PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In CFDT Paris – le 26 octobre 2013 :

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L’appel de Bobigny de 2010, signé par nombre d’associations, de fédérations de parents d’élèves, de syndicats et de syndicats d’enseignants visait cette ambition commune de réforme du système scolaire. Pour mémoire , voici un rappel du paragraphe qui avait pour objet les rythmes scolaires :

« Pour améliorer les rythmes de vie et de travail des enfants et des jeunes très rapidement, il faut un cadre national, décliné dans les projets éducatifs de territoire et les projets d’établissement. Il faut (…) alléger la journée et adapter le travail scolaire aux temps favorables aux apprentissages, alterner et équilibrer dans la journée les différentes formes de regroupement, les différentes activités et disciplines, les formes de travail, garantir la pause méridienne, refuser la semaine actuelle de 4 jours et prioriser un rythme annuel alternant 7 semaines scolaires et 2 semaines complètes de vacances intermédiaires, définir un volume annuel d’heures d’enseignement. Ce cadre national doit préconiser l’articulation des temps éducatif et sociaux, leur mise en cohérence avec la coopération éducative de tous. »

Aujourd’hui, nous pensons toujours qu’une matinée supplémentaire est nécessaire et favorable aux apprentissages : meilleure attention des élèves sur des journées plus courtes.

Nous savions que, pour les enseignants, ce rythme les obligerait à venir une fois de plus sur leur lieu de travail et que la journée scolaire plus courte ne raccourcirait pas vraiment la journée de l’enseignant mais nous espérions qu’elle serait moins fatigante. A cette réforme des rythmes, s’ajoute l’autre pilier de la refondation qui est la réécriture des programmes après le tollé suscité par les programmes de 2008. Ces nouveaux programmes doivent permettre une meilleure réussite des élèves

Mais, pour le Sgen-CFDT, le bilan d’étape de la mise en place des rythmes que certains essaient d’imposer dans les médias, après à peine un mois d’application, est malhonnête. Il révèle plus une tentative d’instrumentalisation électorale de la question scolaire qu’une réalité de terrain qui est bien évidemment plus contrastée.

C’est par le dialogue social entre tous les partenaires (parents, enseignants, élus, associations, personnel communal…) que nous réussirons le retour aux 4,5 jours en mettant en place une journée équilibrée des différents temps de l’enfant. Aujourd’hui, il est prématuré d’en tirer des conséquences sur le bien être ou la fatigue de l’enfant, ce qui est indéniable c’est que la durée du temps scolaire est réduite et déjà auparavant beaucoup d’écoliers restaient à l’école après 16h30.

Des difficultés qu’il ne s’agit pas de nier, que nous poserons plus loin sont apparues. Il est important de les lister précisément, d’analyser les causes et d’y remédier rapidement. Nous pensons au Sgen-CFDT que c’est bien au niveau local que les solutions doivent être trouvées dans un dialogue social constructif et non pas dans des déclarations polémiques où l’intérêt de l’enfant passe au second plan.

Plutôt que de lancer des pétitions pour obtenir le retour à la semaine Darcos de 4 jours unanimement décriée, il vaudrait mieux analyser les facteurs de réussite du passage aux 4,5 jours dans certaines écoles. C’est dans cet esprit que le Sgen-CFDT de Paris est allé à la rencontre des acteurs de terrain afin d’apporter des éléments concrets sur la mise en place de l’ ARE à Paris.

Ce qui apparaît comme positif :

- L’organisation se met en place progressivement, aussi bien pour les élèves (qui ont repéré leur atelier et sont heureux d’y aller) que pour l’organisation (nomination de nouveaux animateurs, formation de nouveaux Directeurs point d’accueil)

- Scolairement, les enfants prennent bien le rythme de travail chaque matin de la semaine, et plus de 90% restent à l’ARE par choix des parents mais aussi des enfants qui veulent rester aux ateliers.

- Gros travail des animateurs et directeurs de centre pour trouver des outils et des attitudes communes de réussite de l’ARE.

- Il a été remarqué que lorsque le directeur d’école donne un coup de main et que la communication est harmonieuse ça fonctionne encore mieux évidemment (mise en place d’outils de liaison, de régulation).

- Autre évolution observée, elle se situe dans la pratique de certains parents : il a été signalé qu’il y a moins d’élèves qui restent jusqu’à 18h ; beaucoup sortent à 16h30.

- En outre, les enfants qui rentrent manger chez eux, restent à l’ARE : il semble que les parents aient compris la chance qui était donnée à leur enfant ; la gratuité est donc essentielle.

Ce qui est négatif

- Il y a dans certaines écoles une absence totale de coordination avec la REV et la CASPE (circonscriptions des affaires scolaires et de la petite enfance) sur les intervenants, les associations, … (sud parisien)

- Sur les locaux, force est de constater, que parfois l’utilisation des locaux classes n’est pas du tout adaptée à certaines activités périscolaires et que c’est une source de tension au sein de l’école.

- La maternelle est semble-t-il, l’endroit qui pêche le plus aujourd’hui pour la mise en oeuvre de l’ARE. Toujours d’après les acteurs de terrain (directeurs et animateurs) : les enfants ont beaucoup de mal à comprendre les changements de rythme, et qu’une heure et demie sur la même activité c’est beaucoup trop long. La question de la fatigue des enfants et de la vie en collectivité sont les cause majeures. On en vient même à parler de pénibilité vécue par les tous petits, alors même qu’un des objectifs annoncé de cette réforme était de permettre aux enfants d’être moins fatigués. Cette fatigue est observée suite à l’heure du réveil avancée après leur sieste dans certains endroits (moins ½ h) et au trop grand temps passé en collectivité par ailleurs (trop de stimulations), ne laissant pas assez de temps « calme » avec soi. Il serait intéressant d’intégrer des Educatrices de Jeunes Enfants dans les maternelles que ce soit celle de la petite enfance par exemple, afin de mieux saisir la problématique des besoins de l’enfant à ce stade.

- Il existe aussi des écoles qui à ce jour n’ont eu aucune réunion animateurs / parents d’élève n’ait été encore programmée.

- Outre la question de trouver un cadre plus précis pour le nettoyage des locaux, reste que la question de la sécurité, sortie des élèves n’étant pas inscrit aux activités semble être un véritable sujet d’inquiétudes des collègues, et des parents.

Malgré ces constats, nous restons favorables à cette réforme qui à notre sens a besoin de temps mais revendiquons un véritable dialogue social constructif dont le Sgen-CFDT appelle de ses voeux en proposant des avancées à plusieurs niveaux :

- Le Sgen-CFDT préconise une plus grande confiance envers les acteurs du terrain dans l’intérêt des élèves. Il appartient au rectorat et aux services de la ville d’impulser cette posture pour mieux rassembler les enseignants et les agents de la Ville de Paris (animateurs, ASEM, ATE, gardien-nes, personnels administratifs), notamment en mettant en place des lieux et des temps de concertation.

- Le Sgen-CFDT revendique la mise en place en place d’une journée banalisée entre collègues, afin d’avoir du temps pour la mise en place « la pratique » de l’ARE.

- Le Sgen-CFDT demande au rectorat une véritable réflexion pour faciliter les rapports entre Directeurs d’école et Responsables périscolaires par une reconnaissance de leur fonction à travers une présence au Conseil d’école et une participation au conseil de Maîtres. Ces partenaires éducatifs sont des alliés si nous n’en faisons pas des concurrents par calcul corporatiste.

- Le Sgen-CFDT demande la rédaction et l’application d’un Plan Éducatif Territorial qui rassemble l’ensemble des acteurs intervenant dans le domaine de l’éducation. La loi ne contraint pas à ce projet, mais le PEDT oblige à une concertation à l’engagement des différents partenaires.

- Le Sgen-CFDT souhaite également que le comité de suivi soit composé des représentants des syndicats enseignants ; des représentants des syndicats des personnels territoriaux ; des représentants des syndicats des animateurs ; des représentants des fédérations de parents d’élèves ; des représentants de la municipalité ; et des représentants de l’administration.

Pour conclure, le Sgen- CFDT de Paris entend que le comité de suivi mis en place ce jour, tiennent compte notamment des constats énoncés plus haut et ceux des autres représentants , dans l’esprit et la lettre de mission des comités du 18 avril 2013, pour aller vers du « qualitatif », non seulement pour la mise en place de l’ARE, mais surtout et d’abord au profit des personnels : enseignants, animateurs, personnels des collectivités locales, personnels des associations , parents et nous ajouterons dans l’intérêt des spécificités des élèves.

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