PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

« La question de la sécurisation des parcours professionnels est loin d’être neutre: elle est fortement connotée en fonction de celui qui la porte », déclare Alain Olive, secrétaire général de l’UNSA, en clôture du colloque « Sécuriser les parcours professionnels », organisé par l’UNSA, hier mardi 23 janvier 2007.
Sur cette question, « il faut négocier », dit-il, mais « sur ces sujets extrêmement complexes qui font appel au contrat de travail, à la mutualisation, faut-il négocier avec le patronat seul » ou également avec l’Etat?. De plus, Alain Olive s’interroge sur les stratégies syndicales:
« Sont-elles bonnes? Séparées peuvent-elles représenter un rapport de force conséquent? »

Le Conseil national de l’UNSA qui se réunit aujourd’hui et demain, les 24 et 25 janvier 2007, va adopter un ensemble de propositions qui seront ensuite soumises aux candidats à l’élection présidentielle. « La question de la sécurisation des parcours est au centre de nos débats », indique Alain Olive. Le Conseil national de l’UNSA a déjà adopté à l’unanimité, en septembre 2006, une motion sur la sécurisation des parcours visant à organiser un « véritable droit à la sécurité et à la progression professionnelles » fondé sur l’orientation et la formation en alternance des jeunes, la création d’un droit différé à la formation et l’instauration d’un « droit universel à la formation attaché aux individus », le développement de la GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences), la continuité des droits sociaux (« Le CDI doit rester la référence », selon l’UNSA qui ne veut pas « lâcher la proie pour l’ombre »), et la mise en place d’un service public de l’emploi « rénové et unifié » (L’AEF du 29/09/2006, 69203

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UNE NOTION AMBIGUË

Au cours des débats axés sur l’anticipation des besoins de compétences et le maintien de l’employabilité, Jacques Freyssinet, président du conseil scientifique du CEE (Centre d’études pour l’emploi), souligne « l’ambiguïté de la notion » de sécurisation des parcours. « Nous sommes entrés dans un champ nouveau de négociation, avec des enjeux nouveaux.

Cela ne peut s’opérer que par tâtonnements et il faut accepter l’existence de tensions », dit-il. De fait, comme l’attestent les travaux actuellement menés sur cette question par diverses instances (COE / Conseil d’orientation pour l’emploi, CES / Conseil économique et social, CAS / Conseil d’analyse stratégique, groupe de travail paritaire dans le cadre de la « délibération sociale », CNFPTLV / Conseil national de la formation tout au long de la vie professionnelle), la sécurisation des
parcours peut être abordée sous des angles différents bien que liés: le contrat de travail, la formation tout au long de la vie, la progression professionnelle, la sécurisation en référence au chômage, etc.

« Spontanément quand on évoque la sécurisation des parcours, on se demande comment mettre à profit les périodes de chômage pour suivre des formations. Mais, la sécurisation des parcours se pose aussi dans l’entreprise », remarque Vincent Merle, professeur au CNAM (Conservatoire
national des arts et métiers). Les deux se rejoignent d’ailleurs: « La durée du chômage résulte souvent de l’entretien ou non des connaissances en cours de carrière. » On ne peut parler de sécurisation des parcours que « si l’on retrouve le chemin de la progression professionnelle dans l’entreprise », affirme Vincent Merle.

METTRE L’ACCENT SUR L’ORIENTATION ET L’ACCOMPAGNEMENT

Plusieurs instruments permettent d’aller dans le sens de la sécurisation des parcours, en premier lieu, « l’orientation et l’accompagnement », souligne Jean-François Germe, également professeur au CNAM. Cet accompagnement doit s’effectuer dans l’entreprise et en dehors mais,
dans les deux cas, on ne peut que déplorer « un déficit important » de cette fonction, remarque Vincent Merle. Les partenaires sociaux, dans leur accord national interprofessionnel du 5 décembre 2003 sur la formation des salariés, ont créé l’entretien professionnel. Toutefois,
« dans les faits, cette fonction a beaucoup de mal à s’installer. Il n’y a pas un corps de professionnels suffisamment costauds pour accompagner les salariés. » La mise en œuvre des nouveaux outils de formation « suppose que l’individu soit acteur de son parcours, mais cela suppose
aussi qu’il soit accompagné ».

À l’extérieur de l’entreprise, cet accompagnement n’est pas non plus à la hauteur, selon Vincent Merle: les conseillers de l’ANPE n’ont ainsi « plus le temps ni peut-être les compétences nécessaires pour accueillir des personnes en poste à la recherche d’un conseil en matière d’orientation professionnelle ». « Les guichets [d’information] ne manquent pas, c’est le professionnalisme qui fait défaut », en particulier une connaissance suffisante du marché du travail et de l’entreprise. Il suggère de réfléchir « de façon urgente à une offre de formation qui apporterait des réponses à la fois en termes d’orientation, de formation tout au long de la vie et de VAE (validation des acquis de l’expérience). Aujourd’hui, notre offre n’est pas construite pour cela. Il faut laisser les partenaires sociaux et les régions débattre de cette question pour que se mette en place, dans la durée, un appareil de formation avec des délégations de service public. »

PRéCARITé, ACCIDENTS DE PARCOURS

« Quand on évoque la sécurisation des parcours, on pense spontanément à d’autres notions comme celles de ‘précarité’ ou ‘d’accidents de parcours’ « , remarque Jean-Claude Tricoche, secrétaire national de l’UNSA. Pour l’éviter, « il faut faire en sorte que l’entrée dans la vie active ne commence pas par l’insécurité ». Les jeunes doivent
« maîtriser les savoirs fondamentaux » et être accompagnés dans l’emploi. En cours de carrière, « il faut faire en sorte que les salariés puissent développer des parcours
professionnels ». La sécurisation des parcours est dans ce cas associée à la notion de progression professionnelle.

La formation constitue l’un des leviers de cette mobilité mais « le dispositif actuel est encore largement incompréhensible pour les salariés », observe Jean-Claude Tricoche. « Il faut continuer à le réformer », en créant en particulier une vraie transférabilité du DIF
(droit individuel à la formation) pour tous les salariés, quel que soit leur secteur d’activité. « Beaucoup de dispositifs sont ignorés des salariés, et donc inaccessibles », remarque le secrétaire national de
l’UNSA qui suggère que « le rôle des OPCA ne se limite pas à gérer l’argent de la formation mais qu’ils puissent informer et accompagner les salariés dans leurs parcours, dans l’entreprise et en dehors ».

LE RÔLE DE LA GPEC

De son côté, Jean-Marie Bergère, directeur de l’association
« Développement & Emploi » remarque que « la GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) ne permet pas seulement aux entreprises de préparer en douceur des réductions d’effectifs. Elle offre aussi aux
salariés la possibilité d’avoir une certaine visibilité du marché du travail interne et externe en mettant à leur disposition certains moyens comme les bilans de compétences ou l’entretien professionnel. » Pour Jean-Marie Bergère, ce bilan doit être clairement distingué de l’entretien d’évaluation. « Il doit s’agir d’un véritable entretien
d’orientation. »

Pour garantir la sécurisation des parcours professionnels, les entreprises disposent également d’actions liées au développement de l’emploi sur leur territoire. Il existe ainsi « 220 plates-formes d’initiatives locales et 21 bassins ‘Alizé’ (Actions locales interentreprises en zones d’emploi) », précise Jean-Marie Bergère.
« Alizé » est un dispositif d’entreprises créé en 1997 à l’initiative de « Développement & Emploi », avec l’appui de la DATAR, dans le cadre d’un appel à projets du FSE (Fonds social européen, PIC / Programme d’initiative communautaire ADAPT). Sur un territoire géographiquement déterminé, il vise à rassembler autour d’un même objectif opérationnel
les grandes entreprises, le service public de l’emploi, les
collectivités territoriales et d’autres acteurs locaux qui acceptent de mettre en commun des moyens humains et financiers afin de soutenir les projets de développement d’activité des PME/PMI, pour favoriser la création ou le maintien d’emplois.

DéVELOPPER LE DIALOGUE DANS LES TERRITOIRES

Ces initiatives sont autant d’opportunités pour que se développe sur les territoires un vrai dialogue social, souligne Jean-Marie Bergère. Ce chantier doit en effet « être ouvert de toute urgence », remarque Marcel
Grignard, secrétaire national de la CFDT. À condition que le syndicalisme se renforce au niveau local, observe Jean-Claude Tricoche.

Cette logique de mutualisation des moyens sur les territoires et de partage entre les acteurs a présidé à la création de la Conférence des financeurs de la formation par la région Poitou-Charentes dans le cadre du schéma régional des formations (L’AEF du 15/12/2006, 72742

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observe Sylvie Petitjean, directrice de l’éducation et de la formation au Conseil régional de Poitou-Charentes. « Nous avons proposé à l’ensemble des financeurs de la formation et notamment aux 100 OPCA de s’asseoir autour de la table pour réfléchir à toutes les zones de ‘non
droit’ qui ne permettent pas d’assurer une continuité des parcours. »
Seulement 13 OPCA ont répondu présent pour l’instant, « et pas les plus grands ». « Certains ont très peur de ce que l’on va proposer, qui pourrait remettre en cause leurs logiques de branche alors que ce n’est pas notre objectif », remarque Sylvie Petitjean.

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