PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Association Internationale de Formation et de Recherche en Education Familiale :

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1)    Quelle est l’origine des Cités de l’Education ?

polo le lapin, la mascotte de la rechercheEn 2008, le service de Développement communautaire de l’Université de Mons (Belgique) débutait une recherche-action pluriannuelle intitulée « Parents partenaires de l’Education ». Celle-ci se mit en place à Charleroi d’abord, à Péruwelz et à Etterbeek ensuite. Son objectif était de favoriser le développement optimal de l’enfant dans sa famille et à l’école maternelle dans une perspective de lutte contre les déterminismes social et scolaire et ce, en développant l’acquisition de ses compétences langagières et en enrichissant les pratiques éducatives à l’école et en famille, par un travail conjoint de co-éducation en faveur de l’enfant. Des outils furent dès lors créés : un programme de stimulation au langage (« Eduquons ensemble avec Polo le lapin ») pour les enfants de 3 à 6 ans, une coopérative d’activités de co-éducation, un programme d’éducation familiale destiné aux parents. Un guide d’utilisation de ces outils destiné aux enseignants est en cours de réalisation.

Les évaluations successives de la recherche-action ont montré des résultats positifs en ce qui concerne les gains de langage chez l’enfant, son intégration à l’école, la dynamique relationnelle famille-école ainsi que l’accroissement de la réflexivité chez les parents par rapport à leurs conduites éducatives. Une zone d’éducabilité susceptible d’être activée se révélait donc et incitait à poursuivre et amplifier le projet.
Très rapidement, en effet, la co-éducation école-famille s’est élargie pour concevoir une co-éducation école-famille-communauté. Car, comme le dit un proverbe africain, « il faut tout un village pour éduquer un enfant ». La Cité de l’Education est un pas de plus vers une telle alliance éducative.

Vu le succès enregistré par cette recherche-action de co-éducation, la Ville de Charleroi a été déclarée « Cité de l’Education ». Grâce aux congrès de l’AIFREF et aux échanges entre ses membres, la diffusion des résultats positifs de l’expérience menée en Belgique a dépassé ses frontières et le Réseau International des Cités de l’Education a été créé. Ainsi, après la Belgique, des pays comme l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, le Québec et le Portugal ont intégré le RICE et plusieurs de leurs municipalités ont adhéré à sa charte. Avec les Cités de l’Education, c’est avant tout une vision d’avenir qui est proposée afin qu’elles deviennent, in fine, de véritables cités résilientes.

2)    Qu’est-ce qu’une Cité de l’Education ?

Une Cité de l’Education repose sur l’idée d’une communauté qui, articulant les sphères politique, scientifique et sociopédagogique (les parents, les enseignants, les puéricultrices, les intervenants sociaux, les entreprises…), fait du partenariat école-famille-société le substrat du processus éducatif.
En son sein, il existe un partenaire trop peu pris en compte dans l’action sociale et éducative et pourtant central : il s’agit de l’entreprise. Celle-ci a un rôle éducatif à jouer dans la communauté, par exemple, en proposant aux travailleurs parents un programme d’éducation familiale visant à renforcer leur identité familiale, à enrichir leurs pratiques éducatives et à accroître leur sentiment de compétence. Chacun y trouvera son compte car si la vie professionnelle affecte la vie familiale, l’inverse est également vrai.
La Cité de l’Education vise à faire réfléchir les acteurs sur leur action, à envisager la façon d’agir ensemble en coordonnant les différents projets (de soutien à la parentalité et de co-éducation) autour d’un référentiel commun (des outils, des méthodes…) qui donne une cohérence à l’ensemble de l’action. Ce concept d’approche intégrée implique le respect de la spécificité de chacun des partenaires impliqués. Chacune des sphères d’influence (politique, scientifique et sociopédagogique) joue un rôle pour promouvoir les conditions les plus favorables à la mise en œuvre d’une Cité de l’Education.

3)    Qu’est-ce que le RICE ?

Le RICE est un réseau de partenaires relié à l’AIFREF. Celle-ci, ayant une belle visibilité scientifique, lui confère un label de qualité. D’autres associations, poursuivant les mêmes conceptions éducatives, pourront devenir des partenaires si elles sont intéressées.
Son but est de favoriser les échanges de « bonnes pratiques » avec les autres cités qui partagent des valeurs identiques, à savoir le développement optimal de tous, la recherche de l’égalité des chances, le respect de la diversité, la solidarité et l’engagement actif.
Le réseau se matérialise dans des projets divers émanant d’horizons différents. Certains ont déjà leurs propres outils et méthodes, d’autres désirent répliquer la recherche-action de Charleroi, Péruwelz et Etterbeek, d’autres encore souhaitent l’adapter à leurs besoins. Mais tous adhèrent aux spécificités du RICE qui sont les suivantes :

  • la mise en œuvre consiste en une alliance éducative Ecole-Famille-Société afin de réduire les discriminations et de lutter contre les inégalités sociales ;
  • les cibles sont les enfants de 0 à 6 ans ;
  • le projet est centré sur l’éducation familiale et le développement du langage chez l’enfant ;
  • l’implication du politique, du scientifique et du sociopolitique est indispensable ;
  • l’ouverture aux diversités socio-culturelles est une priorité ;
  • l’approche développe des valeurs humanistes et se veut émancipatrice pour tous les acteurs de la Cité (enfants et adultes).

4)    Comment fonctionne le RICE ?

Le RICE est une entité de l’AIFREF. Il est coordonné par un comité de pilotage composé, pour l’heure présente, par :

  • J.-P. Pourtois, Président de l’AIFREF, Université de Mons
  • H. Desmet, Secrétaire de l’AIFREF, Université de Mons
  • E. Catarsi, Université de Florence
  • O. Prévôt, Université de Franche Comté.

Pour une municipalité (ou une autre entité), adhérer au RICE implique la signature d’une charte (figurant ci-après) et la prise en compte de la convention liant les partenaires entre eux. Le rôle du comité de pilotage est de répondre aux questions et aux demandes des personnes intéressées, de valider les demandes d’adhésion et de faciliter les échanges entre les projets, voire de susciter des associations de projets (par exemple, pour obtenir des financements européens). Le comité de pilotage va aussi provoquer des rencontres du RICE lors des Congrès de l’AIFREF et/ou lors de colloques intermédiaires. Les rencontres réunissent les personnes qui font déjà partie des Cités de l’Education, mais aussi toutes celles intéressées par la création de telles Cités.

5)    Prochaine rencontre

Lors du prochain Congrès de l’AIFREF qui se tiendra à Patras (Grèce) du 22 au 26 mai 2013, sera organisé un symposium piloté par le RICE et intitulé « De la relation éducative à la Cité de l’Education ».

6)    Charte

Réseau International de Cités de l’Education (RICE), charte

ont contribué à l’élaboration de la charte :
J.-P. Pourtois, H. Desmet, J.-M. Bouchard, B. Terrisse et O. Prévôt

Préambule

Confrontées aux mutations sociétales (comme la précarité des liens, l’apparition de nouvelles parentalités…), la famille, l’école et la communauté doivent réinventer des stratégies éducatives pour faciliter un épanouissement individuel et collectif des enfants. Les voies pour y parvenir nécessitent une mise en commun des ressources de la cité dans son ensemble. La finalité majeure de ce partenariat consiste en fait à favoriser l’émancipation de tous, de l’enfant certes, mais également de sa famille et des membres de la Cité en luttant contre les inégalités liées à certaines conditions sociales et en reconnaissant et valorisant les savoirs et les compétences de chacun.

La famille est un creuset où se développe prioritairement l’enfant. Elle doit donc être reconnue comme partenaire incontournable. L’enfant et sa famille seront au centre des interventions éducatives et seront impliqués comme acteurs majeurs dans le processus de recherche de la réussite.

La crèche et l’école sont d’autres instances essentielles où se développe l’enfant. La crèche et l’école maternelle représentent souvent les premiers lieux institutionnels de socialisation. La qualité de ce passage de la famille à ces nouveaux lieux de vie préfigure la trajectoire future de l’enfant. Ces expériences précoces enrichissent en effet le développement des compétences affectives, cognitives et sociales des enfants, futurs citoyens. Elles sont donc d’une importance capitale. Très tôt, les parents investissent fortement le projet scolaire de leur enfant, ce qui facilite l’établissement des relations parents-professionnels (puéricultrices, enseignants) et prépare la qualité de celles-ci tout au long de la scolarité de l’enfant. Ainsi, l’enseignement primaire puis l’enseignement secondaire inscriront plus aisément leurs actions éducatives dans le registre du partenariat famille-école qui, on le sait, favorise l’adaptation scolaire de l’enfant d’abord, de l’adolescent ensuite.

Par ailleurs, l’enfant se développe aussi au sein de la Communauté. Celle-ci doit être concernée au même titre que la famille, la crèche et l’école puisqu’il s’agit de former de futurs citoyens. Aujourd’hui plus que jamais, les Cités (communes ou municipalités), petites ou grandes, disposent d’innombrables possibilités d’émancipation. D’une manière ou d’une autre, elles offrent de multiples ressources pour l’éducation  des jeunes et des moins jeunes : il s’agit d’un système complexe qui serait d’autant plus efficace si les éléments qui le constituent pouvaient travailler ensemble dans une direction commune. L’essentiel est donc que chacun puisse coordonner ses actions avec celles des autres.

La « Cité de l’éducation » doit pouvoir compter sur toutes les ressources de la communauté y compris celles des Universités et des Hautes Écoles de son territoire pour développer avec elles  un partenariat en vue de réaliser un projet éducatif commun et d’évaluer l’impact des stratégies innovantes mises en place.

La diversité est inhérente aux Cités de l’éducation. Pour cette raison, un de ses défis est de promouvoir l’équilibre et l’harmonie entre identité et diversité culturelles. L’homme vit  dans un monde d’incertitudes, ce qui suscite chez lui la recherche de la sécurité. Il a donc tendance à se méfier de l’autre différent, voire à le nier. La Cité de l’éducation, consciente de ce fait, ne cherchera pas de solutions unilatérales simples, elle acceptera la différence et proposera des démarches de connaissance mutuelle, de dialogue et de participation.

C’est donc au confluent des quatre instances fondamentales – la famille, la crèche, l’école et la communauté – que la co-éducation s’établira en vue d’une synergie fructueuse. Mais pour que celle-ci se réalise, il importe que chacun se mobilise : non seulement les instances éducatives mais aussi les instances politiques, sociales et scientifiques, les entreprises, les centres culturels et artistiques…, tous œuvrant ensemble au sein d’une  Cité de l’éducation. Le droit à une Cité de l’éducation doit être considéré comme une extension effective du droit fondamental à l’éducation. Faire partie d’une Cité de l’éducation constituera une recherche constante de plus de justice sociale et de plus d’égalité entre tous ses membres.

La Cité de l’éducation se préoccupera du développement de toutes les potentialités éducatives qu’elle renferme et respectera les principes définis ci-après.

1.1.    Objectif

L’objectif central de la Cité de l’éducation est de créer, d’organiser et de mettre en œuvre, dans un cadre de co-éducation, des activités visant le développement cognitif, affectif, social et culturel des enfants, l’enrichissement éducatif des parents, l’accompagnement des professionnels de l’éducation dans le domaine des relations Ecole-Crèche-Famille-Communauté ainsi que la collaboration avec toute personne désireuse de contribuer à l’émancipation de la Cité.

1.2.    Droit à une Cité de l’éducation

Le droit à une Cité de l’éducation est une extension du droit fondamental de tous les individus à l’éducation. La cité de l’éducation renouvelle en permanence son engagement à éduquer ses jeunes et ses moins jeunes tout au long de la vie. Elle devra donc tenir compte des besoins particuliers de la Communauté.

1.3.    Responsabilité et partenariat

Seront responsables de la Cité de l’éducation l’Administration municipale ainsi que les organismes partenaires qui œuvrent à l’organisation de l’action co-éducative. Ainsi, des partenariats de formation et de recherche seront engagés avec les Universités et les Hautes Écoles de son territoire afin de mettre en œuvre des projets de co-éducation et des pratiques innovantes ainsi que d’évaluer leur impact sur la communauté.

Deux autres partenaires incontournables sont la crèche et l’école – de la naissance à l’enseignement supérieur – qui, par des contacts privilégiés avec les familles, assurent la continuité éducative entre les milieux de vie essentiels de l’enfant et de l’adolescent, continuité dont on sait aujourd’hui qu’elle favorise le développement et l’adaptation scolaire et sociale de ceux-ci.

En d’autres termes, c’est avec une responsabilité partagée du politique (autorités politiques), du scientifique (Universités et Hautes Écoles) et du pédagogique (parents et professionnels de l’éducation) que s’organisera le projet éducatif de la Cité. L’articulation de ces trois piliers est indispensable à la réussite de l’action.

La participation d’autres partenaires est bien sûr requise, en fonction des ressources locales : association de parents, centres d’actions sociales, centres culturels, organismes d’insertion socio-professionnelle, entreprises…

1.4.    Engagement de la Cité de l’éducation

Douze principes régiront, dans une perspective de co-éducation, la Cité de l’éducation.
La Cité de l’éducation s’engage à :
 

  1. déclarer les responsables du projet éducatif de la Cité sachant qu’ils seront issus, pour le moins, des mondes politique, scientifique et pédagogique ; contacter et solliciter les organismes ou institutions partenaires potentiels ;
  2. stimuler la participation de tous les habitants au projet éducatif en faisant appel à leurs ressources et expériences, dans une optique de communication, de co-réflexion, de négociation et de co-production ;
  3. se référer constamment aux principes plus larges de justice sociale, de qualité de vie et de bientraitance en vue de l’émancipation de l’Homme et de la Communauté ;
  4. être particulièrement attentive aux familles vulnérables (pauvres, nouvellement arrivées, réfugiées…) afin de lutter contre l’exclusion scolaire et sociale ;
  5. promouvoir la diversité culturelle; combattre toute forme de discrimination; favoriser la liberté d’expression et le dialogue égalitaire ;
  6. tendre à toujours exercer avec efficacité ses compétences, c’est-à-dire prévoir une politique adaptée, novatrice et répondant aux objectifs visés par l’ensemble des partenaires ; veiller particulièrement à la maîtrise des langages ;
  7. diffuser à tous les membres de la Cité l’information précise sur la situation et les besoins éducatifs de la Communauté, sur les décisions qui auront été prises par les partenaires responsables ainsi que sur les évaluations de l’impact éducatif et formatif des projets engagés ; mettre à leur disposition des lieux d’information et d’orientation faciles d’accès ;
  8. doter la population, dans la mesure des moyens disponibles, d’espaces, d’équipements et de services nécessaires au développement du projet éducatif envisagé au sein de la Cité ;
  9. donner à tous les habitants de la Cité la possibilité d’accéder aux actions et aux outils de développement mis en place pour la communauté ;
  10. favoriser les échanges de « bonnes pratiques » de co-éducation avec les autres Cités de l’éducation qui adhèrent à la présente charte ; rejoindre le Réseau International des Cités de l’Education (RICE) qui est une entité de l’Association de Formation et de Recherche en Education Familiale (AIFREF) ; produire, chaque année, un rapport d’activités qui sera diffusé au sein du réseau ;
  11. observer scrupuleusement les valeurs et les pratiques de respect, de tolérance, de participation, de responsabilité dans une visée d’égalité et de liberté en vue d’une solidarité accrue ; mettre l’accent sur les ressources des partenaires engagés.
  12. exprimer solennellement et par écrit l’engagement de souscrire aux principes et valeurs présentés ci-avant et s’affirmer ouverte à sa propre réforme, en lien, notamment, avec les mutations sociétales.

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Categories: 4.2 Société

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