enfance famille école de l’Ain et du Rhône Philippe Villeval, délégué, fédération des centres sociaux du Rhône | ATD Quart Monde aide les personnes les plus exclues de la société et cherche à intervenir dans l’école où ils connaissent les problématiques de l’exclusion. Le système éducatif reproduit les inégalités sociales. Pour améliorer la réussite des élèves, l’école doit s’ouvrir aux parents et connaître l’expérience des familles car un enfant a des difficultés à apprendre s’il y a un trop grand fossé entre son vécu et les savoirs dispensés à l’école. Les familles ne doivent pas elles-mêmes stéréotyper l’école afin que l’enfant se sente en confiance pour apprendre sans penser qu’il se sépare de sa famille, de son milieu. Pour réussir, l’école devrait individualiser les évaluations des élèves en fonction de leur base pour suivre leur progrès. L’école doit être un lieu d’échange entre parents/élèves/enseignants où tous doivent participer au projet éducatif du territoire. Il faut cesser de voir les parents des enfants de ZEP comme démissionnaires. La sectorisation scolaire est un bornage. III) La gouvernance, les fonctions Depuis une trentaine d’années, l’éducation est devenue un enjeu territorial car la démocratisation de l’enseignement a paradoxalement augmenté les inégalités. Les différences de moyens financiers et matériels éducatifs dans les villes a pu renforcer les inégalités. On voit s’installer une éducation partagée sur certains territoires intercommunaux. Les villes cherchent à conforter le système scolaire avec les moyens qu’elles apportent. Par ailleurs, elles incluent ce dernier dans un système éducatif intégrant le statut d’élève dans celui d’enfant. Ainsi aujourd’hui, on part d’un système éducatif vers un système apprenant avec un portage inter – acteurs pour assurer une « réussite éducative et sociale ». Le paysage éducatif étant en mutation, il convient de redéfinir le rôle de l’Etat et d’aider les collectivités territoriales à améliorer leurs qualifications sur le champ élargi « de la formation tout au long de la vie ». Pour réduire les inégalités territoriales, l’Etat doit impulser une « politique volontariste » pour mieux situer la participation des associations à l’intérêt général. | Avec l’évolution des modes de vies, « l’école se trouve aujourd’hui face des missions qu’elle ne peut remplir seule : l’intégration, la culture, l’apprentissage d’un métier […]. Pour faire face à la demande sociale, […] les collectivités territoriales ont, […] développé des structures d’accueil et des projets d’activités destinés aux enfants et aux adolescents durant leur temps libre. Malgré cela, de nombreuses parties du territoire sont encore dépourvues de ce type d’offre. Pour éviter ces inégalités territoriales, il est nécessaire qu’une politique volontariste de l’Etat soit promue afin de soutenir l’émergence d’un véritable service public local d’éducation, où le rôle et les responsabilités de l’Etat, des collectivités territoriales, des associations, des organismes sociaux soient identifiés. » Les Francas, extrait de l’ouvrage « Construire des pratiques éducatives locales » | Cependant, les politiques éducatives étant nombreuses, la question financière se pose au regard du désengagement de l’Etat sous prétexte de modernisation. Il a été décidé dès la rentrée 2008 de diminuer le temps de cours des élèves en primaire, afin que l’éducation se fasse davantage par les familles et les collectivités. Certes les lois de décentralisation ont permis aux collectivités territoriales d’avoir une place dans la politique éducative en apportant des moyens aux écoles et organisant des activités extra scolaires. Mais, les écarts se creusent car le capital culturel et financier des familles est inégal. De surcroît, la décentralisation et le développement des politiques contractuelles entraînent un déplacement des responsabilités de l’enseignant vers le travailleur social. En conclusion, il semble essentiel de ne pas seulement apprendre aux élèves une éducation rentable économiquement. Il faut d’abord commencer par éduquer l’éducateur ! La société s’est individualisée et le vieillissement des populations a aggravé cette tendance où la peur de l’autre hante nos sociétés. Les partenaires doivent se réunir souvent pour contrecarrer cet individualisme. Mais, les acteurs éducatifs ne sont pas prêts en France à devenir partenaires car les enseignants se considèrent, trop souvent, comme seuls à pouvoir « instruire » les élèves alors que l’acte d’éducation est plus large et complexe. Le 25/11/2008

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