PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Editorial 

La visée du premier numéro de La Lettre de Prisme 2017
Mettre à la disposition de tous les ressources d’associations françaises et européennes

 

A l’aube de cette nouvelle année 2017 La Lettre de Prisme prend un nouveau départ !

Après une année 2016 de transition marquée par la disparition de son président Jean Roucou, auquel ce numéro rend hommage, l’élection d’un nouveau bureau et le redémarrage des activités, Prisme reprend son rythme de croisière.

Une nouvelle mouture de la Lettre a été retravaillée sous la houlette vigilante et exigeante de Danielle Zay dont l’engagement sans compter doit être salué. L’université d’été qui se tiendra à Toulouse du 10 au 12 juillet sera un temps fort dans notre activité à un moment où il importera que les militants d’une éducation ouverte et partagée trouvent les ressorts pour conforter les pratiques innovantes sur le terrain et promouvoir les valeurs d’humanisme et d’émancipation. Nous y poursuivrons notamment la réflexion engagée lors de notre dernière rencontre le 1er octobre sur la relation entre l’apprenance, cette conviction qu’il ne peut y avoir d’apprentissage que porté par l’individu agissant, jeune ou moins jeune, les territoires dans lequel peuvent se co-contruire les politiques concrètes et les alliances qui donnent consistance à la notion de communauté éducative.

Par ailleurs, des actions de formation, d’accompagnement et d’études mobilisent nombre de nos membres, renforçant nos relations avec des partenaires aussi divers que la Fédération générale des PEP, que nous remercions pour son soutien sans faille, la fédération des foyers ruraux ou le commissariat général à l’égalité des chances.

Bref, une feuille de route copieuse, dans une période qui sera marquée par d’intenses débats au niveau national dans lequel notre association, très soucieuse de préserver son caractère fédérateur et non partisan, ne manquera pas d’intervenir à son niveau pour faire valoir ses positions.

Cette association, cette lettre sont aussi les vôtres. N’hésitez pas à venir nous rejoindre pour échanger, contribuer et participer nombreux à nos différentes initiatives. Excellente année 2017 à tous !

Etienne Butzbach, Président de PRISME

 

Après la mort de son président et « refondateur »[1], Jean Roucou, les activités de Prisme (Promotion des initiatives sociales en milieux éducatifs) reprennent: formations, interventions, séminaires, Université d’été, et, La Lettre de Prisme. Ses successeurs savent que c’était son vœu et que c’est à travers la poursuite de son œuvre qu’il continuera à vivre en même temps qu’elle.

 Les textes d’hommage spontanément adressés à sa famille et aux membres de son association témoignent de la diversité des milieux qu’il touchait et de l’esprit dans lequel il agissait: transversalité, partenariat, inclusion de tous, à tous les niveaux, politiques, ministres et élus des collectivités territoriales et des municipalités, corps d’inspection de l’Education nationale, chercheurs, militants éducatifs et associatifs, membres issus de milieux défavorisés ou aisés en même temps que ceux qui n’avaient pas encore pris leur envol[2].  Tous trouvaient dans les réunions de Prisme, un lieu de communication, de diffusion de leurs actions ou d’incitation à y participer. Ainsi pouvons-nous encore remplir la mission de Prisme, le partenariat entre tous ceux qui veulent changer la société et son école, à quelque place qu’ils se trouvent, en irriguant leurs différents milieux d’appartenance.

Ce premier numéro de La Lettre de Prisme se situe dans cet esprit. Nous ne retransmettons pas les textes officiels et directives diverses dont d’autres se chargent. Nous donnons la parole à ceux qui agissent sur le terrain par l’action, la pensée et l’écrit, pour faire remonter l’information à tous ceux qui ont envie de savoir comment des textes visant à réformer tel ou tel secteur, en particulier l’éducation, peuvent donner lieu à des réinvestissements sur le terrain réussis ou ratés… car nous pensons que de nos échecs d’autres peuvent peut-être tirer plus de leçons que de nos succès. Dans ce domaine, tous les auteurs qui écrivent ici, individus et collectifs sont en première ligne, des clubs de prévention de la délinquance dans des quartiers déshérités aux grandes écoles et aux associations européennes.

Nous avons essayé, sans y réussir vraiment, d’articuler les rubriques de cette Lettre avec celles du site, remis en état de fonctionnement par Damien Roucou, le fils de celui grâce à qui Prisme est devenu « l’association réseau » dans laquelle nous nous retrouvons. Damien a participé à l’élaboration de ce numéro avec les anciens amis de son père, membres du Bureau, compagnons de route et fondateurs, et, avec d’autres récemment arrivés, qui ont pris le risque de se lancer dans une équipe sans frontières.

Et sans frontières est pris dans tous les sens, géographique autant que sociologique ou mental. De nos dirigeants à nos compatriotes, on reste confiné en France dans un esprit « national », au point qu’un homme politique, à qui, avant un scandale, l’on donnait le plus de chances d’être élu à la présidence, veut revenir à l’écriture d’une histoire « nationale », sans même se rendre compte que c’est en contradiction avec la politique néo-libérale qu’il préconise : transférer ce qui relève du secteur public au secteur privé qui est en lien avec les puissances financières d’une économie mondialisée!

L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a mis en place le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) pour évaluer comparativement les résultats scolaires des pays membres. En Allemagne, classée derrière la France à l’époque de la première enquête, en 2000, cela a alerté tout le monde, la population, les medias, le gouvernement. Les défauts exposés ont été mis à profit pour mieux former les enseignants à prendre en compte ce que sont les élèves, afin de les aider à développer leurs capacités à apprendre. En France, les spécialistes ont critiqué les méthodes d’enquête, et, tant la population que les responsables politiques ont continué à rêver aux vieilles lunes d’une école qui n’a jamais existé, de telle sorte qu’on est maintenant devenu  le champion du poids des inégalités sociales sur le destin des jeunes.

Le problème n’est pas qu’on a moins de bons élèves que d’autres, on est un peu au-dessus de la moyenne (21% contre 19% pour l’ensemble des pays de l’OCDE), mais que nos résultats nationaux chutent parce qu’on en a beaucoup plus qui échouent. Notre système scolaire exclut massivement ceux qui n’ont pas eu la chance de naître dans une famille qui a hérité de la culture scolaire traditionnelle.

 Derniers chiffres pour la France, disponibles dans l’édition PISA 2015 publiés par l’OCDE[3], et cités par Le Monde du 7 décembre 2016: « Près de 40% des élèves issus d’un milieu défavorisé sont en difficulté, selon l’évaluation. Et seulement 2% d’entre eux peuvent prétendre au titre de premier de la classe. A l’inverse, seuls 5% des élèves d’un milieu favorisé sont classés parmi les plus faibles. Le système est encore plus discriminant pour les jeunes issus de l’immigration. »[4]

Parmi les associations présentes dans cette Lettre de Prisme et qui tentent d’aider à former des citoyens éclairés capables de construire une société démocratique du vivre ensemble, nous donnons la parole à l’Association européenne d’éducation (AEDE France), section française de l’Association européenne des enseignants, qui nous offre, gratuitement, des démarches, des méthodes, des outils, expérimentés dans différents pays. Le cadre commun de référence du dernier projet de cette association se situe dans celui de la Direction générale Education et Culture de la Commission européenne: « Programme pour l’éducation et la formation tout au long de la vie ».

Certains élèves ont moins de connaissances que d’autres à leur arrivée à l’école, mais tous ont des capacités dans un domaine ou dans un autre et, dans une société mouvante de progrès technologique accéléré, où on a peu de chances de faire sa carrière dans une même entreprise, voire un même secteur, mieux vaut développer ses capacités à apprendre que des connaissances vite devenues hors d’usage.

C’est cela l’œuvre utile des associations, complémentaire de l’enseignement des connaissances: offrir  à chacun un éventail de possibilités d’investissement, découvrir une activité qu’on n’avait pas eu l’occasion d’approcher, se livrer à des tentatives risquées sans sanction humiliante, procéder à des essais et à des erreurs, dans un milieu valorisant. Ainsi apprend-on à vivre, à travailler et à évoluer et changer ensemble, parce qu’on se développe en tant qu’être humain pour devenir un « citoyen éclairé », conscient de ses droits et de ses devoirs.

Ainsi, entre autres, l’association CERISE (Centre d’Echanges, de Recherches et d’Initiatives Sociales et Educatives), dans le cadre de la campagne nationale Mille et un territoires se mobilisent avec les parents pour la réussite de tous les enfants, offre des exemples  particulièrement forts de ce type d’éducation, et, les exercices de « Musculation citoyenne » du collectif Pouvoir d’agir pourraient en aider bien d’autres que les heureux participants qui en ont profité.

Pour le sociologue Roger Sue (2002), c’est l’association qui crée du lien social, sans celui-ci le contrat reste une coquille vide.[5] L’analyse du don qui suscite le contre don (Marcel Mauss), amène le philosophe Alain Guyard  à voir s’élaborer la liaison sociale dans cette réciprocité de l’échange. « Au-delà des appareils politiques et syndicaux traditionnels », un « processus de réappropriation de la parole publique est en cours. « Dans ce pays, il y a trois cent soixante mille associations loi 1901. Les gens vont de moins en moins voter, mais se retrouvent de plus en plus pour expérimenter du neuf. »[6]

Nous espérons mettre en synergie les efforts de tous pour que les sites élaborés par ces regroupements d’individus qui refusent de baisser les bras, chacun de leur côté, puissent bénéficier et faire bénéficier de leurs découvertes et trouvailles diverses ceux qui les consultent  à partir de n’importe lequel d’entre eux.

Nous ne faisons état que des propositions que nous avons reçues tant dans les descriptifs d’action, que dans les avis de parution ou les publications d’extraits. Beaucoup d’autres manquent encore, mais nous ne demandons qu’à leur faire une place dans les prochains numéros.

C’est le premier numéro de La Lettre de Prisme nouvelle formule, encore imparfait, mais les suivants, avec de nouveaux participants que nous appelons maintenant à la rescousse, le seront sans doute aussi.

Restons-en, avec un peu d’humour, à la conclusion de la fameuse comédie de Billie Wilder, Certains l’aiment chaud: le vieux célibataire à la fois riche et incasable, embarque sans le vouloir dans son bateau deux des héros paumés (Tony Curtis et Marylin Monroe tout de même!), en plus de la fiancée qu’il souhaite présenter à sa mère avant de l’épouser. Quand « celle-ci » s’exclame « Mais je suis un homme! » (Jack Lemmon), il lui répond « Personne n’est parfait ». « Nobody is perfect »…

Vous trouverez ci-après les textes de ceux qui ont participé à l’aventure, sous forme d’un intitulé résumant le thème brièvement, qui donne accès aux détails grâce à un clic.

D’abord, comme dans l’ancienne Lettre et ce qui est prévu pour les numéros suivants: un dossier. Il est constitué par les textes d’hommage à Jean Roucou, puis de deux  articles d’anciens de Prisme. L’un de Jean-Louis Piednoir, Inspecteur général honoraire et Délégué national du  parti socialiste à l’éducation 1981-1984, rappelle comment, à cette époque de changement ouverte en 1981, lui et d’autres militants ont fondé l’association. L’autre de Jean-Claude Guérin, Inspecteur général honoraire, retrace l’histoire de Prisme et les perspectives d’avenir que ce collectif a tracées.

Ensuite viennent les nouvelles actualisant ces visées dans les associations, les membres et partenaires de Prisme qui se rencontrent à ses réunions, des « avis de parution », le « mot pour le dire » du mois, des « Bonnes feuilles », inédites ou déjà publiées, reproduites avec l’autorisation de l’éditeur.

 

Danielle Zay

Membre de Prisme, coordinatrice du numéro 1 de La Lettre de Prisme 2017

Professeure honoraire de Sciences de l’éducation, Université Charles de Gaulle Lille 3

Directrice de la collection trilingue (anglais, français, espagnol)

 Education Inclusive et Partenariats

Deep University Press, Blue Mounds, Wisconsin, USA

http://www.deepuniversitypress.org/

danielle.zay@numericable.fr

[1] Cf. Jean-Louis Piednoir. La préhistoire de Prisme, dans le dossier d’Hommage à Jean Roucou. Dès l’origine, Prisme a été la création collective d’un groupe de militants.

[2]La forme masculine des termes utilisés désigne tout aussi bien les hommes que les femmes. L’usage conventionnel d’une seule forme a été adopté dans le seul but d’alléger le texte et de faciliter ainsi sa lecture.

[3] http://www.oecd.org

[4] Battaglia, M. et Collas, A. PISA: Les élèves français dans la moyenne. L’édition 2015 publiée par l’OCDE, révèle à nouveau un système éducatif profondément inégalitaire. Le Monde du 7 décembre 2016, p. 14. L’éditorial du numéro titrait: La France, hermétique au « choc PISA », p. 25.

[5] Cf. Sue, R. (2002).  L’émergence du lien d’association. Connexions, 77/2002-1, pp. 55-59.

[6] Alain Guyard. Propos recueillis par Juliette Cerf. Télérama 3485, 26/12/2016, p. 8

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